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Eddy de Pretto en interview: ““C’est cool d’aimer ses imperfections””



Eddy de Pretto dédie son nouvel album À tous les bâtards, à tous les marginaux, à celles et ceux qui, comme lui, ne sont jamais rentrés dans des cases. Avec beaucoup de poésie, et la plume de génie qu’on lui connaît, il nous invite à faire de notre différence une force, comme un étendard.

Comment allez-vous?


“J’essaye de croire en des jours meilleurs. Notamment en me concentrant sur la musique, sur cet album que j’ai commencé à écrire en 2018. Lors du premier confinement, j’ai pensé tout jeter à la poubelle. J’avais besoin de chanter des choses plus urgentes, tenaces, avec plus de tensions. J’espère qu’à l’automne 2021, ce sera possible de remonter sur scène, même avec des masques s’il le faut.”

Copyright Marie Schuller


Qui sont ces bâtards, à qui vous dédiez ce nouvel album?



“Tous ceux qui, comme moi, ont cru que leur différence était une tare, une faiblesse. Cet album, c’est un cri de rassemblement. J’invite tous ceux qu’on qualifie de bizarre, d’étrange, de pédé, de bâtard, à se réapproprier ces qualitatifs, à priori négatifs, pour que, dans leurs bouches, ces mots soient une force. J’ai envie qu’ils réalisent à quel point la diversité est belle. Assumez-la. Aujourd’hui, celui dont on se moquait au lycée vit de sa passion.”

Vous regrettez de vous être laissé faire marcher sur les pieds au lycée?


“Je n’ai pas de regrets, car c’était une autre époque, moins inclusive. Mais oui, j’aurais grave adoré pouvoir assumer ma part de féminité, ma façon de parler, le fait que je ne traînais qu’avec des filles. J’aurais adoré pouvoir en faire une force et ne pas en avoir honte.”

On peut être heureux même si l’on ne répond pas aux injonctions de la société”

Vous avez mis du temps à vous éloigner de ces cases, dans lesquelles on voulait à tout prix vous ranger?


“Oui, car j’ai grandi en voyant des publicités, des magazines qui illustraient des familles blanches, avec leurs deux enfants. Je n’avais pas d’exemple, pas de références qui correspondaient à mes envies. Aujourd’hui, je sais que même si l’on fait les choses différemment, qu’on ne rentre pas dans les codes, on peut être bien dans ses baskets. On peut être heureux même si l’on ne répond pas aux injonctions de la société. C’est cool d’aimer ses imperfections.”

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Sur ce disque, vous abordez la notoriété, qui a changé votre rapport aux autres...


“J’ai dû accepter le fait que cette notoriété, le fait d’être reconnu dans la rue était un nouveau trait de ma personnalité.

J’ai eu des relations, sentimentales ou autres, qui étaient très intéressées. Des gens qui m’ont demandé de les afficher dans mes stories Instagram ou même de leur donner de l’argent... Ça arrive. Je ne vais pas arrêter d’accorder ma confiance aux autres pour autant, ce serait triste. Autant m’enterrer tout de suite!”

Bateaux-Mouches évoque vos débuts. Vous avez pas mal galéré?


“C’était parfois ingrat, relou, de chanter tous les soirs sur ces Bateaux-Mouches, où l’on ne vous accordait pas un regard, pas un sourire. Mais je ne veux pas cracher dans la soupe. Cet exercice m’a construit, m’a formé, il m’a donné la niaque, l’envie d’aller plus loin, d’un jour chanter dans des salles de concerts.”

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Sur Val de Larmes, vous évoquez le racisme, du point de vue d’un homme blanc, qui s’est toujours senti privilégié...


“Oui, même si gamin, je ne m’en rendais pas forcément compte. Quand on allait au centre commercial, Mehdi et Salim, le Noir et l’Arabe, étaient toujours les seuls à se faire contrôler. C’était comme ça, on ne posait pas de questions, peut-être qu’ils avaient fait quelque chose... Quand tu grandis, tu vois les choses différemment. On qualifie parfois notre génération de génération Calimero, une génération de victimes qui se sentent bafouées, offensées en permanence. Heureusement que ces victimes osent parler, leur discours est une force. Mais il faut aussi que des personnes comme moi, qui ne sont pas des victimes, s’allient à leur cause pour dire que ce n’est pas normal, qu’il faut que ça cesse.”

Vous êtes un chanteur engagé?


“Sur mon premier album déjà, je déconstruisais la notion de masculinité, je défendais l’homosexualité. Dans le but de sensibiliser, de bousculer. Donc, oui, c’est un discours politique. J’ai envie que ma musique pousse à la réflexion, qu’elle amène ceux qui l’écoutent à s’intéresser à des sujets qu’ils ne connaissaient pas ou trop peu, à partager leur point de vue.”

À tous les bâtards, d’Eddy de Pretto (Universal Music). En concert le 14/10 à Forest National (Bruxelles). Infos: www.teleticketservice.com



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