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Les femmes de couleur sont discriminées par les portiques de sécurité

Kathleen Wuyard

Le racisme, un défaut typiquement humain. Oui et non: dans les aéroports, les portiques de sécurité discriminent les femmes de couleurs, dont les cheveux font parfois l’objet de fouilles. La faute à la programmation des portiques en question, faite, évidemment, par des hommes blancs.


Au moment de prendre l’avion, il y a toujours ce passage plus ou moins long et plus ou moins pénible aux contrôles, ou avec un peu de malchance, vous allez sonner en passant le portique, devoir le repasser sans vos chaussures, et tout l’aéroport verra vos chaussettes dépareillées. Désagréable, mais pas dramatique. Ce qui l’est, par contre, c’est la discrimination dont sont victimes les femmes de couleur lorsqu’elles franchissent ces mêmes portiques. Ainsi que le dénonce un reportage publié sur ProPublica, les femmes noires ont tendance à sonner systématiquement quand elles passent les portiques de sécurité, avec fouille corporelle mais aussi de leurs cheveux à la clé. La cause, selon un agent texan de la TSA, l’agence américaine pour la sécurité dans les transports?

Les alarmes des scanners sonnent plus souvent pour les femmes noires parce qu’elles ont des cheveux plus épais. Elles portent souvent des dreadlocks ou des tresses, et lorsque l’alarme retentit, nous sommes obligés de les fouiller et de tâter leurs cheveux.


De là à dénoncer du profilage racial, il n’y a qu’un pas, sauf qu’en réalité, la cause de cette discrimination de la part des scanners est autre: elle s’explique simplement par le manque de diversité dans la tech. Dominées par des hommes blancs, ces inventions variées reflètent leur profil, et discriminent tous ceux qui s’en éloignent. C’est le cas de la reconnaissance faciale, plus efficace sur les hommes blancs que sur le reste de la population, mais aussi des systèmes de sécurité des voitures, qui protègent mieux les hommes ou encore les sèche-mains, qui ne s’activent pas pour les peaux foncées.

Anecdotique? Au contraire, et même symptomatique de changements plus que nécessaires dans le milieu de la tech. Ainsi que le dénonçait en 2017 Kaya Thomas, une jeune Afro-américaine diplômée de la prestigieuse université de Dartmouth, “l’industrie de la tech doit prendre ses responsabilités dans le fait de ne pas engager des gens sous représentés. Nous sommes là, mais vous choisissez de ne pas nous voir”. Voire même, de complètement les ignorer: à titre indicatif, en juin 2017, Uber révélait que 85% de ses postes techniques sont occupés par des hommes, dont 1% seulement par des Noirs.

Humiliant et injuste


En attendant que la tech fasse preuve de plus de diversité, la colère gronde contre la discrimination des portiques de sécurité. En 2015 déjà, après une première vague de plaintes sur les réseaux sociaux, la TSA avait promis d’arrêter de chercher les cheveux des femmes de couleur. Ainsi que le dénonce Tatiana Walk-Morris dans la version américaine de Cosmopolitan, c’est pourtant loin d’être le cas à l’heure actuelle, ses cheveux lissés et coiffés en queue-de-cheval basse, “comme des centaines de femmes blanches à l’aéroport ce jour-là” lui ayant récemment valu une désagréable fouille capillaire.

Une expérience dont l’avocate californienne Novella Coleman est malheureusement elle aussi coutumière, et qu’elle dénonce comme étant “humiliante, injuste, mais aussi et surtout un gaspillage complet du temps et des capacités des agents de sécurité”. On ne peut que lui donner raison, et espérer que cette pratique discriminatoire disparaisse enfin des aéroports.

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