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© Tween girls hanging out and eating popcorn together in bohemian style home

Le streaming a tué les loueurs de DVD, mais il ne les remplacera jamais

Kathleen Wuyard

Si l’arrivée du streaming a permis un accès virtuellement instantané à une quantité inouïe de films et séries, elle n’a toutefois pas remplacé les loueurs de DVD, qu’elle a pourtant fait disparaître au passage. Ce qui est bien dommage, parce que l’expérience est irremplaçable.


Scanner toute l’offre possible, enfin se décider pour un film, puis hésiter quand même, revenir en arrière, examiner de plus près celui qu’on avait éliminé d’entrée de jeu mais que finalement, on a peut-être envie de voir. Pour finalement, comme chaque fois, se décider pour un classique dont on sait qu’il ne nous décevra pas. La rengaine est connue, et s’applique aussi bien à une soirée avachie devant Netflix qu’à une visite chez un loueur de DVD à l’aube des années 2000. Sauf que si la quête du Graal cinématographique est fondamentalement similaire, l’expérience, elle, est entièrement différente. Quel bonheur, après tout, de pouvoir choisir parmi une quantité impressionnante de films et séries depuis le confort de chez soi, sans devoir affronter le monde extérieur ni le petit sourire en coin de la personne derrière le comptoir quand on loue un film tellement sirupeux qu’il pourrait filer des caries. Non, vraiment, on n’arrête pas le progrès, et c’est tant mieux, parce que le streaming, c’est la vie. Sauf qu’il est difficile de ne pas se projeter au début des années 2000 sans ressentir une certaine nostalgie de ce à quoi les soirées film ressemblaient à l’époque.

Exquise attente


Il y avait l’excitation, d’abord. Rappelons que c’était avant que les films aient à peine le temps de faire trois petits tours en salle avant de s’en aller dans les catalogues de streaming, et donc la réjouissance se construisait sur plusieurs mois, entre le moment où on entendait parler d’un film trop.génial. qu’on avait malheureusement raté au ciné, et celui où il sortait enfin en DVD. Un petit disque de rien du tout dans une boîte en plastique un peu mou qui coûtait tout de même l’équivalent du PIB d’un petit pays dans le cas des nouvelles sorties, donc acheter était hors de question, il fallait faire le choix de la location. Ce qui nécessitait de faire encore preuve d’un peu plus de patience: trouver la soirée parfaite, celle où les parents sortaient et laissaient champ libre sur la télé, ainsi qu’un petit billet pour une pizz’ et un film. Un mélange d’autant plus savoureux que vu que l’offre de films et séries des chaînes était souvent décevante, et plus souvent encore à la charge de l’autorité parentale, la rareté de l’événement le rendait d’autant plus irrésistible.

Choisir, c’est profiter


Une fois enfin dans les rayons du loueur de DVD, en train d’inspecter chaque jaquette sous les néons crus du plafonnier, l’excitation atteignait son paroxysme. Est-ce que ce nouveau film en tête de notre liste serait déjà sorti? Et si oui, suspense insoutenable: est-ce qu’il resterait au moins un DVD dans les 4 boîtes semblables mises en rayon pour l’occasion, ou bien faudrait-il attendre la prochaine fois? Auquel cas, une fois la première déception passée, il s’agissait d’inspecter minutieusement les autres étagères, moins tentantes que celle des nouvelles sorties, certes, mais néanmoins remplies de pépites. Le rayon “indé”, concept qui vous échappait un peu à l’époque, mais dont vous saviez que la plupart des films avaient des acteurs bruns et mignons, Josh Hartnett en tête. C’est là que vous avez déniché “Garden State”, grâce auquel “New Slang” a été la bande-son mentale du reste de vos humanités. Le rayon film d’auteurs, que vous inspectiez quand même en quête d’un film qui vous permettrait d’étaler vos connaissances cinématographiques, le rayon séries, où il fallait faire le choix cornélien de quels épisodes mater vu que la box de saison ne comptait malheureusement pas comme une seule location. Peut-être que c’est ça, qui manque le plus au fond, et qui a rendu nos soirées film un peu moins magique: choisir. Pas par dépit, noyé dans l’offre disponible, mais choisir vraiment, en y réfléchissant, parce que si on se foirait, on ne pouvait pas abandonner après 2 minutes pour commencer un nouveau film. En plus Netflix n’a pas de seaux de popcorn ou de barquettes de nachos comme au ciné juste à côté de la caisse.

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