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FAUT QU’ON PARLE: j’ai fait le tri sur Instagram et je vous conseille de faire pareil!

Justine Rossius

Samedi soir. J’ai la grippe. Vautrée dans mon canapé, j’ai la superbe idée de passer ma soirée sur Instagram, à scroller frénétiquement, frôlant de près la tendinite du pouce. Et la déprime.


 

La déprime; car défilent sous mes yeux les Insta stories de personnes super cool, qui passent leur samedi soir à manger du homard dans un restaurant parisien, entourés de 25 potes aux sourires Colgate. Sous mes yeux vitreux (la grippe, tout ça) défilent aussi des vidéos de filles au ventre plat, et aux cheveux “shiny, qui alignent leurs rondelles de banane dans leur bol de porridge. Des bananes et des graines de chia qui semblent crier: “si t’es une fille de 30 ans et que tu manges pas de porridge au petit-déjeuner c’est que tu as raté ta vie”.

 

 

 

Elles vont à la salle de sport aussi, le samedi matin, alors que toi, le samedi, tu ne vois pas la couleur du ciel avant midi. Ces mêmes filles passent leur vie en vacances, parce que en fait, elles sont payées pour partir aux Maldives. C’est leur job: faire des photos en bikini sous les cocotiers, pour te rendre jalouse et que toi aussi, tu aies envie de passer tes prochaines vacances aux Maldives. Sauf que toi, tu as 20 jours de congé par an. Soyons clair: ces filles là n’ont jamais la grippe, elles. Normal: elles n’attendent jamais un bus qui n’arrive jamais, sous la drache.

 

 

J’en étais donc là, à me dire que ma vie était pourrie, si je la comparais à cette flopée de “beautiful people”. Il faut dire que je follow (enfin, je followAIS!) à peu près la terre entière, pour peu qu’ils me semblaient “enviables”: des journalistes du Vogue US, des photographes de Brooklyn, des mannequins, beaucoup de mannequins, beaucoup trop de mannequins. Kayla Itsines, évidemment. Des personnes que je n’aurais sans doute jamais croiser dans la vraie vie, mais qui s’y immisçaient finalement bien plus que prévu. Évidemment, c’est inspirant cette foule de gens beaux, bien apprêtés, dernières Balenciaga aux pieds. Ça fait rêver, ça donne envie de se lever à 8h un samedi pour chevaucher un vélo elliptique et pour manger des bananes et des flocons d’avoine plutôt que des vieux choco pops tout mous. Mais ça file aussi le blues: d’ailleurs, des études le prouvent. L’usage d’Instagram serait pire que Facebook. Hanna Krasnova, de l’Université Humboldt à Berlin, a appelé ce phénomène d’envie et de jalousie: la spirale de l’envie. Les clichés nous amènent à nous comparer systématiquement, même si on aime notre vie faite de samedi matin en pyjama.

 

 

Du coup, j’ai trié. J’ai pris ma liste d’abonnements et j’ai décoché, les uns après les autres, ces comptes qui me faisaient perdre un temps précieux. J’ai supprimé cette meuf qui ne fait qu’ouvrir des colis, celle qui passe sa vie chez Prada, ce panneau publicitaire ambulant, ce mec croisé une fois à une soirée, la collègue que je n’ai pas revue depuis 5 ans et cette marque de fringues trop canon qui me donnait envie de lui filer tout mon salaire. J’ai dû en supprimer une centaine, chacun m’a fait me sentir plus légère. Enfin, j’allais récupérer du temps, mais aussi l’usage de mes pouces, de mes mains, et de mes yeux, attributs ma foi très utiles, pour faire des câlins, préparer des repas pour les copains (même ceux aux dents moins blanches), bouquiner et aller à la salle de sport (mais, par pitié, pas le samedi matin).

 

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