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J’ai rencontré l’homme de ma vie sur Tinder, moi qui n’y croyais pas

La rédaction

Après plusieurs relations sérieuses et d’autres moins sérieuses, j’ai rencontré la personne qui a tout changé. Celle qui m’a donné envie d’aller plus loin et de construire sur le long terme (voire pour toujours).


Je ne me définirais pas comme une grande romantique. J’ai mes côtés cucul la praline et je suis très sensible. Mais en matière de relation, j’ai besoin de faire confiance et de pouvoir être moi-même à 100% pour me sentir épanouie. Forcément, et n’importe quelle personne qui a été en couple le confirmera, ces choses-là prennent du temps, qu’on le compte en jours ou en mois. Dans mes relations précédentes, je dirais que cette complicité s’est construite petit à petit. Parfois, elle a duré (quatre et cinq ans pour mes deux plus longues relations). Parfois pas (coucou les “je préfère qu’on reste amis”).

Côté coup de foudre, et c’est là que mon côté romantique intervient, j’y crois à 100% mais peut-etre pas dans le sens premier du terme. Pour moi, chaque personne qui croise notre route nous construit, nous fait évoluer, nous permet d’apprendre. Chaque personne que j’ai aimée, même une seconde, a été un coup de foudre. Parce qu’à un moment donné, elle a pu m’apporter ce dont j’avais besoin, me surprendre, me chérir, me challenger. Elle a été un éclat, la personne la plus importante de ma vie pour un instant. D’ailleurs, je peux dire sans crainte que quand j’aime une fois, j’aime pour toujours. Qu’on m’ait blessée, trahie, déçue, ça n’a pas d’importance. Je garderai toujours de l’amour pour ces êtres qui ont marqué ma vie.

J’y ai cru, à chaque fois. J’ai tout donné comme si ma vie en dépendait et certains me l’ont rendu. Pas question de faire les choses à moitié, c’est comme ça qu’est mon caractère. Mais force est de croire qu’aucun d’entre eux n’était le bon puisque l’un a laissé la place au suivant etc. Et ce n’était pas grave. J’ai vécu ces expériences en profitant de chaque instant, en sortant grandie et désireuse de faire mieux la prochaine fois. Je n’étais pas dans une quête d’amour pour toujours, c’est là que je veux en venir. Si ça arrivait, tant mieux, je n’aurais pas craché dessus. Mais le désir de m’établir pour de bon ne me faisait pas fantasmer outre mesure.

Et puis il y a eu le mois d’avril


Si je vous raconte mon passé de loveuse, c’est pour remettre en contexte cette rencontre inattendue qui a bouleversé ma façon de penser. Avril 2018, je rentre d’un voyage avec l’une de mes meilleures amies. À ce moment-là, je suis en couple et tout a capoté.

Notre relation battait de l’aile malgré notre merveilleuse entente sur tous les plans. Nos visions de l’avenir n’étaient tout simplement pas les mêmes. Petit à petit, l’air de rien, on s’est rendu compte que ça ne marcherait pas. Mais l’électrochoc du “il faut qu’on rompe” a eu lieu dans l’avion du retour quand j’ai eu un de ces coups de foudre décrits plus haut pour un steward. Une histoire d’atomes crochus qui n’aura duré que quelques secondes mais suffisamment pour mettre fin à ma relation.

Ça a été la rupture la plus facile de ma vie. Elle s’est faite dans le respect, avec un câlin d’adieu, des mots doux et beaucoup d’affection. D’ailleurs, aujourd’hui encore, on prend régulièrement des nouvelles l’un de l’autre. Comme si une jolie parenthèse s’était tout naturellement refermée.

Malgré tout, la période qui a suivi cette rupture n’a été que chaos dans ma tête et mon petit coeur. Je suis passée par une phase étrange d’euphorie mêlée à une sorte de déprime. Je vous la fais en bref: j’ai flirté avec une poignée de gars en quelques jours à peine, allant parfois jusqu’au lendemain matin. Mes amies se sont inquiétées de ce changement soudain de comportement. Moi, j’avais juste l’impression de brûler la vie par les deux bouts.

Fin avril, je vais un pas plus loin pour fêter mon célibat/m’investir dans mon travail et je télécharge Tinder. Moi qui n’ai jamais testé l’application dont tout le monde parle et en tant que journaliste dévouée à son travail (“c’est pour la recherche”), je décide d’écrire un reportage sur la façon dont se déroulent les rendez-vous et sur le fonctionnement de la gente masculine dragueuse.

Lors de chaque match, j’explique clairement ma démarche à mes interlocuteurs: “j’écris un reportage et j’aimerais t’interviewer autour d’une bière”. Avec des warnings “ce n’est pas un date” à chaque phrase. Mon reportage se construit doucement dans ma tête. Je m’amuse beaucoup à découvrir toutes ces techniques savamment étudiées pour pécho. Et puis je rentre chez moi, en quête du prochain.

Et puis il y a eu François


Un beau jour (ou était-ce une nuit?), je matche avec François. On discute une soirée entière de nos vies respectives mais sans vraiment se lancer dans la séduction. Ça se passe mais sans plus. Plutôt dans l’action que dans l’attente, il me propose qu’on se rencontre le vendredi suivant pour boire un verre.

Ce jour-là, l’envie me passe. J’arrive avec 40 minutes de retard, les cheveux en vrac, pas vraiment apprêtée. Je n’attendais absolument rien de cette soirée sinon de rentrer chez moi pour m’écrouler devant Netflix. Il m’attendait au coin de la rue. Au vu de mon retard, j’avais marché plus vite que mon ombre, arrivant à moitié essoufflée. Mais quand nos regards se sont croisés, il s’est passé un truc. Un truc indescriptible que je ne pouvais même pas partager avec lui parce qu’il m’aurait prise pour une folle.

Comment vous dire sans tomber dans le cliché? J’ai su. En un regard, une seconde, un sourire, j’ai su que c’était lui. Mais pas question de s’emballer tout de suite. La soirée est passée plus vite que toutes les autres. C’est comme si on s’était toujours connus. On a discuté comme des vieux amis qui se sont quittés la veille. On a ri, tiré à la carabine à la foire, dansé sur une place bondée. On parle si vite que les sujets changent toutes les deux minutes.

Au bout de deux heures, il m’annonce qu’il s’envole pour le Japon deux semaines plus tard et m’explique les yeux écarquillés et le sourire aux lèvres que ça serait complètement dingue qu’on parte ensemble. N’importe qui aurait flippé mais c’était tellement naturel que j’ai acquiescé, un peu pompette.

Lui, je le découvrirai plus tard, est très cartésien et a besoin d’analyser tous les risques d’une situation pour se lancer. Moi, je suis ce qu’on appelle communément une “bourre dans le lard”. Quand il est venu le temps d’échanger notre premier baiser, je savais qu’on y pensait tous les deux depuis longtemps et j’en avais marre d’attendre. Je me suis lancée, maladroitement. Et le feu d’artifice a éclaté.

Une semaine plus tard, il rencontrait mes amis et ma famille (!) à l’occasion d’une soirée surprise où j’avais eu le culot de l’inviter. Qui fait ça? Qui invite son date Tinder à une soirée avec tous ses proches au bout d’une semaine? Pas la moi d’avant, c’est sûr. Mais je n’avais peur de rien. À raison, puisque tout le monde est étonné par notre complicité. “On dirait que vous êtes ensemble depuis des années” me disent mes amies. Ma maman, qui n’a jamais prononcé ces mots auparavant, me prend à part entre quatre yeux et m’avoue qu’elle a la sensation inexplicable que “c’est le bon”. Ça été un signe indéniable pour moi. Elle me confirmait ce que je pensais depuis le début.

Sur le chemin du retour, à l’arrière d’une voiture et à côté de mon frère, on se regarde droit dans les yeux intensément pendant une éternité. Au moment où il ouvre la bouche, je lui chuchote que je sais ce qu’il va dire mais qu’on n’a pas le droit de se dire “ça” si vite. On se sourit. On s’aime, c’est évident. Depuis la première seconde, sans doute. Mais personne ne pourrait comprendre, personne ne fait ça. Impossible d’ailleurs d’expliquer rationnellement la plus irrationnelle des histoires. Si une de mes amies m’avait dit qu’elle était amoureuse au bout d’une semaine, je lui aurais remis les idées en place en lui expliquant longuement tout l’intérêt d’apprendre à se connaître, que nos corps et nos hormones nous trahissent en début de relation. J’ai changé d’avis, vous vous en doutez bien.

Avant son départ pour le Japon, il est passé chez moi. On a discuté pendant des heures de notre relation qui va beaucoup trop vite, de nos sentiments explosifs, de cette sensation d’évidence qu’on partage depuis le début. On en vient à pleurer tous les deux, envahis par l’émotion. C’est là que je lui ai dit, dans la plus grande sincérité, et sans en regretter un seul mot, que je l’avais attendu depuis toujours.

Finalement, je ne l’ai pas accompagné à l’autre bout du monde. Les deux semaines qui ont suivi son départ ont été les plus longues de ma vie. Durant son voyage, il m’a envoyé une vidéo d’une Japonaise qui danse avec un panneau publicitaire dans une vitrine avec en légende “si tu fais ça à mon retour, je t’épouse”. Je ne suis pas certaine qu’il se rendait compte de ce qu’il disait. Parce que deux semaines plus tard, j’étais à l’aéroport en tutu et hautes chaussettes avec une grande pancarte mentionnant son nom. Je l’ai vaillamment agitée sur la chanson “Japanese Boy” dans le hall d’arrivée, devant des dizaines de personnes. Il n’en croyait pas ses yeux. C’était notre moment “Love Actually”.

Depuis qu’il est rentré, on ne s’est pas quittés. Pas même lorsqu’il est reparti au Japon à la fin du mois du juin. Cette fois-là, il n’était plus question de rester en Belgique. Le Japon, la Slovénie, le Pérou. Les voyages se suivent mais ne ressemblent pas. En quelques mois, on a littéralement traversé le monde entier.

Tout ce qui a suivi n’a été qu’une suite logique. Aujourd’hui, on vit ensemble. On se dispute. On se réconcilie. On s’aime et on se dit tous les jours qu’on a une chance inouïe de vivre ce qu’on vit. Et mon coeur n’a jamais battu si fort.

On dit souvent que quand on trouve le bon, on le sait, on le sent. Chaque relation est différente. Chaque histoire est différente. Mais je serai bien hypocrite de vous dire que ce n’est pas vrai.

Si vous vous demandez si j’ai publié mon fameux reportage sur Tinder, la réponse est non. Parce que jusqu’à présent, je voulais garder ma belle histoire pour moi, comme une preuve que tout est possible. C’est aussi la raison qui me pousse à partager ce moment si intime de ma vie personnelle avec vous aujourd’hui. La vie est pleine de surprises. Et parfois, au détour d’une rue, même quand on a les cheveux gras, elle peut changer du tout au tout.

 

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