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Dans ces entreprises chinoises, les célibataires ont droit à un congé pour trouver l’amour

Kathleen Wuyard

Oubliez les chèques repas et les heures de récup’: chez Hangzhou Songcheng Performance et Hangzhou Songcheng Tourism Management, deux entreprises de l’Est de la Chine, les employées célibataires de plus de 30 ans ont droit à 8 jours de congé pour “rentrer chez elles et trouver l’amour”. Une initiative bien pensante qui révèle toutefois le poids oppressant du célibat dans l’Empire du Milieu.


En Chine, elles sont connues sous le nom de “Sheng Nu”, les “femmes délaissées” en français. Elles, ce sont les 20% de femmes Chinoises âgées de 25 à 30 ans qui ne sont pas encore mariées, dans un pays où, selon une étude datant de 2010 du Bureau National du Mariage, 9 hommes sur 10 sont convaincus qu’une femme devrait être mariée à 27 ans au plus tard. Et ce, alors même que chez les hommes, la proportion de célibataires au même âge est beaucoup plus grande: 1 sur 5 femmes de 25 à 30 ans, contre 1 sur 3 chez ces messieurs. Qui n’ont pourtant ni véritable pression de se marier avant une certaine “date de péremption”, ni surnom dérogatoire s’ils sont encore célibataires à l’approche de la trentaine.

Et parce qu’il est décidément inacceptable qu’une femme reste célibataire passé un certain âge dans cette société ô combien patriarcale, les initiatives se multiplient pour remédier à ce que la société chinoise voit comme un problème. Qu’importe, si le taux de célibat des femmes chinois augmente parce que ces dernières sont plus éduquées que jamais et choisissent de se concentrer sur leurs carrières: aucun succès ne peut éclipser celui d’être une épouse modèle. Alors les entreprises s’y mettent, comme cette école de la province de Hangzhou qui a décidé d’offrir à ses institutrices célibataires deux jours de “congé d’amour” par mois, ou Hangzhou Songcheng Performance et Hangzhou Songcheng Tourism Management, qui ont carrément offert 8 jours de congé supplémentaires à leurs employées célibataires à l’occasion du nouvel an chinois. La logique derrière ce bonus?

La plupart de nos employées travaillent au sein de départements internes, et ont donc moins de contact avec le monde extérieur. En leur offrant ce congé, on espère leur donner l’opportunité d’avoir plus de temps et d’opportunités d’interagir avec des membres du sexe opposé”


Bienveillant? Plutôt étouffant et paternaliste au possible. Et surtout, en contradiction totale avec la nouvelle vague de femmes chinoises: une étude récente de Linkedin Chine a en effet révélé que près de 80% des Chinoises nées après 1995 s’identifiaient comme “financièrement indépendantes”, contre 20% qui ont choisi l’option “épouse et mère aimante”. Ce qui n’empêche visiblement pas le marché du travail d’ignorer l’ambition de ses employées, choisissant au contraire de jouer un rôle actif dans leur vie sentimentale. Huit jours de congé supplémentaires, parfait, mais avec l’objectif express de trouver l’amour d’ici au retour au boulot? Merci, non merci, on préfère faire des heures supplémentaires. Et il semblerait que de plus en plus de Chinoises pensent pareil: ainsi que l’explique la journaliste mode Sandra Bao, “de nombreuses célibataires modernes en Chine profitent de leur indépendance et préfèrent de loin attendre que l’homme idéal se présente, même si cela veut dire attendre plus longtemps. Il est hors de question de faire des compromis à cause de l’âge ou de la pression sociale”. Et tant pis si leur célibat travaille leurs employeurs.

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