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Des affiches contre les féminicides collées partout dans Paris. Mais pourquoi?

Justine Rossius

Depuis vendredi soir, un collectif de femmes a organisé une grande action de collage contre les féminicides à Paris. Au même moment s’ouvre le Grenelle dédié à la lutte contre les violences conjugales.


 

Depuis vendredi soir dernier, une quarantaine de femmes se promènent dans les rues de Paname pour coller des affiches dénonçant les féminicides. L’objectif? Envahir l’espace public pour dénoncer l’inacceptable et l’inaction du gouvernement à cet égard. L’initiative vient de Marguerite Stern, militante féministe et ancienne Femen: en s’accompagnant d’autres militantes, elle placarde des messages peints sur des grandes banderoles dans les rues de la capitale française.

 

https://twitter.com/Sofiasept/status/1168072651774091264

 

« En tant que femme, il est aussi important de se réapproprier l’espace public. De prendre de la place [certaines affiches mesurent 1,5 m sur 3 m], et de faire du bruit dans les rues. Parce que souvent, on ne nous écoute pas ! », a-t-elle expliqué à 20 Minutes.  En tout, ce sont pas moins de 70 slogans qui habillent désormais les murs parisiens : « En France, 1 féminicide tous les 2 jours », « Elle le quitte, il la tue », « Les femmes ne sont pas des proies »…

 

Lire aussi: Faut qu’on parle: les féminicides ne sont pas des faits divers.

 

Le 100e féminicide de l’année


Cette action est née en parallèle avec une étape malheureusement symbolique : dans la nuit de vendredi à samedi, la police de Cagnes-sur-Mer a reçu un appel pour signaler une « dispute conjugale » se déroulant dans une rue du quartier où a été découvert le corps d’une femme. « C’est un féminicide probablement conjugal que nous choisissons de publier au conditionnel », a affirmé le collectif « Féminicides par compagnon ou ex » qui tient un décompte des féminicides dans les médias sur Internet. Il s’agirait dès lors du 100e féminicides de l’année. Pour dénoncer la situation, une centaine de membres du collectif #NousToutes se sont réunis dimanche soir place du Trocadéro, à Paris, égrenant les prénoms des femmes tuées : « Céline, Sarah, Maguy, Clothilde… », avant de coller des pancartes sur le sol.

 

À quand des vraies mesures ?


Au même moment, ce mardi 3 septembre, s’ouvre en France le Grenelle destiné à lutter contre les violences conjugales. Le Premier ministre Edouard Philippe doit annoncer de premières mesures d’urgence visant à renforcer la protection des victimes. Devant des responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou encore avocats, plus de 10 membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa (Égalité femmes-hommes) animeront des “ateliers” sur la prévention des violences, la “mise à l’abri et l’accompagnement” des victimes, ou la “sanction” des auteurs violents

“On ne veut pas qu’il y ait deux ou trois Grenelles des violences conjugales, mais un seul et que les choses changent significativement. Pour ça, il faut absolument des moyens sur la table” a souligné Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes au micro d’Europe 1, rappelant que les associations réclament un milliard d’euros pour traiter cette question. “Aujourd’hui, il n’y a que 18 millions d’euros. Ça peut paraître beaucoup pour des gens qui ne savent pas combien coûte une politique publique, mais en fait, 18 millions d’euros, c’est rien du tout.” Cette somme permettrait notamment de former les policiers aux spécificités des féminicides, et de mettre en place des protocoles d’accueil dans les commissariats. Selon la présidente, il faudrait également davantage de coordination entre les différentes procédures juridiques afin que les ordonnances de protection ne mettent pas neuf mois à être données. Enfin, ce montant permettrait aussi d’ajouter des places dans les centres d’accueil et d’hébergement pour des femmes victimes de violences conjugales. Actuellement, il en manquerait toujours 2000, en France.

 

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