Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© ©Anna Tkachenko - Getty

Quels sont les différents troubles de l’estime de soi et comment les reconnaître?

Manon de Meersman

L’estime de soi, c’est cette valeur que l’on se porte à soi-même. Ce regard, cette évaluation, ce jugement que l’on se fait de notre propre personne. Jouant un rôle essentiel dans nos vies, elle nous permet d’accéder une sphère incroyable de nos capacités en matière de développement personnel. Cependant, lorsqu’elle n’est que peu élevée, ou au contraire, bien trop haute, elle peut se traduire par des troubles. Dès lors, comment les reconnaître?


“L’estime de soi renvoie à l’opinion générale que nous avons de nous-mêmes, à la façon dont nous nous jugeons ou évaluons, et à la valeur que nous nous accordons en tant que personne, explique Mélanie Fennell, psychologue clinicienne à l’Université d’Oxford. De très nombreuses personnes souffrent d’une faible estime de soi, ce qui est à l’origine de grandes difficultés dans leur vie quotidienne.” Pour le magazine “Sciences Humaines“, le journaliste scientifique Marc Olano a tenté de décrypter ce que sont les différents troubles de l’estime de soi, mais également comment il est possible de les reconnaître et de les soigner ensuite. “Les troubles de l’estime de soi apparaissent en général suite à des expériences négatives, souvent répétées, pendant l’enfance, l’adolescence et/ou la vie d’adulte. Elles fragilisent l’estime de soi et peuvent conduire à des complications”, explique-t-il.

 

Le rôle du “sur-moi” dans l’estime de soi

Ces mauvaises expériences peuvent venir de nos parents ou de notre entourage au sens plus large, mais également de notre “moi”. En effet, ce dernier désigne cette construction élaborée sur base de différents modèles, embrassant une série de personnes rencontrées depuis notre naissance, du père à la mère, en passant par l’instituteur ou l’institutrice, le héros ou l’héroïne de notre série favorite ou encore cette amie ou cet ami que l’on possède depuis des années; soit des protagonistes de notre vie participant à la construction de notre personnalité. Selon le magazine Psychologies, ce “moi” n’est pas le seul ennemi à notre symbiose intérieure. En effet, le “surmoi” constitue également une force physique cherchant toujours à soutirer davantage de notre personne. “Plus il est sévère, plus il nous entraîne vers l’inhibition”, souligne le magazine. Une sorte de “surmoi” aux traits tyranniques, qui nous embarque dans une spirale infernale, faisant office de voile se déposant devant nos yeux pour apprécier qui nous sommes réellement.

C’est pourquoi avec tout ça, se voir tel que nous sommes, avec un regard objectif, s’avère être une tâche complexe, pour ne pas dire impossible. En quête d’une estime de soi valorisante, nous peinons parfois à regarder la réalité et à percevoir ce que nous faisons de bien, à différents niveaux, jusqu’à tomber dans la dévalorisation lors d’un effort d’introspection. De cette difficulté à jauger correctement l’estime de soi naît divers troubles, épinglés par Marc Olano.

La dépression

“Une faible estime de soi implique en général une image très dévalorisée de sa personne, des difficultés à se projeter dans l’avenir et un manque d’entrain. Ces caractéristiques participent à la fois à la survenue d’une dépression, tout comme à son maintien”, explique le spécialiste. Fatigue, manque d’énergie, impact sur le sommeil et l’appétit... La dépression donne un sentiment de vide intérieur et d’absence de valeur.

Pour Christophe André, psychothérapeute, auteur de l’ouvrage “L’estime de soi”, “il existe aussi un trouble de l’humeur qui s’appelle la dysthymie. C’est une forme de dépression plus ou moins atténuée, confie-t-il au magazine Psychologies. Ceux qui en souffrent sont souvent tristes, pessimistes, s’autodévalorisent sans pour autant présenter de véritables accès dépressifs. Dans les critères officiels de diagnostic de la dysthymie figure le manque d’estime de soi.”

La trouble bipolaire

“Forme particulière de la dépression, le trouble bipolaire se caractérise par des périodes d’envol de l’estime de soi qui alternent avec d’autres où elle est à son plus bas niveau”, explique Marc Olano. Selon Sophie Lauer, psychologue clinicienne et psychothérapeute, “chez les patients souffrant de troubles bipolaires, l’estime de soi fluctue massivement en fonction des épisodes, avec souvent la persistance d’un niveau bas en phase euthymique (ndlr: lorsque l’humeur est normale)”, détaille-t-elle au magazine Santé Mentale.

L’anxiété

L’anxiété se retrouve souvent comme la traduction d’une difficulté avec son estime de soi. “D’une part, une basse estime de soi conduit à craindre un certain nombre de situations pouvant pouvant se produire et ne fait donc que renforcer l’anxiété, explique Marc Olano. D’autre part, l’évitement des défis, l’hésitation, la difficulté à faire valoir ses besoins, la sévérité avec soi-même, la culpabilité, caractéristiques courantes chez les anxieux, ne leur permettent pas de développer un sentiment d’efficacité et une bonne opinion d’elles-mêmes. Elles se sentent incapables, inefficaces, pas à la hauteur de ce qu’on leur demande”.

Lire aussi: “Les troubles anxieux, ou quand l’anxiété imprègne les facettes du quotidien”

Les addictions

Fragilisée, l’estime de soi peut pousser à se réconforter dans une addiction, qui va pourtant se mettre à l’altérer davantage en alimentant ses sombres racines. “Le sentiment d’être sans valeur, sans espoir, sans avenir peut précipiter la personne à trouver refuge dans des produits aux effets réconfortants, explique Marc Olano. Pour certains, la consommation d’alcool, avec ses effets euphorisants et désinhibants, permet d’échapper aux idées noires et à l’inertie que provoque la faible estime de soi”. Pour Fabrice Clivaz, psychothérapeute, les conduites addictives représentent, en effet, une tentative pour échapper et se protéger d’une estime de soi défaillante. “Elles permettent pour un temps seulement de le faire. Elles péjorent et dégradent l’image de soi, diminuent les forces et les compétences et isolent”.

Les traumatismes

Pour Marc Olano, “les victimes d’agression, de harcèlement, de violences sexuelles souffrent très fréquemment d’un sentiment de honte et de culpabilité. Comme si ce qui leur arrive était de leur faute. Leur estime de soi en prend un coup. Alors que ces personnes souffrent déjà d’une estime de soi basse au départ, le traitement dégradant dont elles sont victimes renforce la piètre image qu’elles ont d’elles-mêmes, détaille-t-il. La honte et la culpabilité sont d’autant plus fortes lorsqu’il s’agit de traumas répétés. On parle alors de traumas complexes. Le sentiment d’impuissance devant la répétition, la notion d’incontrôlabilité des évènements auront pour conséquence de fragiliser encore davantage la confiance en soi et en les autres”. Le risque dans ces cas-là? S’isoler, se renfermer sur soi et ne plus se sentir à l’aise pour s’ouvrir et faire part de ses maux et ressentis.

 

Comment pallier aux troubles nés d’une problématique liée à l’estime de soi?

Si un médicament permettant de rétablir l’estime de soi et, de facto, pallier aux troubles nés de la problématique liée à cette dernière existait, cela se saurait. Aucun remède miracle à cet effet n’a vu le jour, malheureusement. En revanche, ce qui peut aider, c’est sans nul doute un travail thérapeutique en compagnie d’un professionnel de la santé mentale. “C’est une des clés pour surmonter l’ensemble des troubles cités ci-dessus, explique Marc Olano. En effet, l’objectif d’une thérapie est d’amener la personne à prendre de la distance face à une vision de soi négative. Se regarder sous un jour nouveau en acceptant ses défauts et en valorisant ses qualités. Les deux approches principalement utilisées aujourd’hui sont les thérapies analytiques et les thérapies cognitives et comportementales (TCC)”.

Selon le magazine Psychologies, cette première méthode, soit la thérapie analytique, “permet d’apporter une aide focalisée sur certains conflits”. En effet, elle se base “sur l’interprétation verbale proposée par le patient, elle vise à l’explicitation des conduites et des affects avec pour but, la disparition des conflits. Le psychothérapeute abandonne sa neutralité pour se substituer à une image parentale bienveillante et structurante. La cure se termine quand le patient a acquis une meilleure maîtrise de lui-même.

De manière plus générale, le champs analytique peut apporter des réponses, et ouvrir des perspectives nouvelles en cas de souffrance intérieure, de sensations d’enfermement, et de mal-être diffus. Sans être une solution à toutes les difficultés, la thérapie d’inspiration analytique permet de progresser dans l’exploration de sa psyché et la connaissance de soi.”

La deuxième méthode, soit la thérapie cognitive et comportementale (TCC), propose quant à elle de venir en aide au patient à travers une manière nouvelle d’aborder ses schémas d’auto-dévalorisation. “Les techniques aboutiront à une restructuration cognitive qui permet au patient de contester son jugement systématiquement pessimiste et défavorable envers lui-même”, détaille Nicolas Neveux, psychiatre à Paris. “Les TCC sont davantage pragmatiques et ancrées dans le présent, ajoute Marc Olano. Elles ciblent le changement des croyances, des attitudes et opinions sur soi (et les autres) en travaillant à part d’exercices pratiques”.

Un travail à réaliser au quotidien

En plus d’une thérapie impliquant un véritable travail de fond permettant d’approcher petit à petit un équilibre de l’estime de soi, il convient également d’appliquer “quelques règles de vie simples, utilisables par tous”, explique Marc Olano. En effet, celles-ci permettront d'”entretenir l’estime de soi et éviter un effondrement en cas de coups durs”, notamment avoir conscience de ses capacités et ses limites, oser agir et expérimenter de nouvelles choses ou encore être bienveillant et indulgent envers soi-même.

On pousse même le travail un poil plus loin en placardant ses murs de quotes inspirantes, capables de nous pousser vers le haut et apaiser notre coeur, en attendant que ce dernier ne fusionne avec le paroxysme de l’estime de soi grâce à la combinaison d’un travail thérapeutique et d’exercices quotidiens répétés.

 

Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, n’hésitez pas à prendre contact avec un professionnel de la santé pour vous accompagner dans un travail veillant à rétablir votre estime de soi. 

Crédits photo: Anna Tkachenka via Getty Images

Lire aussi: 

 

 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires