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© Getty Images/iStockphoto

Comment apprendre à se foutre du regard des autres?

Éviter d’être authentique par crainte du jugement des autres ne devrait jamais être une option. Cependant, il peut parfois être bénéfique de comprendre véritablement ce que les gens pensent de vous. On vous explique comment devenir conscient·e de l’opinion d’autrui et devenir indifférent·e si tel est votre désir!

Comprendre l’opinion des autres et s’inquiéter de ce que les autres pensent de vous sont deux choses distinctes. J’espère que c’est aussi clair que de l’eau de roche! Chez Flair, nous ne soutiendrons jamais l’idée qu’il faut se plier en quatre pour entrer dans une case idéale: celle du ­conformisme.

Nous sommes tou·te·s uniques et ­formidables à notre ­manière, et comme le dit Oscar Wilde: “Soyez vous-même, les autres sont déjà pris!” Mais on pourrait se ­demander s’il n’est pas nécessaire de s’en préoccuper et de s’y adapter. Quel est l’intérêt de savoir comment les autres vous perçoivent? Pour répondre à cette question, il faut ­remonter aux origines. Littéralement.

Du point de vue de l’évolution, l’impression que nous faisons aux autres a toujours revêtu une grande importance. Pour nos ancêtres, cela pouvait même être une question de vie ou de mort que de pouvoir évaluer l’intelligence, la force, la sociabilité ou la gentillesse d’un passant occasionnel à l’intérieur de leur grotte. Le fait qu’aujourd’hui vous n’ayez plus à craindre un coup de massue sur la tête ne change rien au fait que cette manière déterminante de juger est toujours ancrée dans notre système, et qu’elle ­continue d’avoir un ­impact sur votre vie. C’est comme un automatisme qui vous aide à décider plus globalement avec qui vous souhaitez interagir ou non, collaborer, avec qui vous voulez être ami·e, avec qui vous voulez communiquer ou établir des liens. Cela s’applique à vous, mais aussi aux ­personnes qui vous entourent.

La conscience de soi

La plupart des gens ont une idée ­générale de qui ils sont. Introverti·e ou extraverti·e, penseur·euse ou sensible, prudent·e ou intrépide, être sociable ou loup solitaire... Cette conscience de notre identité intérieure est ce que nous appelons la conscience de soi. Une compréhension approfondie de soi-même contribue à rester fidèle à soi-même dans la vie, et c’est en général l’une des clés du bonheur. Cette conscience interne de soi offre généralement une représentation fidèle de votre personne. Par conséquent, vous avez tendance à supposer que le reste du monde vous perçoit de la même manière. C’est ce que l’on appelle la conscience externe, ou la façon dont vous pensez que les autres vous voient.

Cependant, étant donné que votre propre image est souvent légèrement biaisée, cette perception externe peut diverger de ce que les gens pensent réellement de vous. De plus, ils n’ont pas accès à votre esprit et ne perçoivent qu’une version limitée de ce que vous savez de vous-même et de vos sentiments à ce sujet. De surcroît, la perception est toujours teintée de projection, et personne ne vous observera exactement de la même manière qu’une autre ­personne. Le fait que votre conscience externe ne concorde pas totalement avec la façon dont les gens vous perçoivent réellement pose problème, tout ­simplement parce qu’en tant qu’être humain, vous ­n’appréciez pas que les autres ne vous voient pas tel·le que vous êtes intérieurement. Ce décalage peut être à l’origine de ­divers problèmes tels que l’insécurité, une image déformée de soi, des difficultés ­relationnelles, une communication défaillante, des conflits avec des proches, des malentendus au travail… En accordant de l’importance à ce que les autres pensent de vous, vous le faites non seulement pour le plaisir des autres, mais aussi pour votre propre bien-être. Plus votre conscience interne de vous-même correspondra à la façon dont les autres vous perçoivent, plus vous vous sentirez capable d’être ­authentique. Vous aurez la certitude que les messages importants à vos yeux sont ­correctement compris, et vous ­pourrez vous entourer de ­personnes qui correspondent à votre véritable nature. Vous serez ainsi ­apprécié·e pour la personne formidable que vous êtes au fond de vous-même. C’est génial, n’est-ce pas?

L’art de s’en foutre

Certains livres de développement personnel ou hashtags populaires (#Zerofucksgiven, #dontcare) préconisent de rester indifférent·e et imperméable au regard des autres. Mais ne jamais se soucier de rien ni de personne n’est pas le meilleur chemin vers une existence plus heureuse. Car si vous vous foutez de tout et de tout le monde dans votre vie, celle-ci risque de se dénuer de sens. C’est pourquoi nous préférons suggérer quelques exceptions à l’indifférence.D’accord, se préoccuper sans cesse de tout et de tou·te·s est absolument inutile (et franchement épuisant ­aussi), il est donc essentiel d’éviter de tomber dans cet écueil. Cependant, il existe tout un monde entre ne se soucier de rien du tout et se soucier excessivement de tout. C’est ­pourquoi on vous propose l’exercice suivant: prenez un carnet et un stylo, puis réfléchissez à la question ­suivante: quels sont les aspects ­desquels vous vous fichez et ceux qui vous importent? Vous comprendrez mieux avec un exemple concret :

  • Je porte une nouvelle tenue qui me fait me sentir bien et qui correspond parfaitement à mon style, choisi en fonction de mes ressentis. Dans la cuisine, mon partenaire me regarde d’un air dubitatif et me dit: « Hmm, je n’aime pas ce pantalon. »

Ma réaction: PAS DE PROBLÈME! Parce que si je me sens fantastique dans ce ­pantalon, je devrais le porter et me moquer de l’opinion des autres. S’inquiéter serait une perte d’énergie inutile et ne ­changera rien à ce qui compte vraiment pour moi: maintenir une connexion émotionnelle avec mon amour et trouver mutuellement une appréciation au-delà de la norme.

  • D’autre part, au cours d’une ­discussion, mon partenaire me dit: « Le fait que tu hausses le ton me met mal à l’aise. J’ai l’impression que je ne peux pas être ouvert et honnête avec toi, et que nous ne pouvons pas ­parvenir à une solution constructive de cette manière. »

Ma réaction est clairement: JE M’EN SOUCIE! Tout d’abord, élever la voix et adopter une attitude agressive ne correspond pas à ma conscience interne, à mes ­valeurs, à mes normes ni à la ­personne que je suis et que je veux être au plus profond de moi-même. Il est donc désagréable de réaliser que je peux être perçue ainsi. De plus, je ne veux pas négliger les sentiments de mon partenaire, car je l’aime et souhaite trouver une solution constructive pour nous 2. Ainsi, je pense qu’il est justifié de réduire mon niveau de désintérêt face à cette ­préoccupation.

Demandez à 5 personnes de votre entourage de vous décrire.Leurs réponses seront étonnamment divergentes.

Bien sûr, c’est à vous de décider quelles sont les choses pour lesquelles vous souhaitez puiser dans votre réserve de « je m’en fous » et celles qui méritent votre attention. Ce que vous considérez comme important peut différer de ce que je considère comme tel, car vous et moi ne sommes pas la même personne à l’intérieur. Il est donc crucial d’ajuster vos « je m’en fous » en fonction de votre conscience interne au fil du temps, afin de ne pas gaspiller ­inutilement temps et énergie à vous préoccuper d’opinions qui n’ont pas vraiment d’importance pour vous. Cela vous permettra également d’avoir plus de ressources disponibles pour améliorer la perception que les autres ont de qui vous êtes vraiment ou de ce que vous aspirez à être pour celles et ceux qui vous entourent.

Perception = projection

On dirait un plan infaillible, n’est-ce pas? Eh bien, désolée, ce n’est pas tout à fait le cas. Oui, en alignant vos « je m’en fous » sur qui vous êtes ­vraiment et sur qui vous souhaitez être pour celles et ceux qui vous ­entourent, vous ressentirez une ­amélioration significative dans divers aspects de votre vie. Vous gagnerez en confiance en vous, améliorerez votre communication, vous ­entourerez de personnes avec ­lesquelles vous êtes en harmonie, ­collaborerez plus efficacement, ­obtiendrez plus fréquemment les résultats souhaités, et ­gérerez mieux votre énergie. Malheureusement, ce que vous ne pourrez jamais ­changer, c’est l’autre. Peu ­importe vos efforts pour ­aligner votre comportement sur votre véritable être, la perception des autres sera en partie influencée par leur propre nature et leur vision du monde, indépendamment de vos actions ou paroles. En d’autres termes, la perception est une ­projection. Vous constaterez cela en vous adonnant à mon deuxième exercice et, avant cela, en demandant à 5 personnes de votre entourage comment elles vous décriraient, qui vous êtes réellement selon elles. Vous serez étonné·e de voir à quel point leurs opinions sur vous peuvent être divergentes. Cela s’explique par les différentes relations que vous ­entretenez, mais aussi par la diversité des individus qui vous entourent. Chaque personne réagit à des ­aspects différents, ce qui influe sur sa perception de vous. Il y a peu de choses que vous puissiez faire pour changer cela, mais en prendre conscience peut être utile. Par exemple, si vous vous efforcez d’être authentique et qu’une amie continue de mal vous comprendre, réfléchissez à ce qui pourrait influencer sa ­perception. Peut-être que votre amie lutte avec des insécurités profondes, et par conséquent, votre confiance en vous lui semble menaçante ou ­arrogante, même si il n’y a rien de mal à s’aimer soi-même. Plutôt que de vous diminuer pour elle, essayez ­plutôt de l’aider à développer sa propre confiance en elle, si vous ­estimez que cela en vaut la peine.

Bien se faire comprendre

En résumé, si vous souhaitez présenter la meilleure (ou plutôt, la bonne) version de vous-même et que le reste du monde vous perçoit comme vous vous connaissez, la clé est de vous assurer, autant que possible, que vos pensées, vos sentiments et votre comportement sont alignés. En agissant ainsi, vous éviterez d’être mal compris·e par les autres et connaîtrez plus de succès dans vos interactions à la maison, au travail, avec vos ami·e·s, avec votre partenaire, avec le monde qui vous entoure. Lorsque vous ­pouvez être authentique, les bonnes personnes vous apprécieront pour ce que vous êtes. Vous pourrez alors non seulement enrichir le monde avec la personne extraordinaire que vous êtes, mais aussi devenir plus fier·ère de ce moi extraordinaire que vous connaissez depuis longtemps.

Qui suis-je?

Aligner pensées, sentiments, ­comportements et moi profond peut sembler plus facile à dire qu’à faire. Voici comment vous aidez à démarrer. La première étape consiste à ­découvrir l’ampleur exacte de l’écart entre votre conscience externe et la perception réelle des autres. En d’autres termes, il est crucial de savoir ce que les gens autour de vous pensent réellement de vous. Avant de vous engager dans le travail ­d’alignement entre votre conscience interne, votre conscience externe et la perception des personnes qui vous entourent, il est essentiel de connaître le point de départ et de comprendre l’écart que vous devez combler.

Lorsque vous êtes authentique, les bonnes personnes vous apprécieront pour ce que vous êtes

Pour ce faire, vous pouvez utiliser des ­astuces très fastidieuses et ­manipulatrices, comme le fait de ne pas donner de nouvelles pendant un certain temps pour voir si vous ­manquez à l’autre personne. Ou en utilisant des astuces TikTok pseudo-scientifiques, comme placer le pot de sel et de poivre entre vous et l’autre personne pour voir si elle le déplace à nouveau (ce qui signifierait qu’elle vous aime bien…). Mais vous pouvez aussi opter d’emblée pour la méthode la plus mature et, surtout, la plus ­efficace: demander un feed-back ­ouvert et constructif à vos proches. Voici comment procéder:

1. Instaurez la confiance

Se tourner vers la première personne de votre entourage avec laquelle vous discutez occasionnellement et lui demander: « Que penses-tu vraiment de moi? » ne produira pas de ­résultats significatifs. Cette personne vous connaît-elle vraiment bien? De plus, pour obtenir un feed-back ouvert et sincère, il est essentiel d’instaurer un lien de confiance. Il serait plus ­judicieux de poser cette question à des personnes en qui vous avez confiance et avec qui vous communiquez facilement. Cela favorisera un échange constructif et approfondi.

2. Formulez votre question

Même avec les personnes que vous connaissez bien et avec lesquelles vous vous sentez lié·e, il peut être assez délicat de se montrer honnête et ouvert·e. C’est pourquoi il est ­crucial d’expliquer le contexte de cette conversation. Dites-leur que vous êtes en train de travailler sur vous et qu’une partie essentielle de ce processus consiste à mieux vous accepter, à vous connaître davantage et à vous apprécier. Cette explication établit un cadre compréhensif, ­encourageant une communication plus ouverte et honnête.

3. Dites clairement que vous voulez un feed-back franc

Faites comprendre aux personnes que vous considérez leur honnêteté comme un service précieux. Utilisez des phrases telles que « Il serait très utile pour moi que tu sois honnête », « L’honnêteté est très importante à mes yeux ». Expliquez-leur que vous accordez une grande importance à l’exploration de votre propre connaissance de soi, et que leur transparence peut jouer un rôle crucial dans ce ­processus. En les encourageant à être honnêtes, vous créez un environnement propice à des échanges sincères et constructifs.

4. Focalisez-vous sur l’avenir

Si vous demandez un feed-back sur certains traits de caractère, orientez la conversation vers l’avenir. Par exemple, ne demandez pas de revenir sur un événement passé, mais ­demandez plutôt comment vous pouvez faire mieux à l’avenir. Lorsque vous demandez aux gens ce que vous pouvez faire pour être une meilleure version de vous-même, ils ont ­tendance à être plus francs.

5. Posez des questions ­spécifiques

Beaucoup de gens ont du mal à ­exprimer honnêtement leurs ­pensées, que ce soit par crainte de blesser ou parce qu’ils ont appris à éviter les confrontations. Ne vous contentez pas de demander leur avis une seule fois, mais donnez à votre entourage de multiples occasions de dire la vérité. Cela renforce l’idée que vous êtes réellement intéressé·e par des feed-back sincères. Vous pouvez également orienter vos questions vers des situations spécifiques, par exemple: « Si nous devions travailler ensemble, comment le vivrais-tu? » ou « Je pense qu’il est important d’être empathique dans la vie, à quels moments ai-je fait preuve d’assez d’empathie et à quels moments n’en ai-je pas fait preuve? » Cela permet d’encourager des réponses plus précises et approfondies.

Ce n’est pas parce que quelqu’un dit que vous lui semblez parfois égoïste que vous l’êtes.

6. Posez aussi des questions sur les aspects positifs

Demander un feed-back honnête sur soi-même n’est pas une mince affaire. Il faut beaucoup de courage et d’audace pour le faire, car personne ne trouve facile de se confronter aux aspects moins agréables de sa personne. C’est pourquoi il est bon d’opposer à ce feed-back des choses agréables à entendre. Ne vous contentez pas de poser des questions sur les aspects négatifs, mais ­interrogez aussi activement vos interlocuteur·rice·s sur vos qualités. Par exemple: « Quelles sont, selon toi, mes 3 plus grandes qualités? », ­« Pourquoi m’apprécies-tu en tant qu’amie, fille, chérie, collègue?» ou « En quoi trouves-tu que j’excelle? »

7. Écoutez sans juger

Essayez de ne pas porter de ­jugement sur les réactions que vous recevez, qu’elles soient positives ou négatives. Considérez-les simplement comme des informations que vous pouvez utiliser à votre discrétion, mais qui ne définissent pas nécessairement votre être intérieur. Rappelez-vous que ce que vous êtes et la manière dont les gens vous ­perçoivent ne correspondent pas ­toujours. Ce n’est pas parce que quelqu’un affirme que vous semblez parfois égoïste, que vous l’êtes (et même si c’était le cas, cela ne justifie pas une diminution de l’estime de soi). Après tout, vous êtes la personne qui connaît le mieux la réalité de votre être. Considérez cet exercice comme une opportunité de comprendre comment vous vous présentez et vous pouvez modifier cela si vous ­estimez que cela en vaut la peine.

8. Exprimez de la gratitude

Remerciez toujours ces personnes pour leur honnêteté et faites-leur ­savoir que vous appréciez leurs observations et opinions. Si les gens voient que vous êtes réellement ­intéressé·e à entendre la vérité et que vous réagissez positivement aux commentaires, ils seront plus enclins à être honnêtes avec vous à l’avenir. Bien que ce ne soit pas toujours la voie la plus facile, cela vous apportera plus de bonheur et de tranquillité d’esprit à long terme. Vous n’aurez plus à vous préoccuper excessivement de ce que pensent les autres, car vous saurez discerner ce qui compte vraiment pour vous. Encore une fois, ce que les autres pensent de vous n’est pas équivalent à ce que vous êtes. Ne laissez jamais quelqu’un vous influencer pour vous changer simplement pour gagner plus d’approbation. Cherchez des feed-backs uniquement si vous estimez que c’est important pour votre développement personnel.

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