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““LE POINT G”” épisode 156: la mémoire de l’anus traumatisé

La rédaction

Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.

L’autre jour, j’étais tombée par hasard sur un petit jeu à faire en couple pour mieux se connaître. Ça consistait en quelques questions à se poser chacun à son tour. J’ai profité d’un moment de douceur dans les bras de Ben pour me lancer. Le questionnaire était très simple en apparence mais je dois bien avouer que certaines réponses n’ont pas manqué de me surprendre. Par exemple, l’une d’entre elles consistait à citer 3 éléments marquants de nos débuts amoureux (pour rappel, il est revenu d’Amérique du Sud après de loooongs mois sans se voir, à une époque où nous étions toujours amis). Ben se souvenait parfaitement de ma tenue, de nos boissons au bar ainsi que de certains de nos sujets de conversation. Des détails qui m’ont échappé.

Ma mémoire a gardé des flashs de son visage, de son sourire, de mon cœur qui palpite en me disant qu’il m’a manqué terriblement.

Ça m’a beaucoup touchée de reparler de ce jour-là avec lui. Ce questionnaire m’avait déjà mise dans un certain mood plutôt câlin.

En vue d’initier la suite, j’avais gardé les questions un peu plus hot pour la fin. « Quels sont les gestes que je fais qui t’excitent le plus? » J’étais la première à répondre : « les caresses de tes mains sur mes hanches, les bisous dans le cou et quand tu m’embrasses langoureusement ». Ben n’a pas joué le jeu autant que je l’aurais voulu : « tout », m’a-t-il répondu. « Tout ? Tout ce que je fais t’excite ? Genre là si je pète, tu vas me dire que ça t’excite aussi peut-être ? » Il a enfoncé sa tête dans l’oreiller en souriant avant de reprendre : « ok, ok. J’ai du mal à te dire ce que j’aime particulièrement mais il y a une chose que je n’aime pas du tout ». Aïe, ce n’était pas tout à fait le but de mon initiative. Mais bon, pour une fois qu’il s’exprime, je vais le laisser faire. « Je déteste quand tu m’embrasses ou me mordilles les oreilles ».

Vous voyez… Ben et moi, on est ensemble depuis longtemps maintenant. Et depuis le tout début de notre relation, c’est un geste que je fais beaucoup. Genre tous les jours en gros. Et il a fallu qu’on fasse un jeu comme celui-là pour qu’il finisse par m’avouer qu’en fait il n’aime pas ça du tout.

N’est-ce pas un peu fou ? Tant qu’on y est, je lui ai demandé d’enchaîner avec d’autres choses. « Je n’aime pas non plus que tu me touches les fesses un peu trop près de tusaisquoi ». Il parlait de son anus. Je précise car Ben a beaucoup de difficultés à appeler les parties de son corps par leur nom. Et là, j’ai été très surprise par sa réaction. « Tu sais, j’ai un peu réfléchi à pourquoi je n’aimais pas ça. Avec tous les conseils de psy que tu me donnes tout le temps, je finis par en mettre certains en pratique, tu vois ? Eh ben figure-toi que j’ai réalisé que c’était certainement à cause du thermomètre que ma mère me mettait dans le derrière quand j’étais petit et malade que je n’aime pas qu’on me touche par là-bas ». Il avait mis le doigt (lapsus ?) sur quelque chose d’important ! Effectivement, j’avais lu dans des livres de psychologie que le corps a une mémoire très performante. Et que même si le cerveau a oublié certains événements traumatisants, le corps se souvient.

Dans le cas de Ben, toutes ces années à me moquer gentiment de lui parce qu’il était tendu du cul n’avaient pas lieu d’être. S’il était effectivement tendu, c’est parce que son corps avait mémorisé que l’intrusion de ce côté-là pouvait être douloureuse. Et pour le protéger de toute tentative, il avait acquis un réflexe de serrer les fesses. Je suis certaine que le fait de le conscientiser aide déjà à apaiser le souvenir de la douleur. Finalement, même sans aller au bout du questionnaire, j’en aurais quand même appris un peu plus sur lui ! N’est-ce pas formidable ?

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