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© Pro-Choice activists during a protest outside the Archbishop's Palace in Krakow, the seat of Krakow metropolitan Curia. University students, women's rights activists and their supporters staged another anti-government protest in Krakow on the twelfth day of the ongoing protest, opposing the pandemic reticence of expressing anger at the Supreme Court ruling that tightened the already stringent abortion laws. On Monday, November 2, 2020, in Krakow, Poland. (Photo by Artur Widak/NurPhoto via Getty Images)

Face à la mobilisation des femmes, la Pologne reconsidère sa loi anti-IVG

Kathleen Wuyard

Le 22 octobre dernier, le tribunal constitutionnel de Pologne se prononçait en faveur d’une limitation drastique de l’avortement, les seuls cas de figure acceptés pour une IVG étant un viol ou un risque grave pour la mère. Une décision de justice que les Polonaises contestent sans relâche depuis, des milliers de femmes étant descendues dans la rue. Aujourd’hui, leurs voix semblent avoir été entendues.


La décision a fait l’effet d’une bombe dans le pays et sa déflagration a été ressentie à travers toute l’Europe. Alors que le droit à l’avortement a été acquis au prix d’années de lutte par les femmes, Varsovie s’apprêtait à interdire l’IVG sur base de malformations graves du foetus ou de maladie incurable menaçant sa vie, au motif qu’il s’agissait-là d’une contravention à l’article 2 de la Constitution, qui prévoit que tout le monde a le droit à la protection de sa vie. Sauf que les femmes, elles aussi, ont le droit à disposer de leur corps, droit qu’elles ont été des milliers à faire valoir dans les rues polonaises depuis la décision controversée du tribunal constitutionnel. En vain?

L’IVG menacée


Au contraire: ainsi que l’a décrypté Shaun Walker, correspondant en Europe de l’est pour le “Guardian”, non seulement la décision n’a pas encore été publiée, ce qui veut dire qu’elle n’est pas entrée en vigueur, mais en prime tout ce brouhaha ne serait qu’une manoeuvre politique de la part du parti de droite Droit et Justice (PiS). Face à la mobilisation engrangée, une proposition de loi du président Duda a été déposée au Parlement, stipulant que l’avortement serait à nouveau légal en cas de malformation ayant causé la mort du foetus in utero, ou étant susceptible de la causer dès l’accouchement. Une adaptation qui ne contente ni les militantes ni la gauche polonaise, qui a déposé sa propre proposition de loi, dépénalisant l’avortement, sans toutefois avoir l’espoir de bénéficier d’une majorité suffisante pour que celle-ci passe.

À l’heure actuelle, sur les 27 pays de l’Union européenne, 23 ont légalisé ou dépénalisé l’avortement, auquel les femmes ont techniquement le droit de recourir sans devoir fournir de justification. Chypre et l’Irlande ont été parmi les derniers pays à adopter cette position, l’avortement n’y ayant été légalisé qu’en mars 2018 et janvier 2019 respectivement. De son côté, la Pologne n’a eu de cesse de durcir ses positions ces dernières années, sous l’impulsion d’un gouvernement conservateur monté au pouvoir en 2015, tandis qu’à Malte, l’IVG reste complètement interdite, quel que soit le contexte. Et en Belgique? Partiellement dépénalisé depuis 1990, l’avortement est autorisé jusqu’à 12 semaines de grossesse, 14 semaines d’aménorrhée en cas de détresse de la mère. Alors qu’en juillet dernier, la Chambre aurait pu se prononcer sur la dépénalisation complète de l’avortement dans le pays, la question a été au coeur des négociations gouvernementales et en est toujours au point mort. Une prise en otage politique des utérus des femmes qui ne date pas d’hier, mais qui ne fait pas moins mal pour autant.

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