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Le hate watching: pourquoi on adore regarder des programmes qu’on déteste

Barbara Wesoly

Que celui qui n’a jamais ressenti le plaisir jouissif de regarder une émission ou une série, rien que pour la critiquer tout du long, nous jette la télécommande. Un phénomène appelé hate-watching,  consistant à mater un programme spécifiquement parce qu’on le déteste. Et qui se révèlerait être un excellent défouloir.


Une fois passé ce premier épisode catastrophique, qu’est-ce qui explique qu’on continue, parfois des saisons durant, à regarder un soap ou une télé-réalité bête à mourir, comme hypnotisé par sa nullité? Voire avec le bonheur pur d’en critiquer chaque phrase ou jeu d’acteur? Si l’on peut sans doute compter sur une bonne dose de voyeurisme et peut-être une tendance naturelle au “bitchage”, on devrait surtout notre impossibilité à zapper au concept de hate watching.

Ce pendant du binge-watching en version désamour a été inventé en 2012 par une journaliste du New York Times, qui tentait alors de comprendre pourquoi les gens continuaient de regarder “Smash”, série TV québécoise racontant l’histoire d’une troupe de jeunes souhaitant produire une comédie musicale pour Brodway et considérée comme un fieffé navet. Comme le cite le Huffington Post en reprenant les termes du magazine US: “les gens adoraient la hate-watcher parce que c’était mauvais de manière spectaculaire”.

Un punching ball gratifiant


Et depuis, nombreux sont les shows et séries fonctionnant visiblement sur le même moule. “L’incroyable Famille Kardashian”, “Les Anges de la télé-réalité” ou encore “Emily in Paris”, cible la plus récente des foudres des téléspectateurs, des programmes qui sont massivement détestés mais que tout le monde semble avoir vu et suivi. Un principe qui n’aurait pourtant rien de masochiste mais se révélerait libérateur. L’occasion d’utiliser sa télé comme punching ball, en se permettant une bonne dose de négativité, voire même d’agressivité, plutôt que de le faire dans la vie réelle. Une sorte d’exutoire, comme certains peuvent en trouver à botter les fesses de monstres dans des jeux vidéos. Sans parler du côté valorisant à hurler ses critiques au visage de l’émission qu’on regarde, et qui nous amène à nous sentir bien supérieurs intellectuellement à sa médiocrité. Comme l’explique le psychologue Stephan Dehoul, toujours au Huffington Post:

Il y a, en quelques sortes, une jouissance à se comparer à celui que l’on trouve ridicule, il vous renvoie à votre propre expérience et peut, outre mesure, vous gratifier.


Un plein de méchanceté gratuite qui ne serait donc pas représentatif de nos rapports avec les autres, mais au contraire, peut-être le secret de notre patience et calme légendaire. Encore une petite séance de critiques pour accompagner les chips ce soir?

Toujours à la télé:

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