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#MeTooGay, le hashtag qui libère la parole de la communauté gay

Manon de Meersman

Depuis quelques jours, Twitter voit bon nombre de ses utilisateurs recourir au hashtag #MeTooGay afin de dénoncer les agressions et violences sexuelles dont ils ont été victimes. Un mouvement social rempli de sens qui fait écho à celui du #MeToo lancé en octobre en 2017.


La parole se libère du côté de la communauté LGBT+. L’élément déclencheur? Le 21 janvier dernier, un jeune internaute explique avoir été violé à 18 ans par Maxime Cochard, un élu PCF de la Mairie de Paris, et son conjoint. Ce témoignage a ouvert la porte à de nombreux autres histoires glaçantes, relayées sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooGay.

Des témoignages qui font froid dans le dos


Sexe forcé, domination, chantage, manipulation, révélations non-consenties… Les formes que peuvent prendre les violences enveloppées par le #MeTooGay sont nombreuses.  « J’avais 7 ans. Lui était majeur. Ça a duré un été, sans comprendre ce qui se passait. Emprise. Puis le silence ! Oui, le hashtag #metoogay est nécessaire. Des mots sur des souvenirs douloureux. Un début de guérison pour certains, une dose de courage pour les autres, explique Christophe Gascard, journaliste et présentateur à France Info. À cet âge le mot « viol » ne se comprend pas. C’est plus tard que l’on prend conscience et que l’on se mure dans le silence. Il n’était pas de ma famille : chacun a son chemin, sa propre histoire. Mais aujourd’hui la libération de la parole est nécessaire afin que la société puisse mieux protéger », conclut-il sur Twitter. « Un de mes premiers boulots. J’étais chroniqueur dans son émission sur #SudRadio... Avant chaque émission, il mettait de force sa main dans mon pantalon pour « rigoler ». C’était mon employeur. Je n’ai pas su réagir. Cet homme est encore à l’antenne sur 2 chaînes TV », explique à son tour Alexis Thiebaut, blogueur parisien. « À 19 ans, en extérieur. Préliminaires mais je voulais pas de sodo. Il insistait. J’ai dit non. Il m’a bloqué contre un arbre, m’a menacé, a baissé mon pantalon et m’a pénétré. Il a volé mon i-Pod. Aucun son n’est sorti. Je n’en ai jamais parlé. Je n’en parlerai plus. », explique quant à lui Kent1, un internaute.


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La liste des témoignages relatant de violences et d’agressions sexuelles se multiplient sur Twitter. Une prise de parole courageuse, qui suscite l’émoi et interroge sur la protection et la sécurité des personnes LGBT+. Preuve en est; les tweets de personnalités politiques françaises agrémentées du hashtag en question. «La libération de la parole nécessite du courage, écrit Elisabeth Moreno, la ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l’Égalité des chances. Tout mon soutien à celles et ceux qui témoignent à travers #MeTooGay. Les violences sexistes et sexuelles sont un fléau que nous devons combattre collectivement. Les victimes doivent être crues, écoutées et accompagnées. »


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Pourquoi la parole se libère-t-elle seulement maintenant?


Les raisons pour lesquelles la communauté LGBT+ a choisi de s’ouvrir à un mouvement dans la continuité de celui du #MeToo, 3 ans après le lancement de ce dernier, sont diverses, mais deux d’entre elles ressortent principalement. Tout d’abord, il y a eu une réelle volonté de la communauté gay de ne pas s’approprier un hashtag qui a, au départ, été lancé par des femmes, pour les femmes. Le #MeToo a été l’espace de parole de femmes victimes de violences et d’agressions et bon nombre de membres de la communauté LGBT+ a estimé ne pas vouloir empiéter sur cette admirable démarche qui relevait du courage de nombreuses femmes. Dans ce cadre, le #MeToo a malgré tout constitué un point de départ pour le #MeTooGay. « Les voix exprimées dans MeToo ont appris aux gays à reconnaître les violences qu’ils subissent de la part d’autres hommes, y compris à l’intérieur du milieu gay, comme des violences patriarcales, explique Sébastien Chauvin, auteur du livre « Sociologie de l’homosexualité », au magazine 20 Minutes. MeToo a problématisé la question du consentement comme celle d’une injonction à un homme envers une femme, ce qui a pu expliquer à ce moment que la question des violences sexuelles entre hommes ne se soit pas posée. L’idée d’un désir masculin irrépressible, contribuant à légitimer la culture du viol chez les hétéros, a contribué à compliquer la pensée du non-consentement chez les gays », ajoute-t-il auprès du Huffington Post.


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Ensuite, la peur des représailles, et de facto, des réactions LGBTphobes, ont constitué un réel frein à la libération de cette même parole. L’homophobie reste, malheureusement, encore d’actualité au sein de notre société actuelle, empêchant certains de raconter en toute sécurité leur vécu. Et puis, cette peur de stigmatiser, encore un peu plus, la communauté gay n’a pas été épargnée; cette peur d’être à nouveau pointé du doigt et de subir les clichés, les paroles déplacées, les regards oscillant entre pitié et accusation… Pourtant, lorsqu’on voit les milliers de témoignages recueillis sous le hashtag #MeTooGay, on se rend compte de l’ampleur du mouvement et surtout, de son importance, réunissant en son sein courage, force et réel besoin de faire bouger les choses. En effet, la parole des hommes gay et bisexuels n’avaient jamais eu l’occasion d’être libérée de cette manière auparavant. « À travers ces témoignages, la question des violences sexuelles dans le milieu gay s’autonomise en partie des agressions homophobes, mais aussi des violences pédophiles et incestueuses », souligne Sébastien Chauvin. Et cette libération de la parole n’est pas vaine, puisqu’elle semble sincèrement secouer certaines mentalités. « Après ce #MeTooGay, on ne pourra plus remettre en cause un viol commis sur un homme comme avant. Décrire de telles agressions, les entendre, les accepter, a cette conséquence », a rajouté à ce propos Sébastien Chauvin.

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