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TÉMOIGNAGE: ““J’ai fait un burn-out à 29 ans””

Justine Rossius
Vous êtes paralysée à l’heure de partir au travail. Le dimanche soir, vous êtes malade rien qu’à penser au lundi matin. Le burn-out est de plus en plus fréquent chez les jeunes et il ne faut pas en avoir honte! Hayat, 29 ans, a su le surmonter.

“Il y a six ans, j’ai décroché mon diplôme d’Ingénieur commercial et j’ai débuté ma carrière dans une grande multinationale IT, en tant que gestionnaire de comptes. C’était un monde masculin et très rude. Quand j’ai pu changer de poste deux ans plus tard dans la même entreprise, j’ai été ravie! C’était un travail beaucoup plus intéressant, mais aussi beaucoup plus exigeant. Je m’y suis jetée à corps perdu et me suis laissée complètement submerger.

Quand on me téléphonait à sept heures du soir, j’étais toujours disponible. Ils avaient besoin de quelque chose pour le lendemain matin? Je leur disais: ‘Vous l’aurez!’

Je ne voulais surtout décevoir personne et j’avais un grand besoin de reconnaissance.

Prisonnière de ma propre toile d’araignée

Ma vie privée a été engloutie par mon travail et je me suis mise à changer, sans m’en rendre compte. Quelque chose se développait lentement en moi et ça a commencé par de petites choses.

J’annulais à la dernière minute des rendez-vous entre copines. Je reportais de plus en plus souvent mes séances de sport au lendemain. Je considérais qu’il était tout à fait normal de travailler de 7 h à 23 h.

Et en dehors de mes heures de travail, je m’engageais dans d’autres activités au sein même de la société. Je me levais avec mon travail et j’allais dormir avec lui. Même en vacances, au bord de la piscine, je vérifiais constamment mes mails du boulot. C’était comme si j’étais prisonnière d’une toile d’araignée que j’avais tissée moi-même.

Palpitations et hauts-le-cœur

Après trois ans, j’ai commencé à payer la pression que je m’étais moi-même infligée durant tout ce temps. Je me réveillais la nuit en nage et avec des palpitations, à cause de mes angoisses. Le matin, je pleurais à la table du petit-déjeuner et j’avais des hauts-le-cœur au moment de partir travailler. De la fille pleine de joie de vivre que j’avais toujours été jusque-là, il ne restait à peu près rien.

J’ai encore des frissons quand je repense à ce jour fatidique. Ce matin-là, j’avais une réunion importante.

Je suis arrivée bien à temps au bureau, je me suis garée dans le parking souterrain puis… impossible de sortir de ma voiture et de monter à l’étage. J’étais complètement paralysée derrière mon volant.

Je suis rentrée chez moi. Le soir, je suis allée voir mon médecin et je lui ai demandé de me donner quatre jours de congé maladie. Mais il m’a prescrit un repos obligatoire d’un mois et m’a dit que je faisais un burn-out. C’était comme si une bombe m’avait touchée. Je ne pouvais pas laisser tomber mes clients aussi longtemps! J’éprouvais un horrible sentiment de culpabilité.

J’ai ouvert les yeux

J’ai immédiatement entamé une thérapie avec un psychologue. Je me suis rendue compte que mon éducation était en grande partie responsable de la façon dont je m’étais comportée dans mon travail. Je suis d’origine marocaine et je viens d’une famille de huit enfants. Nous sommes nés et avons été élevés en Belgique, mais cela n’a pas toujours été facile pour nous. J’ai dû me battre pour pouvoir réaliser tout ce que j’ai fait jusqu’ici. Je ne voulais pas décevoir mes parents et plus que tout, je cherchais leur reconnaissance. C’est exactement ce que j’ai fait via mon travail.

Apprendre des ses erreurs

J’ai évité tout contact avec mes collègues et mes supérieurs pendant ma convalescence. Et petit à petit, je me suis rétablie. Au bout de six semaines, j’ai recommencé à travailler. Le premier jour, j’ai dû rassembler mon courage à deux mains pour revenir au bureau. Certains collègues ont préféré prendre de la distance avec moi.

Plus question de travailler quinze heures par jour. Je travaille encore en soirée, une fois par semaine. Les autres soirs, je les consacre au sport ou à mes amies.

D’un côté, ce burn-out a aussi été une chance. Ces dernières années, j’avais souvent pointé mon employeur du doigt. Maintenant, je me rends compte que c’était moi, la principale responsable. Désormais, je reste sur mes gardes, afin de ne pas retomber dans mes vieux travers. J’exerce toujours mon travail de façon aussi consciencieuse mais maintenant, je suis consciente que c’est un job, et plus toute ma vie.”

Interviews: Jill De Bont. Adaptation: Julie Rouffiange.

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