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Militer pour les droits des femmes a coûté la vie à cette Afghane

Kathleen Wuyard

Elle s’appelait Mina Mangal, et elle était engagée et intrépide, femme politique et militante pour les droits des femmes en Afghanistan, pays ô combien traditionaliste. Elle aura payé ses combats de sa vie, assassinée à bout portant chez elle, à Kaboul.


La mort, Mina Mangal savait qu’elle n’était jamais bien loin. Parce que dans un pays qui a longtemps été dirigé par les Talibans, où les femmes n’avaient pas le droit de sortir sauf sous escorte masculine et cachées par une burqa, et où aujourd’hui encore, les hommes contrôlent la société, oser lutter pour les droits des femmes était osé. Insensé, même? La vie de Mina était menacée, elle le savait, et dans les semaines qui ont précédé son assassinat, elle disait se sentir en danger. Ses pires craintes sont devenues réalité le 11 mai dernier, à 7h du matin, alors qu’elle quittait son domicile de Kaboul. Abattue à bout portant par deux tueurs qui ont pris la fuite à moto, comme s’il s’agissait d’un règlement de compte de la mafia. Sauf que Mina était tout sauf un malfrat, et que son seul crime a été d’oser réclamer plus d’égalité pour les Afghanes.

 

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Un temps présentatrice du journal en pasthou à la télévision afghane, Mina Mangal avait commencé à faire parler d’elle en 2017, lorsqu’elle s’était opposée publiquement à son mariage arrangé. Elle était depuis devenue conseillère à la Commission des affaires culturelles du Parlement afghan, et n’avait de cesse de défendre les droits des femmes de son pays d’origine. Jusqu’à la mort. Si les coupables n’ont pas encore été arrêtés par la police, pour la famille de Mina, cela ne fait aucun doute: il faut regarder du côté de son ex-mari. L’activiste avait en effet divorcé début 2019, et accusé son ex époux de lui avoir fait subir des violences conjugales. Aujourd’hui orphelin de fille, le père de Mina Mangal dénonce.

J’ai perdu une fille intelligente et active à cause d’une dispute familiale. Je demande au gouvernement pourquoi il n’a pas pu protéger ma fille, et me l’a fait perdre.


Et de souligner l’importance d’offrir une protection aux Afghanes qui mènent une vie active quand elles sortent de chez elles.

Féminicides en hausse


Car le meurtre de Mina n’est malheureusement pas un événement isolé, et s’inscrit au contraire dans une hausse préoccupante des féminicides dans le pays. Selon la fondation Thomson Reuters, l’Afghanistan est en effet le deuxième pays au monde où il est le plus dangereux d’être une femme. Et cela ne risque pas de s’améliorer: les Talibans seraient sur le point de conclure un accord politique qui leur permettrait de reprendre le pouvoir. Et bafouer encore plus les droits des Afghanes? Une semaine avant sa mort, Mina avait avoué sur son profil Facebook se sentir menacée, mais avait ajouté qu’une femme forte n’avait pas peur de la mort, et qu’elle aimait son pays. À la vie, à la mort.

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