Si on devenait détective à la seule force de ses talents de fouille sur les réseaux sociaux, vous seriez déjà la nouvelle Sherlock Holmes. Les personnes que vous préférez stalker? Vos ennemis jurés (ou imaginaires), dont vous épiez le moindre mouvement en ligne. Mais pourquoi cette obsession, alors que ça ne vous fait fondamentalement aucun bien?
C’est le passage obligé de chaque soirée entre copines: après la mise à jour sur tout ce qui s’est passé récemment dans la vie de votre petite bande récemment, vous enchainez sur ce qui passe dans la vie de ceux et celles qui ne sont pas là. Unetelle fait sa fraîche parce qu’elle a perdu 500 grammes, d’ailleurs, ce serait pas parce que son mec l’a larguée qu’elle a perdu du poids? Et en parlant d’ex, au fait, celui de Louise aurait retrouvé une meuf, alors même que c’est le plus gros boulet de la galaxie. Marrant, que vous soyez toutes au courant, parce qu’Unetelle est universellement haïe par votre gang de filles, et pour ce qui est de l’ex boulet, déjà quand Louise sortait avec, personne ne lui parlait alors... Sauf qu’il n’y a plus besoin de parler aux gens ni même de les connaître pour pouvoir être informé des moindres détails de leur vie: on dit merci aux réseaux sociaux pour l’accès privilégié. Et quoi de plus addictif que de stalker les gens? Sauf que si de base, le principe n’est pas excellent pour la santé mentale (à trop se comparer aux autres, on en vient à déprimer sur sa propre vie), mais alors quand il s’agit de personnes que vous ne pouvez pas encadrer, on touche carrément au masochisme. Pourquoi c’est si bon de se faire du mal en épiant des gens qu’on n’apprécie pas?
Reprendre le pouvoir
Premièrement, tout serait une question de pouvoir. En effet, en épiant les posts et stories des gens, on s’immisce dans leur vie sans devoir leur rendre de comptes en retour. Rien n’empêche bien sûr que la personne réciproque, sauf si vous avez un compte privé, mais en attendant, vous bénéficiez du frisson d’obtenir des infos (parfois même plutôt croustillantes) sans devoir rien faire d’autre que scroller en ligne. En outre, dans le cas de relations inachevées, votre ex qui vous a quittée brutalement sans prévenir, par exemple, le stalking en ligne se substitue à une véritable relation sociale et permet de maintenir le lien de manière détournée. Ok, peut-être que ce mec ne fait plus partie de votre vie, mais vous connaissez encore tous les détails de la sienne (jusqu’à la couleur de la nouvelle chemise qu’il a achetée et postée en story).
Concrètement, le stalking en ligne vous offre un chemin direct entre l’information dont vous disposez et celle que vous souhaitez obtenir, et le procédé peut vite devenir addictif. Vous étiez allée sur l’Insta de cette bouffonne perdue de vue juste pour voir ce qu’elle devenait, et oups, trois mois plus tard, vous allez mater ses stories tous les jours. Vous réalisez bien au fond de vous que ça ne vous fait pas du bien au mental, et que vous accordez une attention obsessionnelle à quelqu’un que vous avez volontairement effacé de votre vie, mais tout de même, impossible de vous en empêcher. Et pourtant, vous devriez. Ainsi que l’explique la coach de vie Julia Bekker, si vous voulez vraiment guérir psychologiquement d’une relation qui vous a fait du mal, vous devez bannir cette personne de votre vie, et de votre vie 2.0 aussi.
En stalkant les gens en ligne, vous ne vous accordez pas l’espace mental nécessaire pour vraiment prendre vos distances. Si vous voulez vraiment avancer, vous devez vous convaincre que ce que ces personnes n’ont aucune importance, parce qu’eux-même n’ont aucune importance pour vous.
D’autant que vous n’avez aucun contrôle sur les posts d’un autre, or il y a de fortes chances que voir que votre ennemie jurée a perdu 5 kilos ou que votre ex a retrouvé une copine et que ses jambes font deux fois la longueur des vôtres, ne vous mette pas d’excellente humeur. La bonne nouvelle, c’est que vous ne contrôlez pas ce qu’ils postent, mais par contre, vous avez la mainmise sur les posts que vous voyiez. Or, en vous mettant des oeillères virtuelles, vous pourriez bien vous libérer pour de bon de ces personnes que vous n’appréciez même pas, et qui ne méritent donc pas une minute de votre temps.
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