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En Israël, un concert séparant hommes et femmes dans le public fait polémique

Kathleen Wuyard

Avec ses 41 293 habitants, la petite ville d’Afoula, dans le district nord d’Israël, n’a pas pour habitude de faire parler d’elle. Sauf que ces derniers temps, un concert qu’elle comptait organiser a fait beaucoup de bruit: la municipalité avait prévu de séparer hommes et femmes dans le public. Une ségrégation interdite par la justice, et qui a fait polémique dans le pays.


La municipalité d’Afoula avait en effet décidé d’organiser un évènement dédié au public juif ultra-orthodoxe, les haredim, qui vivent selon des principes ultra stricts et dans la crainte permanente d’une tentation sexuelle. Concrètement, cela implique que les femmes portent une tenue pudique et couvrent leurs cheveux, mais aussi que la mixité est découragée. Les femmes passent de l’autorité de leur père à celle de leur mari, et même en présence de tiers, le moindre contact physique avec un homme autre que leur mari leur est interdit. Impensable, donc, de s’asseoir à côté de parfaits inconnus pour profiter d’un spectacle en plein air. Sauf que même en Israël, les ultra-orthodoxes sont minoritaires, et la ségrégation suggérée lors du spectacle est très mal passée, suffisamment pour qu’une plainte soit déposée. Verdict rendu ce week-end par le juge Jonathan Abraham du tribunal de Nazareth: il est interdit de faire asseoir hommes et femmes séparément lors du spectacle, car c’est contraire au principe d’égalité. Une décision qu’a regrettée la municipalité d’Afoula.

Sur les 360 événements organisés cet été, la municipalité avait demandé d’organiser un événement pour le public ultra-orthodoxe pour qu’il puisse passer un bon moment en respectant ses coutumes. Nous sommes désolés que cela soit impossible. Nous respecterons la décision du tribunal”


Une décision qui implique toutefois que les spectateurs pourront s’asseoir comme bon leur semble, mais qu’il sera interdit de placer panneaux ou barrières visant à séparer les sexes dans le public. Une décision de justice qui divise l’opinion public et même le leadership israélien. Si Israel Women Network a salué “une étape importante vers la protection du statut et du droit des femmes à être présentes et égales dans tout espace public”, de son côté, le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah a regretté une “décision vicieuse qui empêchera beaucoup de monde de prendre part au spectacle”.

Place paradoxale


Ce n’est pas la première fois que la place des femmes dans la société israélienne, et plus particulièrement en harmonie avec la communauté haredim, pose question dans le pays. En décembre 2015, le cas d’une passagère de 83 ans forcée de changer de place dans l’avion à la demande de son voisin de siège ultra-orthodoxe avait fait grand bruit. Et donné lieu à un jugement interdisant à l’avenir ce type de requêtes. En Israël, la place des femmes reste paradoxale, entre un pays démocratique et développé d’un côté, et une société qui reste ultra-religieuse de l’autre, avec tous les contrastes que cela entraîne. Israël a le déshonneur d’occuper la 4e place du classement des pays de l’OCDE où l’inégalité salariale hommes-femmes est la plus grande, et la question des divorces est encore entièrement laissée aux mains des autorités religieuses. Ceci étant, tout n’est pas à jeter, loin de là, et actuellement, les femmes représentent plus d’un quart des députés siégeant à la Knesset.

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