Matt Pokora est de retour avec un nouvel album, Adrénaline (déjà son 10e en solo), qu’il a conçu pour la scène. À bientôt 40 ans et après plus de 20 ans de métier, notre showman préféré nous prouve qu’il en a encore sous le coude.
Entre la fin de votre précédente tournée et la sortie de cet album, Adrénaline, vous n’avez pas pris de break. Vous êtes inarrêtable?
« C’est vrai qu’habituellement, je m’offre quelques mois de repos à Los Angeles. Mais, mes enfants vont à l’école à Paris maintenant, donc je suis obligé d’être en France durant l’année scolaire. Et puis, faire un break ne me réussit pas forcément. Je l’ai remarqué après le Covid. D’avoir eu cette pause forcée, je n’étais plus dans mon mood habituel. Ici, si j’ai appelé cet album Adrénaline, c’est parce que j’étais dans l’effervescence, dans l’énergie de la tournée précédente quand je l’ai enregistré. Je donnais un concert le soir, j’étais en studio le lendemain. »
Je sais que je ne vais pas pouvoir continuer à cette intensité pendant encore 15 ans.
Avec les années qui passent, il n’y a plus de temps à perdre?
« Chez moi, l’urgence, elle est physique. Ma manière de faire de la scène, c’est comme un sport de haut niveau: danser, performer pendant 2 heures. Je sais que je ne vais pas pouvoir continuer à cette intensité pendant encore 15 ans. Je me dis qu’il me reste peut-être encore 1 ou 2 tournées où je peux vraiment envoyer. J’ai de plus en plus de douleurs physiques, j’ai un genou flingué… Parce qu’à côté de la scène, je fais aussi de la muscu, du foot. À 50 ans, mon corps ne bougera plus de la même façon, j’en suis conscient. »
Sans la scène, une partie de moi s’éteint. C’est là que je me sens puissant
L’adrénaline que vous procure la scène, c’est un carburant ou une drogue?
« Un peu des 2. Sur scène, je me sens puissant. Et si je m’arrête pendant 2 ans, il y a un manque qui se crée. Il y a une partie de moi qui s’endort, qui s’éteint. Je le sens moralement. Alors, bien sûr, il y a la famille, l’amour des miens. Mais, ça ne remplit pas le vide que laisse la scène. Comme, inversement, la scène ne comble pas l’absence, le manque de mes proches quand je suis en tournée. Et, j’ai même envie de vous dire qu’en-dehors de la scène, ne pas être reconnu par les gens peut créer un manque. Je grandis dans l’oeil du public depuis que j’ai 18 ans. Alors, quand je passe 3, 4 mois aux États-Unis et que je ne suis pas abordé par des fans, il y a aussi un truc qui s’éteint. Je me suis construit dans le regard du public, grâce à leurs témoignages d’affection. J’ai aussi besoin de ça pour me sentir pleinement heureux. »
Contrairement à beaucoup d’artistes, la notoriété ne vous a donc jamais pesé?
« Au contraire, je m’en nourris énormément. Vous savez, je vis ma vie tout à fait normalement. Je me balade dans Paris, je vais faire mes courses et le fait d’être abordé par des gens qui veulent juste me saluer ou prendre une photo, ça fait partie de mon quotidien. En plus, les gens sont toujours bienveillants parce qu’ils me voient dans leur télé depuis 22 ans. Donc, qu’ils écoutent ou non ma musique, ils ont grandi avec moi. Ils ont vu l’ado devenir un homme, puis un père de famille. C’est une chance incroyable d’avoir ce lien avec le public, d’avoir débuté si jeune et d’être toujours là aujourd’hui. »
Votre réputation de showman vous précède: vos spectacles sont à couper le souffle. Comment parvenez-vous à faire toujours plus fort à chaque fois?
« Les gens reviennent me voir parce qu’ils veulent être surpris, parce qu’ils savent que je ne propose jamais la même expérience. Je ne peux pas encore vous en dire trop sur mon prochain show, si ce n’est peut-être que la scène terminera dans le public. Il n’y aura pas de crash barrière. »
Vous ne craignez pas de vous faire happer par vos fans?
« Non. Parce que mon public n’est plus constitué d’ados comme à mes débuts! Ce sont des femmes de 35, 45 ans, des mères de famille, des enfants… Des gens qui savent que, s’ils m’empêchent de bouger, ils ne pourront pas voir le spectacle qu’ils ont envie de voir. Et puis, on donnera des consignes de sécurité avant de commencer. Mais, je voulais enlever ces barrières pour être encore plus dans le partage. Pour prouver qu’on peut faire des shows qui en mettent plein la tronche sans devoir avoir ce statut de superstar inaccessible. J’ai envie de désacraliser tout ça, de dire: ‘Tu peux venir danser avec moi si tu veux.’ Ce que je propose, c’est du spectacle vivant avec de l’interaction. »
En sortie de scène, comment faites-vous pour faire retomber l’adrénaline?
« J’ai un bouton off. Durant le trajet jusqu’à l’hôtel, je me repasse le show comme un sportif se repasserait son match. Je prends des notes sur ce qui était cool, sur ce qu’il faut revoir. Puis, j’éteins. Même avant le show, je ne suis pas stressé. Je me balade en coulisses, je rigole avec tout le monde, et puis j’enclenche le mode on quand je monte sur scène. »
Comment fait-on pour ne pas stresser quand on chante parfois devant 20.000, 30.000 personnes?
« Je me dis que ce sont des gens qui sont venus pour moi, qui sont contents de me voir. Si je me plante dans les paroles, si je fais une fausse note, j’insiste sur le truc, j’en fais des blagues, je dédramatise. J’ai beaucoup d’autodérision. Et puis, je bosse comme un chien en amont. Ça aide à ne pas stresser de se sentir prêt. Il y a l’expérience aussi. Je suis confiant, serein parce que mon public est fidèle à chaque fois. C’est pour eux que je me donne du mal, je ne veux pas les décevoir. Honnêtement, je suis plus stressé par les résultats sportifs que par mon métier. Le dernier score des Lakers, oui, ça, ça peut m’empêcher de dormir. »
À vos débuts, vous auriez cru que vous seriez au sommet de votre carrière à presque 40 ans?
« C’est drôle parce que mon père m’a toujours dit que la vie d’un homme commençait réellement à 40 ans. Et c’est vrai: j’ai mes enfants, je me sens mieux dans mes pompes, je suis toujours apte physiquement, je gère mieux mes émotions. Je suis ok avec le fait de vieillir. Ce qui me fait plus flipper, c’est la vitesse à laquelle grandissent mes enfants. J’ai lu une étude qui disait que les enfants passent 80 % du temps de leur vie avec leurs parents entre 0 et 13 ans. Et mon aîné a déjà 5 ans! Donc, j’essaie vraiment de passer un maximum de temps avec eux. D’être là pour les déposer à l’école le matin et de caler ce que j’ai à faire en journée pour pouvoir aller les récupérer. Aujourd’hui, je donne des interviews à 9 h du matin, je réduis mes plaisirs perso aussi. »
Sur le titre qui donne son nom à l’album, vous parlez de l’héritage que vous allez leur offrir. Quelle empreinte voulez-vous laisser?
« Mes enfants seront toujours ramenés à leur père. Donc, quitte à ce qu’on leur parle souvent de moi, j’aimerais qu’on leur dise des choses positives. Pour que ce soit plus facile à vivre pour eux. Les gens auront toujours des attentes parce qu’ils sont les fils ‘de.’ »
Vos enfants ont-ils hérité de la fibre artistique de leurs parents?
« Mon premier, c’est un artiste dans l’âme. Il est très créatif. Il aime chanter, dessiner. Il est plus cérébral que mon deuxième qui est un fonceur, qui aime quand ça bouge. Il danse, il chante aussi. En même temps, leur maman chante tout le temps: en cuisine, sous la douche, dans le salon, en voiture, … Je pense que la musique éveille, débloque beaucoup de choses. Que la danse est une façon de communiquer. C’est pour ça qu’à la maison, on les pousse à se lancer, à oser, on les applaudit, on les félicite, même s’ils chantent faux. Du coup, ils ne sont pas timides. Ils aiment faire le show, même quand il y a du monde chez nous. »
Aujourd’hui, vous avez des fans de leur âge. Les miens en font partie!
« C’est adorable. Aujourd’hui, alors que ce n’était pas le cas quand j’avais 20 ans, je suis tellement fier de voir des petits dans mes salles de concert. Ils te donnent un nouvel élan, ils t’embarquent. Ils ne réfléchissent pas, ils réagissent juste à la musique. Comme moi qui kiffais sur Michael Jackson quand j’étais gamin, alors que je ne comprenais rien aux paroles. »
Si vous deviez faire écouter un morceau de votre nouvel album à quelqu’un qui ne vous connaît pas, vous choisiriez…
« Quand même, la ballade, parce que je l’ai écrite et composée et que je trouve qu’elle reflète vraiment mon ADN… ou Éclipse. Parce qu’il y a ce côté joueur, un peu séducteur, qui a toujours été très présent dans les thèmes de mes chansons. Sans doute parce que j’ai été influencé par le R’n’B et des morceaux comme SexyBack de Justin Timberlake ou The Way You Make Me Feel de Michael Jackson. Le thème de la séduction permet d’avoir une certaine rythmique au niveau de la voix, ça accompagne un flow, une danse. »
Les titres de ce disque sont très courts. Pourquoi?
« Parce qu’en télé, en radio, on te demande des morceaux de 2:30 et que c’est frustrant de devoir couper. Avant, on devait faire des titres de 3:30 et c’était parfois contre-productif. On rajoutait des ponts, pas toujours très inspirés, et la chanson était trop longue. »
Un petit mot sur The Voice Kids. Pourquoi avez-vous accepté de retrouver votre fauteuil rouge?
« Parce que c’est un kif, déjà. De voir cette jeune génération, c’est très inspirant, c’est un coup de fouet, c’est stimulant. Quand j’entends ces gamins, je me dis: ‘Waouh, l’avance qu’ils ont aujourd’hui par rapport à nous au même âge.’ Et puis, maintenant que je suis papa, je n’ai plus du tout la même sensibilité qu’avant. Mon discours a changé. Je suis plus paternel. J’arrive mieux à traduire la gestuelle d’un enfant, ses regards… Je le vois quand un petit n’a pas confiance en lui. Et, alors, la cerise sur le gâteau, c’est de faire cette émission avec mes amis: Patrick Fiori, Soprano et Santa. »
Et le cinéma, c’est derrière vous?
« Pas du tout. Je suis sur le point de finaliser un truc là. Les tournages devraient débuter cet été. Je ne peux encore rien dire, si ce n’est que ce sera sur un fait historique de l’Histoire de France. »
Matt Pokora sera en concert chez nous à Forest National (Bruxelles) les 13 et 14 novembre prochains dans le cadre de l’Adrénaline Tour. Infos: ticketmaster.be
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