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© Unsplash

““ARE WE DATING THE SAME GUY?””: le groupe Facebook pour dénoncer vos dates dangereux 

Justine Rossius

“Are we dating the same guy?”. Vous avez peut-être vu passer ce groupe Facebook, qui invite les célibataires à partager leurs mauvaises expériences de dating avec des mecs jugés pas fiables voire dangereux.

Si vous êtes familière des applications de rencontres et du dating en général, vous avez peut-être été confrontée à des mauvaises expériences. Des mecs qui ne donnent plus signe de vie après vous avoir parlé jours et nuits (coucou le ghosting), d’autres prétendument monogames et prêts à s’engager dont vous finissez par apprendre qu’ils datent le monde entier… ou encore des hommes sexistes, irrespectueux, phallocrates voire carrément dangereux. Eh oui, le dating s’assimile parfois à une véritable jungle pour celles qui ne perçoivent pas les red flags directement. C’est pour cela, initialement, que le groupe privé Facebook « Are we dating the same guy ? » a été créé à New York, en 2022. Depuis, des centaines de villes et pays ont repris le même concept. Celui de Belgique comptabilise plus de 3000 membres.

Connaissez-vous cet homme?

L’idée? Si vous avez été confrontée à un homme potentiellement dangereux, vous pouvez en quelque sorte le dénoncer via ce groupe. Dans l’autre sens — et c’est surtout comme ça que ça marche ! — si vous datez un homme ou que vous êtes sur le point de le rencontrer, vous pouvez également prendre vos précautions en faisant appel à la communauté : vous publiez une capture d’écran du profil de rencontre de cet homme sur une application et les autres membres répondent en indiquant les informations qu’elles ont sur cet homme. Ce qui permet in fine de protéger les femmes susceptibles d’avoir affaire à une personne qui s’est déjà montré toxique ou dangereux avec une autre femme.

Faire justice sur les réseaux sociaux

Sur le groupe bruxellois, on comptabilise à peu près une nouvelle publication toutes les deux heures. « Julien* de Anvers. Gros red flag. Multidating, lover bomber & narcissist » (*les noms ont été changés), « Bonjour les filles, méfiez-vous de cette personne. Il se fait passer pour un médecin urgentiste et en profite pour vous arnaquer. Plusieurs victimes ont déjà porter plainte contre lui ». Le but initial du groupe est tout à fait louable : il en va de protéger les femmes d’hommes prédateurs, dangereux, manipulateurs. Voire de leur éviter du harcèlement sexuel. On peut y voir une manière maline pour les femmes de faire justice, et de ne pas laisser des hommes dangereux s’en sortir en toute impunité. On y voit aussi un certain bon sens: rencontrer en tête-à-tête un parfait inconnu au bataillon peut présenter certains risques, et force est d’avouer que les histoires de tordus ne manquent pas. « Are we dating the same guy ? » est, en ce sens, une initiative bienveillante et de sororité.

On peut y voir une manière maline pour les femmes de faire justice, et de ne pas laisser des hommes dangereux impunis.

Respect de la vie privée et présomption d’innocence

Mais ce type d’initiative pose aussi question et comporte quelques dérives. Notamment par le fait que le groupe rassemble tant des questions du type : « mon petit ami me trompe-t-il ? » que des allégations bien plus graves, allant d’agressions sexuelles, au harcèlement en passant par des fraudes financières.

Dans le monde du dating, déjà, les définitions d’un « red flag » peuvent varier d’une personne à l’autre. Nous ne serons pas tous et toutes sensibles aux mêmes signaux d’alerte, en fonction de nos expériences passées et de notre vécu. Les façons de considérer une application de rencontres peuvent aussi varier : on peut y voir une plateforme pour trouver l’amour ou une façon de s’amuser. Enfin, une relation se construit souvent à deux, dans une dynamique spécifique, qui peut ne pas toujours apparaître clairement aux autres membres du groupe, qui ne disposent donc pas de toutes les informations permettant de juger un individu. Autrement dit : les témoignages peuvent manquer d’objectivité. Enfin, le groupe étant — assez logiquement — uniquement ouvert aux femmes, les principaux intéressés ne peuvent pas se défendre lorsque quelqu’un publie un post à leur sujet. Certains hommes s’inquiètent dès lors de l’existence de ce groupe, qui leur paraît comme une invasion de leur vie privée et une occasion de les saboter. Et il est vrai qu’un groupe similaire axé sur les comportements des femmes nous laisserait sans doute aussi un goût amer.

Reste qu’un homme qui n’a rien à se reprocher ne devrait pas redouter de telles initiatives (se pose tout de même l’importante question du: qui peut se targuer de ne rien avoir jamais eu à se reprocher?). Mais si l’existence de ce groupe peut pousser des hommes à réfléchir à deux fois avant d’avoir un comportement problématique, ce groupe a toutes les raisons d’exister.

On peut donc se demander légitimement si un groupe Facebook est la meilleure manière d’assurer la sécurité des femmes, mais le succès de cette page et les milliers de membres qu’elle rassemble prouve que le sentiment de méfiance et d’insécurité des femmes est réel. Et qu’un tel outil est malheureusement encore nécessaire.

Reste que s’il peut pousser des hommes à réfléchir à deux fois avant d’avoir un comportement problématique, ce groupe a toutes les raisons d’exister.

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