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FAUT QU’ON PARLE: la Norvège est-elle le plus grand arnaqueur écologique de la planète?

Barbara Wesoly

95% d’énergie hydraulique, interdiction de la déforestation et des élevages d’animaux à fourrure, réduction massive de l’empreinte carbone, bannissement des véhicules roulant à l’essence et au diesel... La Norvège possède tout de l’exemple écologique et de la référence environnementale. Tout? Oui, si l’on omet le fait qu’il est l’un des plus grands producteurs de pétrole de la planète. Greenwashing, schizophrénie, ou compromis nécessaire? Le point sur ce double language vert.


Peut-on être un pionnier d’une politique durable et l’un des plus grands pollueurs à l’exportation? Visiblement si l’on en croit l’exemple de la Norvège qui fait miraculeusement – ou honteusement c’est à voir – cohabiter les deux concepts. Comme le démontrait récemment le site Slate avec des chiffres édifiants, le pays nordique passe d’une superbe place de 14ème pays dans la liste de l’Indice de performance environnementale à une médiocre 128ème place dès lors que l’on change les facteurs examinés. Après avoir longtemps été dans le top 10 des plus gros exportateurs pétroliers,  il en est aujourd’hui sorti, non pas par choix engagé mais par manque de rentabilité. Et il continue de produire 1,648,000 millions de barils par jour, restant le plus important fournisseur d’Europe.

Deux poids, deux mesures


La Norvège est donc l’état qui s’apprête à avoir un parc automobile propre en 2025. Celui aussi qui en 2017 a attribué les licences à 13 compagnies pétrolières pour forer dans l’Arctique, zone jusqu’ici protégée et inexplorée. Celui qui va jusqu’à installer des lampadaires écologiques mais dont le Fonds Pétrolier vaut 1000 milliards de dollars. Le pays est-il moins coupable de détruire la planète dès lors qu’il demeure propre au sein de ses frontières et se contente d’offrir à d’autres les moyens de lui nuire massivement? Il faut croire puisque les organisations écologiques se positionnant en détracteurs des forages arctiques ont été relayés de manière relativement discrète dans la presse en comparaison de tous les actes posés par la Norvège pour améliorer son efficience énérgetique et environnementale.

Malhonnêteté vs pragmatisme


Comment expliquer que les Norvégiens acceptent de tels efforts et un engagement aussi profond dans leur pays, sans s’offusquer de leur commerce international? La raison en est très simple. Toujours la même, toujours navrante. Le poids économique. Le pétrole brut et le gaz naturel représentant plus de la moitié des exportations du pays, il est donc d’une importance vitale pour l’économie. Un choix certes vaguement immoral mais qui paye. La Norvège a été une nouvelle fois élue en 2017, pays le plus prospère au monde selon l’Index Annuel du Legatum Institute, référence en la matière. D’après un rapport de la banque mondiale sur la richesse des nations, l’état représente une richesse de 1,671 million de dollars par habitant. De quoi continuer à trouver le sommeil malgré les concessions...

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