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© Getty Images

POLOGNE: un test permet désormais de savoir si une femme a pris une pilule abortive

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

En Pologne, un laboratoire vient d’annoncer la mise au point d’un test capable de détecter si une personne a ingéré une pilule abortive. Une mesure qui impacte un peu plus le droit des femmes à disposer de leur corps dans le pays.

La nouvelle fait froid dans le dos et va permettre de traquer les femmes ayant eu recours à cet avortement médicamenteux pour les condamner. En effet, en Pologne, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de « danger pour la vie ou la santé de la femme ou personne enceinte, ou si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste », selon Amnesty International. Or, jusqu’à présent, certaines femmes réussissaient à se procurer des pilules abortives qui leur permettaient d’avorter sans que le gouvernement soit au courant. Pour pallier ce biais, le gouvernement serait à l’origine d’un nouveau test mis au point dans un laboratoire polonais. Selon le New York Times, ces tests, qui permettent de détecter si une patiente a eu recours à la pilule abortive, auraient déjà été utilisés par les autorités.

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Une répression extrême

La Pologne est l’un des pays européens avec la législation la plus restrictive en matière d’avortement. En janvier 2021, alors que de nouvelles interdictions entraient en vigueur, au moins trois femmes sont mortes, faute d’avoir eu accès à un avortement encadré. En mars 2023, une militante pro-choix a été poursuivie pour avoir mis à disposition de femmes des pilules abortives. Cette fois-ci, la répression passe à un niveau supérieur avec ce test qui identifie le mifépristone dans le sang et le misoprostol dans le placenta, deux molécules qui sont généralement présentes dans les pilules abortives. Les recherches qui ont mené à ce test, concluant lors des essais, ont été financées par le gouvernement polonais lui-même.

Un système de surveillance des grossesses

Selon un porte-parole du bureau du procureur de Wroclaw, qui s’est entretenu avec le New York Times, les autorités polonaises ont déjà eu recours à ce test pour enquêter sur certaines femmes dont les grossesses ne se sont pas bien déroulées. Une manœuvre possible grâce au registre numérique de grossesses mis en place en 2022 pour recenser les grossesses et leur déroulement. Ce nouvel outil scientifique serait utilisé pour condamner les femmes ayant recours à ce type d’IVG. Une méthode que le média américain Jezebel s’inquiète de voir s’exporter à l’avenir aux États-Unis, où l’avortement est devenu illégal dans de nombreux États. 

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