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Le mouvement #believesurvivors et la difficulté de croire les victimes de violences sexuelles

Kathleen Wuyard

Lundi, de l’autre côté de l’Atlantique, des milliers d’hommes et de femmes vêtus de noir on arrêté ce qu’ils étaient en train de faire pour participer à un walk-out en soutien à #believesurvivors. L’objectif: rappeler l’importance de ne pas remettre en question les victimes de violences sexuelles.


Même si la tendance actuelle veut que leurs histoires soient accueillies avec méfiance, particulièrement de la part des professionnels de la justice et de la santé qui ont la tâche de les prendre en charge. La conséquence malheureuse et injuste d’un phénomène marginal: les fausses accusations. Xavier en a fait les frais. Dix ans après, il raconte encore son histoire avec de l’incrédulité dans la voix. Fraîchement inscrit en polytechnique, il préparait sa session de janvier quand une convocation de la police est arrivée. Au poste, c’est le choc: il est accusé d’avoir harcelé sexuellement et touché de manière inappropriée une camarade de classe. Problème: il n’a jamais entendu le nom de cette fille et ne voit absolument pas de qui il s’agit. Rapidement, l’enquête des policiers révèle que l’accusatrice partage l’amphi de Xavier, où elle l’admire de loin sans oser lui parler. Psychologiquement fragile, elle décide que le seul moyen d’attirer son attention est de dénoncer des faits qui n’ont jamais eu lieu. Une histoire glauque qui aurait pu très mal se finir pour Xavier. Mais qui est l’exception, pas la norme: s’il est difficile d’établir des statistiques des fausses accusations, le consensus veut qu’elles tournent autour des 2%, soit 2 victimes sur 100 seulement. Autrement dit, pour chaque fille qui vient porter une plainte fictive comme l’accusatrice de Xavier, il y en a 49 autres qui ont vraiment été agressées. Et pourtant, malgré cette proportionnalité minime, c’est la grande majorité des victimes qui osent parler qui se heurtent à un mur de méfiance.

 

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#BelieveWomen✊?

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“Campagne de diffamation”


Aux Etats-Unis, Christine Blasey Ford et Deborah Ramirez sont en train d’en faire les frais. Sans s’être concertées ni même se connaître, les deux femmes ont réagi à la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême en osant enfin porter plainte pour les abus qu’il leur aurait fait subir. Aujourd’hui professeur de psychologie à la prestigieuse université de Stanford, le Docteur Christine Blasey Ford n’était qu’une adolescente quand son chemin a croisé celui de Brett Kavanaugh à une soirée dans les 80s. Là, selon elle, il l’aurait maintenue de force sur un lit, avant de la toucher et d’essayer de la déshabiller tout en maintenant sa main sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Deborah Ramirez a quant à elle étudié à Yale avec Brett Kavanaugh, où il se serait exposé devant elle à une soirée. Des faits remontant dans les deux cas à plus de 30 ans, mais que les deux femmes affirment ne pas avoir pu taire en apprenant que Kavanaugh était pressenti pour occuper un des plus hauts postes au sein de la Justice du pays. de son côté, le candidat à la Cour Suprême parle de “campagne de diffamation orchestrée par les démocrates”, et peut compter sur le soutien de Donald Trump, qui affirme que les deux accusatrices n’ont aucune preuve. Il n’en fallait pas plus pour déchainer médias et réseaux sociaux, entre ceux qui affirment qu’il faut croire les récits des deux victimes présumées, et les autres, qui déversent insultes et menaces sur celles qui sont perçues comme des menteuses animées par des motivations politiques.


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Alors lundi, victimes, activistes et citoyens engagés sont sortis dans la rue et ont immortalisé leur acte de protestation sous le hashtag #believesurvivors. Un mouvement d’envergure rejoint notamment par les actrices Busy Philipps et Reese Witherspoon, qui ont posté un selfie tout de noir vêtues, tandis que l’actrice oscarisée Brie Larson a publié un cliché où elle fléchit son biceps en signe de force et qu’Allison Janney et Anna Faris de la série “Mom” ont tweeté leur soutien à Christine Blasey Ford.

 

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#BelieveSurvivors

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Et si depuis, le mouvement de soutien aux victimes présumées s’est bel et bien transformé en campagne anti-Kavanaugh, et donc, par extension, anti-Trump, la question de la réaction aux témoignages de violences sexuelles est plus d’actualité que jamais. Avec, au coeur du problème, deux mythes contradictoires et problématiques qui s’affrontent: d’un côté, celui de “la femme qui ment”, et de l’autre, celui, mis en avant par les mouvements féministes, de “la femme qui ne ment jamais”. Selon la juriste et militante féministe Catharine MacKinnon, le fondement même du féminisme est de “croire les femmes quand elles disent avoir été (ab)usées sexuellement par des hommes”. Sauf que dans la réalité, ce n’est pas si simple. Et le jour où toutes les femmes qui porteront plainte pour des violences seront prises en charge comme il se doit semble encore lointain.

Oublier la présomption de culpabilité


Pour s’en rapprocher, il faut s’éloigner des dogmes et du cliché de la femme menteuse et manipulatrice et faire de véritables efforts de formation du personnel qualifié. Notamment, en leur rappelant que notre système juridique est régi par la présomption d’innocence, et non celle de culpabilité. Et que celle-ci s’applique aux accusés, bien sûr, mais aussi à ceux et celles qui viennent porter plainte. Et qui sont donc 98 sur 100 selon les statistiques à dire la vérité.

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