Dans les années 80, dans le sud de la France, 5 jeunes femmes ont braqué 7 banques. Le film Le Gang des Amazones revient sur cette histoire vraie. Rencontre avec Mélissa Drigeard, la réalisatrice, et Mallory Wanecque, l’une des actrices.
Mélissa, pourquoi avoir choisi de faire un film sur ce sujet?
Mélissa « J’avais très envie de faire un film social. Un ami m’a parlé du podcast Affaires sensibles sur Radio France et c’est là que j’ai découvert cette histoire incroyable des Amazones. J’ai contacté l’une des filles du gang, et 2 jours après, j’étais dans le sud de la France pour les rencontrer. »
Mallory, avez-vous rencontré Carole, que vous interprétez?
Mallory « On a eu l’occasion de rencontrer les Amazones, elles ont assisté au tournage du procès. C’était très intense et enrichissant de les avoir avec nous, 30 ans plus tard, dans la même salle. On a même joué certains braquages dans les vraies banques. Par contre, Carole, la seule à avoir plaidé non coupable, n’a pas voulu participer au projet. »
Lire aussi: SANTA: “Je suis née avec une timidité maladive”
Que pensez-vous de ce choix de défense?
Mélissa « Carole a voulu protéger ses parents. Je trouve que son personnage est magnifique, on ne la voit pas venir. Elle a cette espèce de légèreté, puis elle décide de plaider non coupable. Je trouve que c’est très sacrificiel. Pour moi, ce film parle aussi de déterminisme social et affectif. »
Comment vous avez choisi vos 5 actrices?
Mélissa « Jai tout de suite pensé à Lyna Khoudri pour le rôle principal. Puis j’ai pensé à Mallory que j’avais adorée dans L’Amour ouf. J’ai ensuite proposé à Kenza Fortas qui avait été sublime dans Shéhérazade. Je trouve qu’Izïa Higelin ressemble à son personnage et j’aimais bien l’idée de demander le dernier rôle à Laura Felpin. Pour moi, une actrice qui vient de l’humour et du stand-up est très chargée émotionnellement. Elles ont accepté toutes les 5! »
Mallory, avez-vous des points en commun avec votre personnage?
Mallory « Oui, j’ai comme point commun le sens de l’amitié. Quand j’aime une personne, je l’aime à 100 %. Je partage ce sens de l’amitié avec elle. »
Pourquoi ont-elles braqué des banques?
Mélissa « Cette histoire commence par une grande injustice sociale. L’une des filles s’est retrouvée sans revenus suite à une erreur d’allocations. Si elles ont braqué des banques, c’est parce qu’elles avaient besoin de nourrir leurs enfants. Elles ont fait face à une grande désillusion. »
Ont-elles des regrets?
Mélissa « Oui, bien sûr. Elles trouvent horrible d’avoir traumatisé des gens, mais elles ont aussi fait du mal à leurs enfants et leurs proches. Elles ont été longtemps absentes aussi. »
Est-ce que vous pensez que sans Katy, la tête pensante, il n’y aurait pas eu de braquages?
Mélissa « Katy avait déjà un pied dans le banditisme. C’est grâce à elle aussi qu’elles ont trouvé des armes. C’est elle qui est derrière cette idée, oui! »
Est-ce que Katy aurait dû avoir une peine plus lourde que les autres?
Mélissa « Aujourd’hui, je pense que oui car c’était la seule à avoir récidivé. Mais à côté de ça, elle a aussi incarné un rôle de grande sœur. Katy, c’était un Robin des Bois, elle a beaucoup distribué d’argent autour d’elle, elle aidait les gens. La dernière fois que je l’ai vue, je lui ai dit qu’elle avait une magnifique chemise. Elle m’a dit: ‘Si tu veux, je te la donne.’ Ça, c’est tout à fait Katy! Elle est profondément comme ça et je pense que les jurés l’ont ressenti. »
Mallory, qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre Mélissa dans ce projet?
Mallory « Beaucoup de choses! Le charisme de Mélissa, mais aussi le scénario qui est très bien écrit. J’aime bien l’idée de ces femmes qui s’attaquent à des banques pour sortir d’une situation, c’est hyper intéressant à tourner. C’est un film qui parle de misère sociale et affective, j’ai trouvé ça hyper beau et ça me touche beaucoup plus quand le cinéma raconte des vrais faits-divers. On fait du cinéma pour bouger les choses. »
Est-ce que les vraies Amazones ont vu le film?
Mélissa « Oui, et elles en sont très fières. Katy a pleuré du début jusqu’à la fin. Ça leur rappelle beaucoup de choses. Émotionnellement, ce n’est pas facile, mais elles sont fières d’avoir pu le montrer à leurs enfants. Ça leur a permis, je pense, de comprendre pas mal de choses. »
Le Gang des Amazones, actuellement au cinéma.
Texte: Amandine de Harlez
Lire aussi:
