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En Arabie Saoudite, neuf femmes subissent les pires tortures en prison à cause de leur engagement féministe

Barbara Wesoly

Elles se battaient pour des droits élémentaires. Pour en finir avec le patriarcat et le joug des hommes en Arabie Saoudite. Depuis le mois de mai, neuf femmes sont détenues dans les geôles du pays. Elles y subissent des chocs électriques, des violences sexuelles et des coups de fouet.


Droit de conduire pour les femmes, première présentatrice de journal télévisé, fin de l’interdiction des cinémas... L’Arabie Saoudite semblait entamer des réformes progressistes, sous la houle de son prince héritier Mohammad Bin Salman. Jusqu’à ce qu’Amnesty International dévoile un rapport alarmant sur les conditions vécues par les détenus politiques dans le pays. Des informations confirmées par l’ONG Human Rights Watch. Les deux organisations dénoncent notamment les traitements subits par neuf militantes féminites, arrêtées au printemps et enfermées dans la prison de Dhahban, au bord de la mer Rouge.

Conditions innommables


Les deux organismes et le journal Le Monde ont pu s’entretenir avec trois des détenues et leurs témoignages sont abominables. Elles racontent les chocs électriques et des coups de fouet, mais aussi les agressions sexuelles venant de leurs interrogateurs. L’une d’entre elle aurait également été suspendue au plafond.

A la suite de ces tortures, l’une des prisonnières ne pouvait plus se tenir debout et une autre était prise de tremblements au point qu’elle ne pouvait pas saisir le moindre objet. Nous savons aussi que l’une d’elles a tenté à plusieurs reprises de se suicider.


rapporte Human Rights Watch. Des actes qui ulcèrent. Et qui révoltent. Et qui étrangement marqueraient un tournant dans la politique à l’égard des prisonnières. Toujours selon Le Monde, jusqu’ici celles-ci “souffraient des irrégularités habituelles de procédures, comme l’absence d’un avocat, de médicaments ou de visites. Nous n’avions jamais entendu parler, dans le passé, de mesures aussi agressives.”

De la poudre aux yeux


De nombreuses voix s’élèvent dès lors pour dénoncer une fausse propagande et des mesures visant à donner l’illusion d’être progressistes, alors qu’au quotidien les femmes demeurent dépendantes des hommes et juridiquement inexistantes. Elles ont en effet toujours l’obligation d’être soumises à un tuteur choisissant si elles peuvent travailler, étudier ou même quitter leur domicile. Clarence Rodriguez, expatriée française ayant vécu à Riyad entre 2005 et 2017 explique ainsi “J’étais sur le permis de travail de mon mari, donc je n’ai pas existé juridiquement pendant 12 ans. Quand on est une femme là-bas, on est considérée comme moins que rien”.

Aucune réponse


Une volonté pour le gouvernement saoudien d’endormir la vigilance des États étrangers avec des réformes semblant marquantes mais en réalité superficielles et inefficaces. L’Arabie Saoudite a également rejeté les accusations de traitements inhumains sur les détenues, affirmant que la torture en prison était interdite dans le pays. Mais ne lance pour autant aucune enquête quant à leurs conditions de détention. Amnesty International a pour sa part appelé à leur libération immédiate.

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