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FAUT QU’ON PARLE: d’Alain Courtois qui veut une autorisation pour mendier

La rédaction

C’est reparti. À l’approche des élections, les politiques mettent en avant leur programme et font des promesses. Alain Courtois a partagé les points de sa campagne. Et l’un d’eux en particulier me fait bondir: les sans-abris devront avoir une autorisation de la ville pour mendier.


Des idées pour améliorer notre quotidien, embellir notre futur, le rendre plus confortable. Les politiques doivent sortir du lot pour appâter les électeurs. C’est peut-être ce qu’a tenté de faire Alain Courtois (MR) en proposant dix idées qui ne figurent même pas dans son programme. Si la tête de liste du MR est pour le retour de l’uniforme à l’école, Alain Courtois veut aussi subordonner la mendicité.

La peur comme terrain de jeu


“Il faut que tout le monde se sente en sécurité partout. Il faut qu’une femme ou un homosexuel ose rentrer à 21h30 de la place De Brouckère sans avoir peur, sans se faire importuner par les marginaux et les mendiants”, peut-on lire dans les pages du Soir selon les propos d’Alain Courtois. Le premier échevin de la ville de Bruxelles vise aussi les bandes organisées qui mendient en masse à Bruxelles.

Pour rendre ses lettres de noblesse à la capitale, il propose une solution radicale: subordonner la mendicité. “La mendicité est inéluctable mais aujourd’hui, elle devient intolérable, elle menace l’ordre public, il y en a trop. Donc, pour accéder à la mendicité, il faudra une autorisation de la Ville” assure-t-il.

Humilier les humiliés


La voilà la solution miracle: demander à des personnes qui n’ont rien de se rendre à la commune (ou d’envoyer un courrier, c’est selon), de faire la file comme tout le monde et de réclamer un droit à la mendicité. S’il ne leur restait que leur honneur, sans doute l’auront-ils perdu dans cette queue vers l’humiliation.

Comment se sent une personne dans cette situation à votre avis Mr Courtois?

Vous la feriez, vous, cette démarche en tant que sans-abris? Pour peu que vous en ayez entendu parler, bien entendu. Parce que ne nous leurrons pas, les mendiants l’apprendront lors de leur première confrontation aux forces de l’ordre venues leur réclamer sans gêne un morceau de papier qui les autorise à la pitié. Allons-nous bientôt cesser d’avoir si peu de considération pour les gens en difficulté?

Bien sûr si vous le vouliez, vous pourriez m’apporter des témoignages de personnes qui ont déjà eu une mauvaise expérience avec ces “marginaux” comme vous les appelez. Moi-même, j’ai déjà fait face à un homme violent et alcoolisé dans la rue. Pourtant, je me refuse catégoriquement de mettre tout le monde dans le même panier, de précariser encore plus les personnes qui n’ont rien fait de mal sinon que demander de l’aide.

Certes, les bandes organisées restent un problème et je comprends votre volonté d’y apporter des solutions. Mais celle que vous proposez ne laisse aucune chance à ceux qui ont tout perdu.

Je refuse qu’on se serve de la peur, de la belle notion de sécurité, pour nettoyer Bruxelles des encombrants, de ceux qu’on n’ose pas regarder dans les yeux.

Est-il vraiment nécessaire d’humilier les humiliés, les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont rien demandé à personne?


Fallait-il encore stigmatiser? Associer violence et pauvreté, marginalité et danger? “Débarrassons-nous donc des marginaux. Qu’ils aillent mendier ailleurs”. Quel beau programme.

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