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ELLE NOUS INSPIRE : Esther Duflo, prix Nobel d’économie, engagée contre la pauvreté

Esther Duflo, 47 ans, est la plus jeune économiste récompensée par le prix Nobel d’économie. Et seulement la 2ème femme lauréate après Elinor Ostrom en 2009. Son profond engagement contre la pauvreté et sa méthodologie originale, font d’elle l’une des économistes les plus brillantes de sa génération.


Le 14 octobre 2019, la franco-américaine, Esther Duflo voyait son travail récompensé par le prestigieux prix Nobel d’économie. Celui-ci était attribué à deux autres lauréats également, l’économiste indien Abhijit Banerjee, son mari, et l’Américain Michael Kremer, tous trois pour leurs travaux de lutte contre la pauvreté. Si l’économiste impressionne du fait de son jeune âge, son statut de femme est tout aussi rare, dans un univers ou les hommes sont majoritairement primés. Selon elle, si si peu de femmes ont eu l’honneur de recevoir ce prix c’est parce qu’ “il n’y a pas assez d’économistes femmes tout court. Mais heureusement c’est en train de changer.”

Une méthodologie particulière


“La pauvreté est le défi ultime de la société dans son ensemble, intellectuellement et moralement, au-delà de l’économie” expliquait Esther Duflo aux Inrockuptibles en 2010. Elle ajoutait : “Je pense qu’on peut la réduire, pas l’éradiquer. Il existera toujours une personne plus pauvre qu’une autre dans la société.” Ce sont ses travaux empiriques et sa pensée économique différente qui la distinguent des autres économistes d’aujourd’hui. Dans le laboratoire de recherche Abdul Latif Jameel, qu’elle a cofondé en 2013, elle révolutionne en effet la discipline grâce à une méthodologie : l’expérimentation aléatoire. Cela consiste à voir, avec l’aide d’ONG ou d’administrations, si un programme d’aide ou d’action publique est efficace et s’il apporte des résultats durables en le testant directement sur le terrain. Elle donnait un exemple à l’AFP en 2010:

Si on met en place un nouveau programme de soutien scolaire dans des écoles, on choisit 200 écoles au hasard, dont 100 mettront en place le programme et les 100 autres pas.” Les améliorations des élèves sont évaluées et comparées. Et ces résultats  ensuite donnés aux pouvoirs publics et aux associations caritatives.


Cette pratique vaut à Esther Duflo le surnom de “randomista” ou théoricienne du hasard.

Volonté d’engagement


Née en 1972 à Paris, Esther Duflo a reçu une éducation protestante et humaniste. Sa mère est pédiatre et participe à de nombreuses actions humanitaires et son père est mathématicien, membre de l’Académie des Sciences. Des principes qui ont directement influencé la vie d’Esther Duflo et sa manière de concevoir l’économie.  Elle confiait à l’Express en 2011 :

Enfant, j’étais extrêmement troublée par le hasard extraordinaire qui m’avait valu de naître à Paris, dans une famille de la classe moyenne intellectuelle, alors que j’aurais pu voir le jour au Tchad. C’est une question de chance. Il en découle une responsabilité.


Une véritable volonté d’engagement naît suite à cette prise de conscience. Après avoir été longtemps passionnée par l’histoire, elle comprit que l’économie lui permettrait de combiner vie professionnelle et son envie d’aider les autres.

L’économie, son choix gagnant


Après avoir obtenu un diplôme d’histoire, Esther Duflo se tourne vers l’économie et rejoint l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Elle part ensuite pour le célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge aux États-Unis.

À 31 ans, elle devient professeure au MIT , la première à être engagée là-bas dès sa fin de cursus. Ses travaux se centrent sur la lutte contre la pauvreté et la vérification des programmes de politique publique. Par la suite, elle devient cofondatrice du laboratoire de recherche J-PAL, ou l’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. Celui-ci comprend près de 200 chercheurs et a 5 antennes implantées en Afrique du Sud, au Chili, en Indonésie, en Inde, et en France.

Un travail souvent récompensé


Le prix Nobel n’est pas sa première récompense. En 2002, elle reçoit le prix Elaine Bennett pour la recherche de l’American Economic Association, un prix pour les femmes économistes de moins de 40 ans. En 2005, Le Monde et Le Cercle des économistes, la désignent meilleure jeune économiste de France. En 2010, elle reçoit la médaille John Bates Clark. Celle-ci annonce souvent les lauréats du prix Nobel… En 2012, l’économiste franco-américaine devient conseillère pour le président Barack Obama au sein de son Comité pour le développement mondial. Sa méthodologie est appréciée et source d’inspiration. Esther Duflo expliquait à L’Obs en 2009 qu’un économiste s’apparente plus à un plombier qu’à un physicien :

Il faut arrêter de penser à la pauvreté comme un grand problème avec de grandes solutions. Si on demande au plombier de réparer toute la maison, on n’y arrivera pas. Mais s’il répare les fuites et que le toit est bien fait, on peut parvenir à quelque chose.


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