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TÉMOIGNAGE: sans diplôme, Maya est devenue entrepreneuse et est plus épanouie que jamais

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Vers 15 ans, Maya a quitté l’école. Sans diplôme, elle a suivi un chemin différent de ses camarades, et est aujourd’hui à la tête d’un projet qui lui tient particulièrement à cœur.

La vie est faite d’imprévus, de surprises. Même si l’on voit loin, que l’on imagine notre avenir tout tracé, il se peut que le chemin que nous avions emprunté finisse par bifurquer de manière inattendue. Parfois pour le pire, mais aussi, heureusement, pour le meilleur. C’est le cas de ces personnes que nous avons rencontrées. La semaine dernière, nous vous racontions l’histoire de Jennifer, une jeune femme qui avait toujours voulu travailler dans l’informatique. On l’en a dissuadé, elle a suivi des études éloignées de son rêve, mais aujourd’hui, elle occupe le poste de consultante informatique dans une boîte spécialisée dans l’IT.

Lire aussi : Malgré qu’on ait essayé de l’en dissuader, Jennifer fait désormais le métier de ses rêves

Aujourd’hui, rencontre avec Maya, 30 ans. Elle n’a pas eu une enfance facile. Elle a grandi sans père et sa mère était violente, alcoolique et toxicomane. Entre ses 14 et 18, elle est elle-même tombée dans la drogue avant de s’en sortir. À l’image de sa vie familiale, son parcours scolaire a été semé d’embûches. Elle n’avait pas de difficultés particulières dans les cours, en revanche, elle peinait à s’intégrer.

Décrochage scolaire

“Ma mère décidait si ma sœur et moi devions ou non aller à l’école. Il arrivait que l’on manque pas mal de jours de cours”, se souvient la trentenaire. “Comme je n’étais pas souvent présente, j’avais du mal à tisser des liens avec les autres, et je n’arrivais pas non plus à comprendre mes camarades.” Maya décroche alors et quitte l’école en quatrième année. Elle n’obtiendra jamais son CESS.

À 16 ans, alors que sa sœur cadette est placée en foyer, Maya demande à être émancipée et quitte le foyer familial. Le juge de l’aide à la jeunesse la place dans un centre de mise en autonomie. “Il s’y passait des choses que je ne trouvais pas correctes, comme des relations entre éducateurs et élèves. Je ne comprenais pas ce monde, pas plus que celui de l’école. Pour moi, rien n’avait de sens, et je ne voulais pas rester dans un environnement problématique, alors que j’avais quitté le domicile familial, justement, pour avoir une meilleure vie”, explique la jeune femme. C’est pourquoi Maya décide de fuguer.

De plus en plus de responsabilités

C’est alors qu’elle commence plusieurs petits jobs, notamment comme “dame pipi” ou serveuse dans une sandwicherie. Le tout, en noir. Ce n’est que vers ses 19 ans que Maya décroche son premier travail légal au sein d’un H&M. “C’est une recruteuse qui m’a repérée alors que je m’inscrivais dans une agence d’intérim. Elle aimait bien mon look et m’a proposé de postuler dans son magasin”, nous raconte la trentenaire. “J’ai commencé au stock, puis on m’a donné de plus en plus de responsabilités. J’étais notamment chargée de la formation des nouveaux intérimaires.” Mais une fois encore, Maya ne trouve pas sa place.

Il y avait beaucoup de non-sens, et certains s’en sont pris à moi.

Au bout de deux ans, elle démissionne et postule dans une épicerie bio, plus proche de ses valeurs et de sa personnalité. Elle enchaîne rapidement avec un emploi dans une boutique de lingerie. “C’était l’opportunité de ma vie”, commente-t-elle. “J’ai commencé avec un mi-temps, mais la gérante n’arrivait pas à s’occuper du magasin, j’ai donc naturellement pris les choses en main. Après quelques mois, on m’a offert la possibilité de devenir manager de mon propre magasin à Bruxelles.” Maya a occupé ce poste durant deux ans.

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Voyage initiatique

À force de se donner à fond pour son travail, la jeune femme finit par faire un burn-out. “Je pense que ça a commencé avec H&M, mais je ne m’en suis rendu compte que récemment”, explique Maya. Par la suite, elle travaille dans un autre magasin de prêt-à-porter. Au bout de quelques mois, le Covid arrive. On lui propose d’évoluer, mais elle refuse, préférant utiliser son énergie pour sa vie de famille et pour la formation en accompagnement et en personal training qu’elle était en train de suivre. Une formation qu’elle n’a pas achevée. “J’en ai appris plus dans des livres que sur les bancs”, estime-t-elle.

En 2021, Maya rencontre son compagnon, avec qui elle décide de partir un an en Amérique latine. Elle a toujours été portée par le bien-être et la spiritualité, car cela a toujours été pour elle un moyen de se protéger. Et c’est un peu ce qu’elle recherche à travers ce périple. “Je ne voulais pas finir comme ma maman”, nous confie Maya. “Pour moi, l’appel de la santé par le bien-être et le sport est une chose à laquelle une personne peut s’accrocher pour s’en sortir.”

Lors de son voyage, elle suit une formation en yoga. À son retour, en mai 2022, elle décide de se lancer en tant qu’entrepreneuse et ouvre son propre espace bien-être. Elle y fait du coaching sportif avec approche holistique et nutrition. “Ce sont des choses que j’ai apprises au cours de mon développement personnel, grâce aux erreurs que j’ai pu faire dans ma vie”, indique la personal trainer.

Plus heureuse que jamais

Aujourd’hui, elle est à la tête de son propre centre, Lokahi, à Bruxelles, qu’elle gère avec son compagnon. Ils y dispensent des cours de yoga, donnent des conseils de nutrition et sont notamment épaulés par une massothérapeute et une naturopathe.

Cette année, c’est la première fois que je me suis dit que j’étais heureuse. Le bonheur est relatif, évidemment, mais je n’ai jamais été aussi bien entourée. Le centre fonctionne bien, je fais totalement confiance à un homme pour la première fois de ma vie.

, assure Maya. “J’ai vu énormément d’hommes passer dans la vie de ma mère, je n’avais pas confiance en eux, alors tendre la main à mon compagnon comme je le fais aujourd’hui est exceptionnel. Comme quoi, une relation saine peut permettre de sortir la tête de l’eau.” Le seul problème que rencontre encore la prof de yoga, et qui la ramène toujours un peu vers son passé, c’est sa sœur toxicomane, qu’elle aimerait aider à sortir du vortex dans lequel l’aspirent les drogues.

La victoire de Maya sur la vie est triple. Elle a réussi à quitter un cadre familial compliqué, ce qui n’était pas forcément gagné, elle a rencontré l’homme qui partage aujourd’hui sa vie et ses ambitions, et elle a réussi professionnellement en devenant entrepreneuse dans un projet porteur de sens pour elle, alors qu’elle n’a ni diplôme ni certificat de formation.

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