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On sait enfin pourquoi on arrête la pilule entre deux plaquettes et la raison n’a rien de médical

Il y a soixante ans, une révolution venait bouleverser la vie sexuelle des femmes, leur offrant la possibilité de contrôler leur fertilité : la pilule contraceptive. Depuis, son utilisation n’a pas changé et il est clairement noté sur une majorité des notices qu’afin de bloquer l’ovulation, une prise quotidienne est nécessaire durant 21 jours, suivie d’un arrêt de 7 jours. Mais à quoi sert réellement cette pause?


Des vacances prévues, un rendez-vous amoureux qui tombe pile au mauvais moment, ou simplement par tranquillité, nous avons déjà toutes enchaîné plusieurs plaquettes de pilules. Pourtant, il n’est pas rare de se faire sermonner par les copines ou par le gynéco’, qui nous recommandent de ne pas abuser de cette pratique. Mais, stopper la pilule durant cette période ne fait pourtant que reproduire artificiellement le cycle naturel et ne donne pas lieu à de vraies règles. Cette pause est-elle dès lors vraiment nécessaire?

Une origine religieuse ?


Le quotidien anglais “The Telegraph” relayait récemment les propos du Professeur John Guillebaud, spécialiste de la contraception à l’Université College London, expliquant l’origine de cette pratique. Il affirme qu’au commencement, la pilule a été pensée pour être prise sans interruption. Mais, c’est à la fin des années 50 que le gynécologue nord-américain John Rock a instauré l’arrêt de 7 jours entre deux plaquettes de 21 jours afin d’imiter le cycle menstruel. Cette pratique s’est alors révélée totalement inutile, n’apportant aucun bénéfice au corps. Mais le gynécologue pensait qu’en se rapprochant le plus de l’état naturel, il rendrait la méthode contraceptive acceptable pour les catholiques et convaincrait ainsi le Pape de l’époque de soutenir son emploi. Cette tentative fut sans surprise, un échec. Ces propos sont cependant nuancés par le Professeur Philippe Simon, gynécologue à la clinique Universitaire ULB Erasme de Bruxelles. Effectivement, dans les années 60, le format 21/7 était préféré pour deux raisons. Premièrement, à l’époque la pilule contraceptive était plus fortement dosée. De ce fait, moins les femmes prenaient d’hormones, mieux c’était pour leur santé. Mais cette technique a aussi été adopté pour des raisons marketing. En effet, les industriels avaient peur de ne pas vendre la pilule si elle supprimait totalement les règles, signent à l’époque de fertilité.

Une pause inutile


Aujourd’hui pourtant, la pause mensuelle continue d’être respectée. Cependant, la Faculté de santé sexuelle et reproductive Britannique confirme que “Il n’y a aucun bénéfice pour la santé à stopper la prise de pilule contraceptive pendant sept jours. Les femmes peuvent arrêter la prise moins souvent – ou ne pas l’arrêter du tout – afin d’éviter des saignements mensuels, des crampes ou d’autres symptômes“. Le Professeur Philippe Simon ajoute que s’il est encore noté sur toutes les notices d’utilisation qu’il faut respecter le schéma de prise 21/7, c’est pour des raisons légales. En effet, celles-ci doivent correspondre aux analyses qui ont été faites sur le médicament et ne peuvent pas être modifiées du jour au lendemain. Il ajoute, qu’il n’est donc pas plus dangereux de prendre la pilule en continu que de l’arrêter mensuellement 7 jours puisque dans les deux cas, les risques sont les mêmes. C’est-à-dire, ceux qui sont directement liés à l’ingestion du comprimé lui-même.

Et si on laissait les femmes décider ?


Alors, si cette pause, qui se révèle tout à fait inutile, n’apporte aucun avantage sur la santé, pourquoi continuer d’imposer aux femmes les symptômes qu’elle engendre sans même leur demander leur avis? En effet, la baisse d’hormones survenant mensuellement dans le corps, déclenche des saignements artificiels, des crampes ou encore des changements d’humeur. Dès lors, est-ce vraiment nécessaire de continuer à soumettre le corps des femmes à cette pression sans même leur en expliquer les raisons, non médicales, censées la justifier? Et de ne pas leur laisser le choix de décider de ce qui leur semble être bon ou non pour leur propre corps ? Le Professeur Simon ajoute cependant que depuis une quinzaine d’année, la tendance change petit à petit et que de plus en plus de femmes optent pour la prise de pilule en continue. De plus, de plus en plus de pilules micro-dosées à prendre durant 24 jours et à arrêter durant 4 jours font leurs apparitions sur le marché.

Reste à espérer qu’autant d’énergie sera déployée pour avertir les femmes de toutes les options s’offrant à elles aujourd’hui, que celle utilisée à l’époque pour les convaincre de stopper leur contraceptif durant sept jours.

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