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La compatibilité amoureuse: mythe ou réalité?

Justine Rossius

La 6e saison de Mariés au premier regard bat son plein sur nos petits écrans. Cette année, le psychologue Jean-Luc Beaumont a disparu des radars de l’émission, pour lancer SayLove, son application de rencontre, basée sur un algorithme de compatibilité amoureuse. L’occasion de nous interroger: la magie de l’amour est-elle appréhendable par la science?

Chaque année, l’émission Mariés au premier regard rassemble des milliers de téléspectateur·rice·s. L’enjeu? Faire se rencontrer des hommes et des femmes compatibles selon la science dans l’espoir de les faire tomber amoureux… et qu’ils se marient, au premier regard! Pour créer ces duos, les participant·e·s doivent répondre à un questionnaire permettant de leur attribuer un taux de compatibilité. C’est sur une version élaborée de ce questionnaire qu’est basée ­SayLove, l’application de rencontre créée par Jean-Luc Beaumont, docteur en ­Psychologie et ex-spécialiste de ­l’émission, qui a passé de nombreuses années de sa vie à étudier la question de la compatibilité amoureuse.

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L’application, tout comme la ­production signée RTL, partent d’un principe qui peut surprendre: l’amour ne serait pas uniquement le fruit doux et juteux du hasard. À la manière de la loi de l’attraction, les papillons dans le ventre seraient appréhendables selon la science. Si tel est le cas, qu’est-ce qui définit une bonne compatibilité amoureuse? « Pour être compatible, il faut un taux important de similarités, et un taux certain de complémentarité, ­explique Jean-Luc Beaumont. La première est plus importante, mais il est important que les deux partenaires  se distinguent, sans quoi le couple risquerait de ­s’ennuyer. » Aux yeux du spécialiste, le couple serait une façon de ­devenir une meilleure version de nous-mêmes. Si votre choubidou ne sait pas planter un clou alors que vous excellez en ­bricolage, mais qu’il adore planter des choux alors que vous faites mourir vos cactus, vous pouvez apprendre de l’autre, de ses différences. « Il est même plutôt sain que chacun puisse suppléer l’autre en cas de besoin, mais se ­répartir les tâches en fonction des prédilections peut améliorer la relation, souligne le spécialiste. Le couple aboutit à une version hybride qui est plus compétente que les deux entités initiales. »  Alors que vaut alors l’adage ‘qui se ­ressemble s’assemble’?

Dis-moi qui tu es, je te dirai qui tu aimes

Le fait de pouvoir vivre ensemble sans s’entretuer après plusieurs années proviendrait aussi en partie d’une compatibilité de personnalités, que l’on compte au nombre de cinq. On les appelle d’ailleurs les Big Five, en psychologie: l’ouverture (vouloir apprendre et découvrir), la conscienciosité (être consciencieux·se, organisé·e…), l’extraversion (trouver le bonheur entouré·e d’autres individus), l’agréabilité (avoir la volonté d’être aimable avec les autres), et le névrosisme (être de nature ­inquiète et anxieuse).

À quelques ­exceptions près, des études ont montré que pour une meilleure compatibilité, il fallait que les personnalités se ­rapprochent, même si dans certains cas, un extraverti pourra s’entendre avec un introverti

explique Jean-Luc Beaumont. Une personne ­consciencieuse s’entendra mieux avec une personne consciencieuse ­également. Une personne agréable s’entendra mieux avec une personne agréable, même si cela peut ­fonctionner aussi avec une personne dite désagréable. Par contre, des études ont démontré que deux ­personnalités désagréables ­– ­pessimistes et râleurs – auront du mal à rester longtemps ensemble. »

Les compétences pour aimer mieux

L’amour serait-il à la portée de tou·te·s, dès lors qu’on tomberait sur 70 % de compatibilité? Pas vraiment, si l’on en croit la théorie des compétences conjugales, soit des qualités indispensables au bonheur conjugal. Ces compétences, qui nous apporteraient une compatibilité quasiment universelle, ne s’apprennent malheureusement pas à l’école. « Elles sont essentielles pour passer à travers les difficultés que ­rencontreront inévitablement les couples. Ce sont en quelque sorte des stabilisateurs conjugaux, explique le psychologue. Le savoir-être ne ­s’apprend pas de manière académique. Ce dernier reprend notamment le fait de savoir s’affirmer, sans se ­montrer ni agressif, ni soumis; le fait d’être bienveillant avec l’autre, de ­pouvoir réguler ses émotions. »

Outre cette gestion des émotions ou cette bienveillance, d’autres soft skills nous permettraient d’évoluer dans un couple de manière fluide et agréable: l’humour, l’optimisme ou encore l’empathie. Bonne nouvelle: certaines compétences conjugales s’améliorent, notamment au moyen de la thérapie. C’est le cas de l’empathie. « En séance, je rencontre souvent des couples qui manquent d’empathie et en pâtissent, raconte Jean-Luc Beaumont. Je les invite à écouter la souffrance de leur partenaire, à adopter une posture d’écoute: ils doivent se mettre à la place de l’autre, comprendre leur vécu, leur éducation et leur passé amoureux. » Quant à la gestion des émotions, qualité essentielle pour éviter de briser des assiettes, elle se travaille par le biais d’une thérapie comportementale et cognitive. « Ici, le processus passe par la reconnaissance des moments où le corps commence à bouillir. Il faut apprendre à identifier le message que veut nous faire passer l’émotion que l’on ressent. » Ainsi, l’expression de la colère (la vaisselle en mille morceaux, par exemple) peut, si on y regarde de plus près, signifier la peur de perdre sa moitié. « Il faut apprendre à exprimer cette peur qu’on appelle émotion soft plutôt que la colère et le dégoût qui sont des émotions dites hard. »

Regarder ensemble dans la même direction

On connaît tou·te·s des couples super bien assortis, contraints de se séparer pour ne pas que l’un ou l’autre ne doive renoncer à son rêve d’enfanter, de voyager ou de se dire oui pour la vie. Sans projets de vie communs, le couple aura du mal à durer. Ces visions de la vie vont souvent de pair avec les valeurs: un ingrédient lui aussi de taille dans l’algorithme de la compatibilité: « J’accompagne souvent des couples au bord de la rupture à cause d’un désaccord quant à l’éducation des enfants », explique Jean-Luc ­Beaumont, avant de rappeler que projets de vie, comme valeurs, peuvent évoluer au fil des années, car si, à 20 ans, on peut vouloir vivre en ville et penser ne jamais vouloir d’enfants, le cap de la trentaine vient parfois perturber les plans. « L’essentiel est alors d’évoluer dans la même direction », détaille le spécialiste. Mais comme pour les personnalités, il n’est pas nécessaire que les valeurs qui vous guident soient 100 % identiques, au contraire, là encore, la richesse ­réside dans la différence, à condition qu’elle ne soit pas trop extrême. Ah l’amour, ce doux équilibre…

Et le physique?

Si vous êtes un·e adepte de l’émission Mariés au premier regard, vous vous rappellez sans doute de Junior et Manon: ce couple tristement ­emblématique, qui, malgré une ­compatibilité haute de plus de 78 %, n’avait pas matché. En cause: Manon ne correspondait pas au goût ­esthétique de Junior. « Être attiré par l’autre est fondamental et n’est pas toujours identifiable par des tests », admet Jean-Luc Beaumont. D’autant plus que l’attirance ne se résume pas à un visage ou un corps: « La morphologie, la gestuelle, le charisme, les ­mimiques, la façon de se mouvoir dans l’espace sont autant de critères à prendre en compte dans l’attirance entre deux individus. » Et que penser de l’aspect presque chimique d’une attirance entre deux êtres? « Elle peut bien sûr exister, mais elle ne veut en aucun cas signifier qu’il y aura une compatibilité à long terme. On peut être ainsi attiré par une personne et en souffrir énormément. Être tiraillé entre cette attirance corporelle, presque animale, et la problématique relationnelle que cette attirance génère. » C’est ce que l’on remarque lorsque deux personnes vivent une histoire passionnelle, mais déchirante.

Magie, magie

De tout temps, l’amour a été perçu comme une expérience transcendantale. Comment expliquer un cœur qui s’agite, des pupilles qui se dilatent et des jambes qui flanchent au contact d’un simple individu si ce n’est par une dose de féerie? On dit que le cœur a ses raisons que la raison ignore et il est vrai que dans un monde où la raison prédomine, l’amour est encore ce qui échappe aux champs des laboratoires. Mais tenter d’y apporter une explication scientifique aurait ses avantages, sans pour autant en détruire le caractère magique. « Pour l’instant, la science ne peut pas déterminer le feeling amoureux. Cela reste l’heureux fruit du hasard, note Jean-Luc Beaumont.

L’inconnue du frisson amoureux reste indemne, mais la compatibilité permet de savoir à l’avance qu’il y a possibilité d’un fonctionnement agréable sur le long terme. 

Les mathématiques de l’amour permettent finalement de gagner du temps et d’acquérir un peu du lâcher-prise nécessaire à cette grande aventure qu’est l’amour.

À propos de SayLove: créée par Jean-Luc Beaumont, ­l’application SayLove repose sur une version améliorée du ­questionnaire de compatibilité amoureuse qu’il avait lui-même élaboré pour Mariés au premier regard. En vous inscrivant, vous répondez à un quiz le plus sincèrement possible reprenant plus de 300 questions sur vos ­valeurs, vos projets de vie, vos ­qualités et défauts. L’application vous dévoile les profils des ­personnes compatibles avec vous sur le long terme. Elle ­propose aussi un service de conseils personnalisés et des ­exercices pour améliorer vos ­compétences conjugales et donc votre potentiel de compatibilité.

SayLove, disponible sur Android ou sur Saylove.be. L’appli est gratuite pour les premiers 100.000 utilisateur·rice·s.

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