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Lola s’en va

Voilà, l’éditeur espagnol qui m’a appelée la semaine passée me propose le job de mes rêves. Et c’est ici que je tire ma révérence… Pour de nouvelles expériences!

Il me propose de vivre à Madrid pendant six mois.

L’éditeur espagnol a rappelé! Tout s’est passé très vite. Oui, le Señor Gazcon a reçu mon “book”. Et oui, il a aimé. Sadique comme pas deux, il m’a dit lundi qu’il me rappellerait mardi pour me “faire une proposition”. Je pense que j’ai marché comme dans les films muets pendant 24 heures: en accéléré avec plein de petits mouvements parasites.

Moi qui aime raconter des histoires, je vous garantis que je m’en suis construit, des scénarios… Je frôlais l’arrêt cardiaque au moindre coup de fil. Comme j’avais évidemment pris soin de mettre au courant la moindre personne que je connaisse dans ce pays, j’ai reçu des dizaines d’appels “Et alors?”, “Pas encore de nouvelles?” Ma mère m’a appelée environ toutes les heures pour geindre dans le cornet: “Tu ne vas pas partir là-bas quand même? Il y a eu des attentats!” Peter m’a fait le même coup… J’ai même eu droit au couplet sur mon “égoïsme carriériste”. “Hé, on se calme, je ne l’ai pas encore, cette proposition!”

Un roman

C’est précisément quand on lâche avec panache ce genre de réplique qu’un numéro +0034 s’affiche sur l’écran du GSM. J’ai plongé comme un gardien de but sur le petit téléphone et attendu la quatrième sonnerie pour répondre d’un air faussement distrait, en français, à l’homme qui hantait mes rêves. Et, comme dans un conte de fées (ou une comédie romantique anglaise), il m’a fait sa “demande”. Il m’a demandé ma main, pas pour y passer une alliance, mais pour y poser une plume (ou un clavier).

Le Señor Gazcon “Lola, si vous êtes prête à venir en Espagne pour six mois, je vous commande un livre.”

Lola “…”

Je pense que le moment eut été approprié pour articuler quelque chose. Mais parfois, on ne fait pas ce qu’on voudrait: j’ai juste bavé sur mon menton. Peter m’a jeté un regard rempli d’effroi.

Le Señor Gazcon “Bien sûr, vous pourriez travailler depuis la Belgique et m’envoyer vos textes au fur et à mesure. Mais je suis persuadé que, pour le travail que je voudrais vous commander, vous aurez besoin de vivre parmi les Espagnoles, de les côtoyer, de les interroger, de vous mettre dans la peau d’une Madrilène. Les Editions s’occuperaient de vous loger et de vous payer un salaire pendant les six mois que devrait prendre la rédaction du roman.”

Six mois. Un roman. Un contrat avec un éditeur. Je rêve! Mais je croise le regard de Peter qui m’observe avec la même angoisse que si ma peau était en train de se transformer en écailles. Six mois. En Espagne. Sans Peter. Quitter ma famille, mes amis. Cesser d’écrire pour vous. J’avale ma salive.

Lola “Merci de la proposition, je vais réfléchir et je vous rappelle cet après-midi.”

¡Si!

Grande discussion avec Peter: on essaiera de se voir tous les week-ends ensemble, une fois à Madrid, une fois à Bruxelles. Dur, mais il est prêt à me soutenir “si c’est mon rêve…” Ma mère sanglote, mon père est super fier, ma sœur surfe sur skype.com. A la rédaction, elles sont contentes pour moi. Et puis, six mois, ce n’est pas si long. Quand je reviendrai, j’aurai un livre à moi, sous le bras. Une brique de papier broché signée Lola! J’ai rappelé le Señor Gazcon, j’ai dit “¡Si!”…

Dans une semaine, je m’envole pour Madrid.

Et vous, fidèles lectrices, presque copines par mail pour certaines, ou feuilleteuses volages…? Et vous, lecteurs assumés, dragueurs de chroniqueuse, maris attentionnés en recherche de conseils…? Cet échange hebdomadaire avec vous risque de me manquer. Mais j’avais annoncé la couleur: je suis une exploratrice, une expérimentatrice, une aventurière. Et là, le devoir m’appelle.

Adios! Voici venu la fin des expériences de Lola. Merci à vous de les avoir suivies.

Votre dévouée servante. Lola.

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