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Arrêter la clope - Getty Images / Montage Flair
Arrêter la clope - Getty Images / Montage Flair

Le déclic qui m’a enfin permis d’arrêter la clope pour de bon

Kathleen Wuyard

Bien que n’ayant jamais été une grosse fumeuse, la clope a plané sur ma santé comme un nuage noir (c’est le cas de le dire) pendant bien trop longtemps. Jusqu’à ce qu’enfin, une petite phrase au détour d’un article m’aide à m’en défaire.

Juste une phrase, vraiment, si simple que ça? Oui, mais non: avant ça, il y avait eu nombre de tentatives soldées par des échecs, d’autant plus frustrants que certains étaient advenus après avoir arrêté de cloper pendant plus d’un an. J’avais tenté la méthode “tout arrêter du jour au lendemain”, le décompte des jours (“youpie, deux mois et demi sans clope”), le téléchargement de l’une ou l’autre application au taux de succès attirant, rien n’y faisait. Je n’avais pas fait appel aux lumières paternelles (il est tabacologue), mais c’est juste parce que même à trente ans passés, on peut toujours rechigner à parler de sa consommation de nicotine à l’autorité parentale. À part cet oubli volontaire de ma part, donc, j’avais tout essayé.

Je m’en voulais d’autant plus que sur papier, j’étais loin d’être une “grosse fumeuse” et je me martelais que j’aurais dû y arriver: la clope du matin au réveil, fort peu pour moi, d’ailleurs fumer en journée était extrêmement rare, c’était plutôt en soirée après quelques verres ou bien en cas de gros coup de stress ou de frustration.

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Une question d’habitude

L’ironie étant que plus le temps passait, moins ces clopes qui étaient envisagées sur le moment comme une source de plaisir avec un verre ou d’apaisement en cas de pétage de plombs ne remplissaient plus du tout leur rôle, au contraire. Dans le cas des clopes de soirées, chaque bouffée était entrecoupée d’un “ohlala, je ne devrais pas, c’est terrible cette manie”, sans oublier les réveils avec une barre pas possible et un goût de cendrier dans la bouche, tandis qu’en ce qui concerne les “clopes de déstress”, passée la première taffe, dont je me persuadais qu’elle me permettait de souffler un bon coup (ici aussi, l’ironie ne m’échappe pas), l’angoisse de ne pas arriver à me libérer de la prison de la nicotine s’ajoutait au pic de tension qui m’avait poussée à me racheter un paquet. Echec.

Jusqu’à ce fameux article, donc, qui de mémoire, ne parlait même pas de la cigarette mais bien du chemin périlleux de son auteure pour se défaire de ses compulsions alimentaires. En l’occurrence, après avoir elle-même mis plusieurs approches à l’épreuve et fait des recherches sur la transformation des habitudes, elle avançait que ce n’est pas tant sur la durée qu’il faut se concentrer (dont acte, qui ne connaît pas quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a arrêté de fumer pendant quinze ans avant de recommencer?) que sur la répétition. En l’occurrence, selon elle, ou plutôt selon les données scientifiques qu’elle avait compilé, il fallait la remplacer au moins cinquante fois par une autre avant de se débarrasser d’une mauvaise habitude.

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Getty images

Dont acte: armée de cette nouvelle approche, j’ai décidé non pas de compter les semaines, mois etc mais bien de me concentrer sur les situations durant lesquelles l’appel de la nicotine se faisait ressentir, et de lutter consciemment contre la petite voix qui me disait “allez, juste une, tu en as besoin/ça te fera du bien”. L’avantage étant que cette approche est une forme de pleine conscience et encourage l’air de ne pas y toucher à faire un travail sur les raisons qui poussent à s’adonner à la mauvaise habitude en question, quelle qu’elle soit. Et si, clairement, la première soirée/journée pourrie/dispute/... sans pouvoir sneaker une petite tige à cancer à été une lutte gagnée de justesse entre compulsion et volonté, assez rapidement, le besoin viscéral qui pouvait se faire ressentir autrefois s’est calmé.

Tant et si bien qu’il y a deux jours, en soirée, alors même que je n’ai pas bu que de l’eau, à aucun moment l’envie de combiner verre dans la main gauche et clope dans la main droite ne s’est faite sentir. Et ce alors même que lors de tentatives précédentes, même après de longs mois sans tabac, l’épreuve de la soirée alcoolisée restait une tentation de chaque instant. Ici (et c’est important de souligner que c’est rapporté sans sentiment de supériorité, avec la conscience que la cigarette reste une addiction contre laquelle il faut continuer à lutter malheureusement ad vitam) j’avais juste une forme de réalisation qu’avant, oui, j’en aurais probablement eu envie, mais que cette habitude ne faisait plus partie de mes réflexes.

Surtout, en approchant la problématique sous l’angle de “c’est une habitude (presque) comme une autre, je peux m’en défaire”, je me suis libérée du poids de la culpabilité (“m’enfin, pourquoi je n’y arrive pas”) et de la honte (“c’est cher et ça me tue”) et je pense que ces facteurs ont aussi été déterminants dans le processus d’arrêt. Enfin, peut-être: la bonne nouvelle, c’est que maintenant, je pourrais enfin parler de tout ça posément à mon papa. En espérant qu’il ne me fasse pas payer la consultation...

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