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Pourquoi l’annulation des Marches des Fiertés ne doit pas laisser indifférent

Manon de Meersman

En raison de la crise sanitaire liée au Coronavirus, les rassemblements sont interdits et ce, pour garantir la santé et la sécurité de tous. Parmi les rassemblements qui étaient prévus à l’agenda de 2020, on retrouve les Marches des Fiertés aux quatre coins du monde, des évènements destinés à revendiquer la liberté et l’égalité des orientations sexuelles ainsi que des identités de genre et garantir les droits de chacun.


Depuis plus de 20 ans, la Belgique célèbre chaque année en mai les personnes LGBTQI+ en leur dédiant le mois des fiertés et en clôturant l’évènement par une parade au coeur de Bruxelles. Cette année, Coronavirus oblige, la Belgian Pride est annulée, au même titre que de nombreuses autres marches aux quatre coins du monde. De la Fierté de Palm Beach en Floride aux États-Unis à la Fierté de Weiden en Allemagne, en passant par le Festival du Film LGBT de Londres en Grande-Bretagne, la Fierté de Sölvesborg en Suède, la Fierté d’Innisfil au Canada, la Fierté de Paris en France ou encore la Fierté de Ørsta en Norvège, des dizaines et des dizaines d’évènements se sont vus annuler. Des annulations justifiées pour garantir la santé et la protection de tout un chacun, mais qui ne doivent pas pour autant laisser indifférent. Ces Marches sont là pour rappeler à quel point la communauté LGBT+ a besoin de soutien pour mener son combat et s’assurer de pouvoir jouir, un jour, des droits fondamentaux dont l’Homme bénéficie et ce, partout dans le monde.

Encore un chemin énorme à parcourir


Encore aujourd’hui, partout dans le monde, des personnes sont la cible de discrimination en raison de ceux et celles qu’elles aiment, de qui elles souhaitent être, de comment elles s’habillent... Lorsqu’on est lesbienne, gay, transgenre ou encore intersexe, on s’inscrit, malgré nous, dans une minorité et on s’expose à des discriminations quotidiennes: on subit les regards curieux, les regards de dégoût, les regards fantasmatiques, les regards moqueurs... Amnesty International rappelle que “cette discrimination peut être fondée sur l’orientation sexuelle (les personnes pour lesquelles on éprouve de l’attirance), l’identité de genre (la façon dont on se définit, quel que soit le sexe biologique), l’expression de genre (la façon dont on exprime son genre par son habillement, sa coiffure ou son maquillage) ou les caractéristiques sexuelles (par exemple, les parties génitales, les chromosomes, les organes reproductifs ou les niveaux d’hormones)”.

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“Trop souvent, des personnes LGBTI sont harcelées dans la rue, rouées de coups et parfois tuées, uniquement en raison de leur identité. Une flambée de violence contre les personnes transgenres a fait au moins 369 morts entre octobre 2017 et septembre 2018. De nombreuses personnes intersexuées à travers le monde sont contraintes de subir des opérations chirurgicales dangereuses, invasives et complètement inutiles, qui peuvent avoir des effets secondaires physiques et psychologiques à vie”, explique à nouveau Amnesty International.

Prison, tortures, non-protection... Les droits LGBT+ ne sont pas garantis dans plus plus de 70 pays à travers le monde entier. À titre d’exemple, les relations homosexuelles sont vues comme une infraction dans 70 pays et sont passibles de la peine de mort dans neuf d’entre eux, notamment en Arabie saoudite, en Iran, au Soudan ou encore au Yémen.

Parfois, l’hostilité à l’égard des personnes LGBTI est entretenue par les gouvernements eux-mêmes, alors que leur rôle est de les protéger”.


“En Tchétchénie, une campagne soutenue par le gouvernement a entraîné le harcèlement des hommes gays, dont certains ont été enlevés, torturés et même tués. Au Bangladesh, alors que des militants LGBTI ont été tués à coups de machette par des groupes armés, la police et le gouvernement se sont montrés guère enclins à rendre justice aux familles des victimes. Dans de nombreuses zones d’Afrique subsaharienne, les personnes LGBTI continuent de vivre dans la crainte d’être découvertes, agressées et même assassinées”, détaille Amnesty.

C’est pour ces abominations que les Marches des Fiertés existent. Pour militer en faveur des droits des personnes LGBT+ et assurer un quotidien viable, loin du chaos discriminatoire qu’elles peuvent subir au jour le jour. Ces Marches permettent de dénoncer les atteintes faites à ces droits, de crier haut et fort un désaccord et d’hurler au monde que chacun devrait avoir le droit de faire ce qu’il veut de son corps et de sa vie. “En lançant le concept de marche des fiertés ou encore des journées de prise de conscience mondiale comme la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (également appelée IDAHOTB), les personnes LGBTI établissent des alliances et affirment dans le monde entier qu’elles sont fières de leur identité”, explique Amnesty International.

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La Belgique, un pays avancé en apparence


En Belgique, nous avons la chance d’être dans un pays ouvert et avancé en matière de droits LGBT+. En effet, à titre d’exemple, le 30 janvier 2003, la loi belge reconnaît formellement aux personnes homosexuelles le droit de se marier; cette législation fait alors de la Belgique le deuxième pays au monde à légaliser le mariage pour les couples de même sexe. Depuis, les avancées se sont succédées, du droit à l’adoption pour les couples homosexuels au droit de changer légalement de sexe, en passant par l’autorisation des dons de sang en tant que personne homosexuelle.

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Pourtant, si la Belgique apparaît surtout avancée en terme de droits pour les gays et les lesbiennes, elle reste malgré tout à la traîne en ce qui concerne ceux des personnes transgenres, définies selon Amnesty International comme “une personne dont l’identité de genre ou l’expression de genre ne correspond pas aux attentes traditionnellement associées au genre assigné à la naissance”, et intersexes, définies par Amnesty International comme une personne “née avec des caractéristiques sexuelles différentes de ce que l’on considère généralement comme « féminin » ou « masculin »”.

En effet, bien que la loi belge permette depuis 2018 aux personnes transgenres de pouvoir modifier leur carte d’identité au niveau du prénom et/ou du sexe apparaissant sur cette dernière, l’accès au soin de santé reste compliqué pour elles. Ces personnes éprouvent bien souvent des questionnements par rapport au genre qui leur a été donné à la naissance. Si elles veulent changer de sexe, elles se voient obligées de se justifier et soumises à un suivi psychiatrique imposé. Ajoutez à cela que les droits fondamentaux des personnes intersexes ne sont pas garantis… Et personne ne s’en rend forcément compte. Pourtant, en février 2019, notre pays a été interpellé par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, ce dernier déclarant être préoccupé par le fait que les enfants intersexes sont soumis inutilement à des procédures médicales de normalisation. Le même mois, “les eurodéputés condamnent fermement les procédures médicales de normalisation des enfants intersexes et invitent les États à adopter dès que possible une législation protectrice de l’intégrité physique, l’autonomie et l’autodétermination de ces enfants.”

Alors oui, de manière générale, la Belgique est une terre d’accueil pour la communauté LGBT+. Mais lorsqu’on creuse plus loin, on se rend compte que le combat est loin d’être terminé et qu’il y a encore du pain sur la planche pour garantir les droits de toutes ces personnes se trouvant derrière les lettres qui composent l’acronyme. De plus, il est important de garder en tête que ce n’est pas parce qu’un pays possède des lois avancées en la matière que la discrimination n’existe plus.

Nombreuses sont les fois où je me suis baladée main dans la main avec ma petite amie à Bruxelles et où les gens nous ont regardé et adressé, pour certains, des remarques tantôt discriminatoires, tantôt totalement déplacées. Les consciences doivent continuer à être secouées sur l’importance des droits des personnes LGBT+. Les Marches des Fiertés sont un levier pour faire entendre tout haut les revendications de ces personnes et s’assurer de leur liberté et de leur égalité un peu plus chaque jour.

Le fait que ces Marches soient annulées ne doivent pas empêcher de continuer la lutte pour ces droits fondamentaux.


Car la lutte, elle a lieu tous les jours. Dans le métro le matin. Dans les rayons du supermarché. Dans les rues de la ville. Partout. À chaque instant. “Les efforts collectifs d’organisations militantes à travers le monde ont réellement porté leurs fruits. Aujourd’hui, au moins 43 pays reconnaissent les crimes homophobes comme une forme de crime inspiré par la haine.  En mai 2019, 27 pays avaient légalisé le mariage entre personnes de même sexe”, détaille Amnesty International.

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Répandre l’amour, encore et toujours


Aujourd’hui, à l’heure où l’intolérance est plus inacceptable que jamais, à l’heure où les inégalités en tout genre sévissent et ravagent les coeurs, à l’heure où les voix peuvent s’élever, à l’heure où les luttes sont empreintes de bienveillance pure, à l’heure où... Éveillons les consciences, répandons un message d’amour, luttons contre les inégalités. Chacun devrait pouvoir être fier de ce qu’il est, fier de qui il aime, peu importe son sexe, peu importe son genre. “Mettre fin à l’homophobie et à la transphobie permettra de sauver des vies. Le harcèlement contre les LGBTI expose les personnes qui se considèrent comme telles à un risque accru de préjudice physique et psychologique. Toute personne a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité”, rappelle Amnesty International.

N’ayez pas peur de montrer vos vraies couleurs!


Crédits photo: Getty

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