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Témoignage: ““Je ne veux pas d’enfant””

Justine Rossius
Choisir de ne pas avoir d'enfant dérange encore dans une société où la maternité est considérée comme logique, voire comme l'aboutissement de la vie d'une femme. Pourtant, Séverine, 33 ans, assume cette décision à 100 %.

"Je ne m'étais jamais posé la question. Pour moi, c'était logique d'avoir un enfant. Après avoir rencontré mon compagnon actuel à 29 ans, c'était une évidence: le moment était venu d'en avoir un. Mais bizarrement, je postposais toujours. J'ai fini par me remettre en question et j'ai compris que je n'en avais pas envie. Et que non, avoir des enfants n'était pas 'logique', c'était juste un choix. En fait, je ne m'étais jamais réellement imaginée mère. Un soir, j'ai dit à mon copain: et si je t'avouais que je ne voulais pas avoir d'enfant? Il m'a expliqué que lui non plus.

Je me suis sentie si libre quand j'ai compris que ce n'était pas une obligation, quand j'ai réussi à mettre des mots sur ce sentiment.

On a passé la soirée à lister toutes les choses qu'on allait pouvoir réaliser en renonçant à notre parentalité. Ça a été un beau moment. Et on a commencé à le dire à notre entourage.

 

Envie de profiter

Etre parent, c'est endosser une responsabilité énorme à vie. Mon compagnon et moi, on est impulsifs, on a  envie de pouvoir partir en voyage sur un coup de tête, de s'octroyer des grasses matinées, de dépenser tout l'argent de notre treizième mois pour réaliser nos rêves, ne pas devoir mettre de l'argent de côté pour l'Université, etc. On vient de revenir de croisière, on est partis hors-saison pour un tiers du prix normal. Avec des enfants, c'est impossible évidemment.

Quand je vois mes collègues qui doivent conduire les enfants au sport, leur faire prendre le bain, les aider pour les devoirs... Moi, je n'ai simplement pas envie de ça!

Alors oui, j'ai peut-être un côté égoïste dans le sens où j'ai envie de profiter de la vie et de ne pas me tracasser pour l'avenir.

 

"Et quand tu seras vieille?"

La phrase préférée des gens? 'Mais comment feras-tu quand tu seras vieille?' Je travaille dans un hôpital et je remarque bien que les personnes âgées reçoivent peu de visite parce que leurs enfants sont trop occupés. Ce n'est pas comme avant. Aujourd'hui, on a vite fait de placer ses parents quand on travaille.

J'ai un lien très fort avec mes parents: ils ont toujours tout sacrifié pour nous rendre heureux, mon frère et moi. Toute leur vie était organisée en fonction de nous. Je sais que si j'avais des enfants, j'aurais envie de faire pareil car, c'est ça, pour moi, être parents. Et honnêtement, je n'ai pas la motivation nécessaire de me priver pour un enfant. Mes parents comprennent mon choix, et le respectent même si je pense qu'ils sont un peu déçus. Ma maman me dit souvent: 'Tu es sûre? Tu ne dois pas traîner tu sais...' Quant à ma belle-mère, elle m'a encore dit l'autre jour: 'je suis passée dans un magasin pour bébés, j'ai vu de si belles choses!' Ce genre de réflexions me fait de la peine, car je sais que je ne pourrai pas lui offrir ça.

 

Une extraterrestre aux yeux des autres

Malgré toutes les réflexions, je ne pense pas que je vais vouloir un jour 'rentrer dans le moule'. Quand je vois mes copines qui sont mères, ça ne me donne pas du tout envie de l'être. Elles sont fatiguées, elles ne font plus rien, tout tourne autour de leurs enfants. Ça me conforte dans mon choix, même si elles ne comprennent pas.

Elles sont persuadées que je changerai d'avis, que c'est la logique des choses. En fait, les gens me prennent plus pour une extraterrestre que comme une égoïste.

J'ai l'impression de parler dans le vent, de ne pas être prise au sérieux. Mais je ne culpabilise pas: je suis mes envies et je ne pense pas que je regretterai ma décision. Tout arrive pour une raison." 

 

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