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© Getty Images

La ““Cancel Culture””, le phénomène qui touche stars et influenceurs

La rédaction

L’expression anglophone, « Cancel Culture », autrement dit le boycott de personnalités en raison de leurs actes, a pris de l’ampleur suite au mouvement #MeToo. Dernièrement cette pratique a été mise en évidence avec l’affaire Roman Polanski ou encore suite aux accusations à l’encontre de Johnny Depp. Mais être « canceled », ça signifie quoi exactement ? Si l’intention de départ est louable, le procédé a ses dérives.


Nous sommes nombreux à avoir arrêté de suivre une influenceuse après une photo d’elle posant avec un guépard en laisse, à vouloir boycotter les Césars suite aux nominations du film de Roman Polanski ou à ne plus suivre la série House of Cards après les accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Kevin Spacey. La dénonciation paraît légitime dans de nombreux cas. Mais ce « canceling » rencontre autant de partisans que de détracteurs, qui le considèrent tantôt utile, tantôt dérangeant ou nuisible.

Faut-il boycotter Roman Polanski? La question divise et la polémique attire le public.

La « cancel culture », c’est quoi ?


Il n’existe pas de traduction littérale pour la « cancel culture » mais on pourrait la définir comme étant le boycott d’une personnalité au comportement considéré comme problématique. Cela peut aller d’un bad buzz, d’une phrase maladroite à des accusations et des actes bien plus graves. Si le terme comprend de multiples degrés de gravité différents, on y discerne deux éléments majeurs : le « dire » et le « faire ».

Etre « canceled »


La faute, anodine ou grave, perpétrée par la personne la suivra partout et lors de toutes ses apparitions. Une fois « canceled », difficile de revenir en arrière. Les excuses ou les remords n’y changent rien. À chaque prise de parole, peu importe le sujet, celle-ci se verra rappeler son discours ou acte considéré comme fautif. La personne « canceled » est ignorée voire « supprimée ». Dans le cas de Bertrand Cantat, ayant assassiné sa compagne Marie Trintignant, un retour à une carrière musicale après avoir purgé sa peine de prison est alors impossible, tandis que Miramax, la firme d’Harvey Weinstein a fait faillite.

Etre boycotté, c’est contagieux


Mais avons-nous l’obligation morale de suivre le mouvement ? Malgré la démarche louable de départ, le « canceling » ne change pas pour autant la situation. De plus, il y a clairement un effet de contagion. Si nous décidons de continuer à supporter cette personne, notre comportement sera également considéré comme problématique. Continuer à suivre quelqu’un de « canceled », c’est risquer de l’être à son tour. Autant dire une vision en noir ou blanc, en pro coupable ou victime, qui ne correspond parfois pas à la complexité des situations ou à notre méconnaissance de celles-ci.

Une présomption d’innocence inexistante sur internet


Il ne faut par ailleurs pas oublier que, dans la justice belge, comme dans la plupart des pays d’Europe, toute personne a droit à la présomption d’innocence. Celle-ci s’applique jusqu’à ce que la culpabilité soit légalement démontrée. Ce n’est pas vraiment le cas sur les réseaux sociaux. L’emballement est rapide, les mots fusent et les personnes dénoncées sont directement considérées comme coupables. Or personne n’est à l’abri d’une fausse accusation.

Les conséquences négatives sont nombreuses pour la personne « canceled », qu’elle ait commis une légère maladresse ou posé des actes très graves. Allant de la perte d’abonnés à celle d’un emploi ou encore à du harcèlement, à des attaques visant l’entourage.


Le récent enregistrement audio d’Amber Heard avouant avoir été violente envers Johnny Depp remet en question le boycott que certains ont pratiqué d’emblée contre l’acteur ces derniers mois. Cet exemple est la preuve de la prudence avec laquelle il faut traiter les informations qui fusent dans les médias tant qu’aucun procès n’a eu lieu.

Tout ou rien


Dans cette pratique, il n’y a pas de nuance, il faut être pour ou contre. La demi-mesure n’existe pas, si une personne est « canceled », elle l’est entièrement. Pas question de faire un tri entre ce qu’on apprécie et que ce qu’on rejette chez elle, c’est tout ou rien. Mais la « Cancel Culture » n’a pas que des inconvénients. Certaines dénonciations n’auraient pas été possibles sans elle ni sans les réseaux sociaux. Par exemple le cas tristement célèbre d’Harvey Weinstein. Il ne faut ni tout jeter, ni tout garder. Peut-être faudrait-il simplement revoir ce système pour qu’il soit plus juste et plus nuancé. Et tout cela nous ramène à l’éternel débat : peut-on séparer l’homme de l’œuvre ?

Article: Alexandra Ferette


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