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© NEW YORK, NY - DECEMBER 06: Harvey Weinstein leaves New York City Criminal Court after a bail hearing on December 6, 2019 in New York City. The Oscar-winning producer appeared in court for a proceeding to evaluate his bail in part of reforms set to take effect Jan. 1 throughout New York State. (Photo by Scott Heins/Getty Images)

Procès Weinstein: deux infos qui pourraient faire pencher la balance

Justine Rossius

Deux ans après le début de #MeToo, le procès d’Harvey Weinstein s’ouvre à New York ce lundi 6 janvier. Un procès qui durera environ 6 semaines et dont la décision est attendue dans le monde entier.


 

Seulement deux femmes sont concernées par le procès


Le 5 octobre 2017, le New York Times publiait les témoignages de femmes expliquant avoir été harcelées sexuellement. Depuis cette date, d’autres témoignages allant dans le même sens ont afflué — on en dénombre plus de 80 —, notamment de la part de célébrités telles qu’Asia Argento, Gwynelth Paltrow ou encore Angelina Jolie. Toutes accusent le producteur hollywoodien de 67 ans de les avoir harcelées ou agressées sexuellement. Malgré la foule de témoignages, le procès ne concerne directement que deux d’entre elles: l’ancienne assistance de production de Weinstein, Mimi Haleyi, qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement dans son appartement de New York en 2006, et une autre femme, restée anonyme, qui l’accuse de viol dans une chambre d’hôtel en 2013. L’actrice Annabella Sciorra viendra également apporter son témoignage lors du procès: elle accuse Weinstein de l’avoir agressée en 1993, affaire désormais prescrite, donc, mais dont le récit pourra étayer l’argumentaire de l’accusation. Quant aux autres accusations, elles font pour certaines l’objet d’une transaction à 47 millions de dollars, incluant un accord de confidentialité. Pour d’autres, on assiste ici à la difficulté pour les victimes de construire un dossier pénal, sans preuve matérielle, et sans témoin, autour d’allégations qui remontent à plusieurs années.

 

La défense de Weinstein est féminine


Comme ligne de défense, les avocats de Harvey Weinstein vont utiliser une stratégie classique: assurer que les victimes étaient en fait consentantes. Stratégie déjà utilisée d’ailleurs par la défense avant le procès, qui avait produit courriers électroniques et textos montrant que les victimes étaient chacune restées en contact avec l’agresseur présumé plusieurs fois après les faits supposés. Si cet argumentaire ne fonctionne pas, Weinstein risque à la réclusion à perpétuité. Choix malin de la part de Weinstein: une femme pour le défendre. Donna Rotunno, 42 ans, qu’on surnomme « le bouledogue » dans les salles d’audience de Chicago, est spécialisée depuis quinze ans dans la défense des hommes accusés d’agressions sexuelles et réputée pour ses contre-interrogatoires plutôt musclés, qui seraient, de la part d’hommes, considérés comme plus « bruts ». Le « bouledogue » a déjà fait des déclarations polémiques à propos des accusations contre Weinstein et explique pourtant « défendre les femmes » :

Les femmes qui n’assument pas la responsabilité de leurs actions s’infantilisent elles-mêmes. Si vous ne voulez pas être une victime, ne montez pas dans la chambre d’hôtel.


En face d’elle, c’est également une femme qui représentera les parties civiles: Gloria Allred 78 ans, figure de proue de la défense des victimes de harcèlement sexuel, elle-même marquée par un viol dont elle a été victime à l’âge de 25 ans.

Si c’est à la justice de faire désormais son travail, une condamnation du magnat du cinéma hollywoodien consisterait en une victoire pour le mouvement #MeToo, et servirait d’exemple. Car si, chaque jour, de nombreux hommes de pouvoir sont dénoncés pour des comportements de la sorte, la quasi-totalité échappe encore à des poursuites pénales.

 

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