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Les médecins américains montrent les ravages des armes à feu pour changer les mentalités

Kathleen Wuyard

Après qu’un représentant de la NRA, le tout-puissant lobby US pro armes à feu, ait conseillé aux médecins américains de se mêler de ce qui les regardait, ces derniers ont choisi de montrer en images les ravages de la prolifération des armes. Parce que “il est impossible de s’habituer à annoncer à une mère que son enfant a été tué par balles”.


Tout a commencé par un article scientifique publié début novembre par l’American College of Physicians, un conglomérat de médecins américains, détaillant une série de suggestions pour contrôler la violence armée aux Etats-Unis. Un papier paru à quelques jours d’intervalle de la tuerie de Thousand Oaks, en Californie, où un homme a fait 12 morts en ouvrant le feu dans un bar. Et si le timing aurait pu laisser penser que la NRA ferait profil bas, dans la foulée d’une fusillade supplémentaire au pays de l’Oncle Sam (et de son cousin le vilain Donald), il n’en est rien. Au contraire, la NRA s’est fendue d’un petit tweet assassin à l’encontre des médecins signataires de l’article.

Quelqu’un devrait dire aux docteurs égocentriques opposés aux armes de se mêler de leurs affaires.


Sauf que justement, ainsi que les soignants américains ont été nombreux à le faire rapidement remarquer, la violence et la prolifération des armes à feu est leur affaire. Qu’ils le veuillent ou non, d’ailleurs, puisque les blessés par balle se succèdent aux urgences, et que médecins et infirmières n’ont pas d’autre choix que d’être exposés en première ligne aux ravages des blessures par balle.

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Ainsi que le souligne l’une d’elles, la médecin légiste Judy Melinek, “est-ce que vous avez la moindre idée du nombre de balles que j’extrais des cadavres chaque semaine? Ce n’est pas tant que ce sont “mes affaires”, c’est mon putain de quotidien”. Robert Lyons, un chirurgien cardiothoracique basé à Los Angeles, a quant à lui partagé sur Twitter un selfie maculé de sang après une opération, et en a profité pour interpeller la NRA au passage.

Patient âgé de 16 ans blessé par balles dans l’aorte. @NRA, sa mère est dans la salle d’attente. Est-ce que vous voulez lui annoncer que son fils n’a pas survécu à ses blessures? Il me semblait bien. #cesontmesaffaires


Interrogé par un reporter de Buzzfeed News, Adam Shiroff, un traumatologue de la région de Philadelphia, avoue que la tâche ne devient pas plus facile avec les années. Au contraire.

Le plus dur, c’est de réaliser que cela aurait pu être votre fils, votre fille, votre père ou votre mère blessé par balle. Parce que les armes à feu s’en fichent que vous soyez blanc ou noir ou riche ou pauvre. Soigner (et perdre) ces blessés est dévastateur pour les soignants, et pourtant, on y est confrontés chaque jour.


 

Alors entre deux opérations, les témoignages sur Twitter et les photographies ensanglantées prises au bloc se multiplient. Parce qu’ainsi que le rappelle le Dr Judy Melinek, qui doit parfois retirer plus de 40 balles d’un cadavre, “les médecins et les scientifiques nous ont donné des pistes pour limiter les victimes d’accidents de la route et diminuer les décès associés au tabac. On les a écouté à l’époque, et leurs conseils se sont avérés efficaces. Aujourd’hui, il faut écouter ce qu’ils ont à dire si on veut voir les morts par balles diminuer drastiquement”. Et Adam Shiroff d’ajouter que ce n’est pas tant que les médecins sont “anti-armes à feu. Par contre, nous sommes fermement opposés aux morts inutiles”.

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