Personne ne raconte aussi bien l’amour que Ben Mazué. Lui qui chante l’amour conjugal, filial, se confie dans nos colonnes sur l’amour de soi.
Avez-vous confiance en vous?
« Je dirais que tout dépend des situations. J’ai assez confiance en moi que pour affronter les catastrophes, encaisser les mauvaises nouvelles. Je suis solide dans la tempête. En revanche, quand je me sens bien, j’ai tendance à voir le verre à moitié vide, à me trouver nul. Le métier d’artiste est, je trouve, un métier en tension sur la question de la confiance en soi. Faut avoir confiance en soi pour oser monter sur scène et penser que raconter sa propre existence va intéresser les gens. Et, en même temps, avoir autant besoin de parler de soi, c’est le fondement de l’absence de confiance en soi, ça prouve que tu doutes. »
Votre notoriété, l’amour ou le désamour que le grand public vous porte, ont-ils parfois eu un impact sur votre niveau de confiance en vous?
« Non. Parce que j’ai le sentiment que les gens ne connaissent que le personnage que je suis d’accord de leur présenter. J’ai un pas de recul par rapport à qui je suis réellement. Donc, les félicitations, ou même les critiques, que je reçois, elles ne s’adressent pas précisément à moi. »

Je me suis toujours rêvé père donc, si je ne l’avais pas été, je pense que ça aurait créé une blessure
De quelle façon votre paternité a-t-elle influencé votre estime de vous-même?
« Je me suis toujours rêvé père donc, si je ne l’avais pas été, je pense que ça aurait créé une blessure, notamment au niveau de ma confiance en moi. Mes enfants ont 13 et 11 ans. Je ne dirais pas qu’ils sont fascinés par moi mais, pour l’instant, je suis un peu leur idole, ils ne me contredisent pas vraiment. Il faut que je fasse attention à ça. »
Peut-on aimer un enfant si l’on ne s’aime pas soi-même?
« Évidemment. Les enfants n’ont pas besoin de parents qui ont une grande estime d’eux-mêmes, mais de parents qui les écoutent. »
A-t-on plus confiance en soi à 40 ans, qu’à 30 ou 20 ans?
« Pas du tout. Parce qu’à 40 ans, je fais face à des problématiques de plus en plus difficiles à régler, parce que je suis abîmé. Par contre, ce qui m’aide à avoir confiance en moi, c’est d’avoir coché des cases. C’est un peu triste de le dire comme ça parce qu’on dirait que ma vie est une grande liste de cases à cocher et ce n’est pas vrai. Mais, quand même, le fait d’avoir fait des albums dont je suis fier, d’avoir eu des enfants, d’avoir voyagé, d’avoir foulé des scènes que je rêvais de fouler, ça me donne confiance en moi. Je suis content d’avoir coché ces cases-là… mais je ne sais toujours pas faire de lasagnes. »
Pensez-vous que le rôle d’un partenaire de vie soit aussi de nous aider à avoir davantage confiance en nous?
« Non seulement, c’est son rôle, mais c’est ce qui va aussi nous permettre de l’aimer mieux. Le contraire, ça s’appelle la toxicité. Si la personne avec qui vous êtes ne vous aide pas à prendre soin de vous, il faut la quitter et vite. Parce qu’après on rentre dans l’emprise, et ça, c’est très dangereux. »
Sur la pochette de votre nouvel album, Famille, on vous découvre gamin. Pensez-vous que votre enfance ait eu un impact sur votre niveau de confiance en vous actuel?
« Je pense qu’il y a quelque chose en moi qui a dû se casser pour que j’ai cette envie exacerbée d’être aimé. Après des années de thérapie, j’en suis arrivé à la conclusion que c’était plutôt constitutif de mon caractère que lié à un événement ou à la manière dont on m’a élevé. Je n’ai personne à blâmer: ni mon père, ni ma mère, ni ma condition sociale. Rien. Tout s’est très bien passé, et pourtant, j’ai toujours ressenti le besoin d’être un espèce de chevalier. Alors, le chevalier a de bons côtés. Il est courageux, par exemple. Mais, il a aussi besoin de briller, d’avoir du panache. C’est insupportable. »

Ben Mazué présentera son nouvel album, Famille, en concert le 11/7 à LaSemo (Enghien), le 19/7 aux Francofolies (Spa), le 10/10 au Cirque Royal (Bruxelles) – COMPLET et le 14/3/26 à Forest National (Bruxelles).
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