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En Jordanie, si une femme désobéit à son tuteur masculin, elle peut être emprisonnée

Kathleen Wuyard

Après la polémique au Maroc autour des emprisonnements pour relations hors-mariage, au tour de la Jordanie d’être sous les spotlights pour ses lois rétrogrades. Selon Amnesty International, les femmes accusées d’avoir quitté leur domicile sans le consentement d’un tuteur ou bien d’avoir eu relations sexuelles hors mariage risquent une peine de prison. Allô Amman? Le Moyen-Âge a appelé, il aimerait bien récupérer ses lois.


Imaginez. Vous êtes ado, rebelle, peut-être que parfois, le vendredi, vous faites le mur, ou bien encore que vous sortez avec un mec que vos parents désapprouvent totalement. Peut-être que vous allez être privée de sortie ou d’argent de poche, sûrement que la discussion se finira par un “file dans ta chambre”, mais certainement pas un “va en prison sans passer par la case départ”. Et pourtant, selon Amnesty, c’est la menace à laquelle les Jordaniennes doivent faire face. L’organisation de défense des droits de l’homme dénonce la situation dans un rapport damnant intitulé “Il faut mettre fin à la détention arbitraire des femmes qui désobéissent à leur tuteur masculin ou qui ont des relations non approuvées”.

Les femmes qui sont accusées d’avoir quitté le domicile familial sans y avoir été autorisées ou d’avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage risquent d’être incarcérées et de subir des « tests de virginité » humiliants si des hommes de la famille se plaignent de leur comportement auprès des autorités. De plus, les femmes qui ont une grossesse en dehors du mariage risquent d’être séparées de force de leur bébé”


“Des violations scandaleuses”


Ainsi que l’explique Amnesty International, “les gouverneurs des provinces, en Jordanie, utilisent de façon abusive une loi draconienne, la Loi relative à la prévention de la criminalité, pour placer en détention administrative à n’importe quel moment de nombreuses femmes. Ces femmes ont été arrêtées pour un ensemble de raisons, notamment pour une « absence » du domicile familial non autorisée par leur tuteur masculin, et pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage”. Et si l’organisme salue “plusieurs réformes importantes visant à remédier au problème des violences liées au genre” ayant été adoptées ces dernières années, il exhorte toutefois le gouvernement jordanien à agir, et vite. “Le gouvernement jordanien doit de toute urgence remédier au problème de ces violations scandaleuses que les organisations nationales de défense des droits des femmes combattent depuis des décennies, en commençant par le problème du recours excessif de la part des gouverneurs des provinces aux pouvoirs de détention”. Selon les chiffres communiqués par le cabinet du Premier Ministre à Amnesty, 149 femmes se trouveraient actuellement en détention administrative, et 1 259 femmes qui étaient en détention administrative auraient été libérées au cours des six premiers mois de 2019.

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