Il peut s’agir d’une relation, d’un job, d’un cadre de vie ou d’un détail qui semblait insignifiant. Une chose est sûre: il faut que quelque chose change. Et le confinement aura permis le déclic. Ce que nous vivons actuellement est une période inédite durant laquelle nos modes de pensée, de communication et nos façons de vivre ont changé. À l’heure où il est temps d’envisager l’après, certains ont pris des décisions, parfois radicales, parfois minimes, mais dont la mise en place changera beaucoup de choses. Du retour au calme au virage à 180°, voici les témoignages de ceux qui se rêvent différents dès demain.

Demain pourra-t-il rester comme hier?

On l’a vu, cette crise sanitaire qui touche le monde entier aura forcé bon nombre de citoyens à s’enfermer chez eux. Et ce pendant que d’autres sont toujours en première ligne en prenant des risques pour leur santé. L’une des quêtes les plus partagées sur les réseaux sociaux fait état du sens de nos vies quand nos boulots ne consistent en rien d’autre que de rester derrière un ordinateur toute la journée. C’est le cas de Camille, qui a décidé de reprendre des études dès la rentrée scolaire.

Depuis deux mois, je me lève tous les matins en me demandant pourquoi je continue de faire ce job qui ne sert pas à grand-chose. Quand l’angoisse du dimanche soir que je traîne depuis des années s’est manifestée tous les jours de la semaine, j’ai senti qu’il était de prendre une décision”.

Et celle-ci devait répondre précisément à la quête de sens. Ainsi, Camille a choisi de se réorienter vers un métier thérapeutique pour enfin aider les gens comme il lui tient tant à coeur de le faire mais aussi pour s’aider elle-même. “Il y a une part de moi qui ne parvient pas à s’épanouir à 200% sans raison apparente. J’avais l’impression d’attendre de trouver ma place sans savoir où aller”.  Un choix qui a sans doute pris toute son importance pendant le confinement. “Je sens depuis des mois, si pas des années, que je dois trouver une autre voie pour un futur proche. Mais le confort et la stabilité de mon travail m’ont empêchée jusqu’à présent d’y plancher sérieusement. Avoir tout le temps d’y penser depuis ces dernières semaines a certainement aidé au déclic” explique-t-elle.

Marie, quant à elle, a réalisé à quel point son job la rendait malheureuse et anxieuse. “Pendant ce confinement, je me suis rendu compte par plein de petites choses de la vie quotidienne que j’étais heureuse, plus du tout de stress, je dors bien, je n’ai pas d’angoisse, etc. C’est un soulagement énorme pour moi”. Mais la reprise de son secteur est prévue pour lundi et la boule au ventre n’a pas tardé à revenir. “Rien que de savoir que je reprends lundi, j’ai des angoisses, des insomnies et un poids sur l’estomac”.

Je ne pourrai pas retourner au boulot lundi. C’est au-delà de mes forces. Il faut que je parte au plus vite”.

“À la base, j’ai fait des études d’esthétique mais la vie a fait que je n’ai pas trouvé de job dans cette branche donc il a bien fallu trouver autre chose pour payer les factures. Je me suis reconvertie dans la vente parce que c’est facile à trouver, ils recherchent toujours dans ce secteur. Je n’en pouvais déjà plus avant le confinement, c’est pourquoi je me suis lancée dans des formations pour devenir indépendante. Je m’étais dit que je ferais les deux pendant un an ou deux s’il le fallait. Mais pendant ce confinement, j’ai bossé dur sur mes projets et j’ai décidé de me lancer le plus vite possible. Je suis hyper motivée. Ça me donne de l’espoir”.

Un nouveau départ

Actuellement en Irlande, Salomon a décidé de complètement changer de vie dès la fin du confinement. “Je pose ma démission dans les prochaines semaines, je change de pays, et emménage dans une ville dans laquelle je n’ai jamais habité. Je vais également commencer un nouveau boulot que je n’ai pas encore trouvé”. De ce nouveau départ, Salomon attend beaucoup: “une redécouverte de moi et de mon environnement. Je suis assez excité et je sais que c’est la bonne décision” nous confie-t-il. Pourquoi maintenant et pas plus tôt? “Disons que c’était déjà prévu mais la gestion de la crise sanitaire de mon entreprise a accéléré ma réflexion”.

Pendant le confinement, je me suis posé plusieurs questions. Est-ce que j’ai fait mon temps ici? Est-ce que j’ai appris ce que je devais apprendre? Et la réponse est oui. Il est temps pour moi de partir”.

Une remise en question qui ne se prête pas qu’à la sphère du travail. Ces dernières semaines, Cheyenne a fait le point sur sa vie sociale et souhaiterait y aménager quelques changements. “Il y a des ‘amis’ qui ne m’ont absolument pas manqué. Ça m’a presque fait du bien de ne pas les voir, notamment à cause de leur négativité.

Je vais aussi m’atteler à accorder de l’importance à mes amitiés intelligemment après ce confinement”.

Et ça passera par une rupture avec les amitiés toxiques. Décision également prise par Maxime qui “n’en pouvait plus de se faire bouffer”. “J’ai vécu ce confinement comme une vraie pause loin de ces gens qui me pompaient toute mon énergie. J’ai réalisé au bout de plusieurs semaines que je ne voulais absolument plus les côtoyer à l’avenir. L’avantage, c’est qu’avec le confinement, j’ai pu prendre mes distances facilement en ne donnant tout simplement pas de nouvelles”. En se choisissant eux, ils choisissent aussi leur bien-être mental et ont opté pour plus de sérénité. Tous deux désirent prendre davantage soin d’eux pour aussi mieux prendre soin des autres.

Certains couples n’auront pas résisté à ces réflexions intenses sur le jour d’après.

On prévoyait de faire un bébé avant le Coronavirus. Notre nouveau plan est de se séparer”

explique Marie. “Nous avons tous les deux des vies surchargées en temps normal. En se retrouvant face à face 24h/24h, on a réalisé qu’en fait on était bercés par une belle illusion de vie commune. En réalité, on ne s’entend pas aussi bien qu’on le pensait. Nos longues discussions nous ont aussi permis de comprendre que nos envies pour la suite n’étaient pas partagées. Par exemple, lui veut se poser et mener une vie pépère alors que moi je rêve de me réveiller de cet état latent pour vivre à 200%. La solution de la rupture est venue naturellement mais on attend la fin du confinement pour vraiment prendre une décision”.

Le bien-être avant tout

Prendre soin de soi et prioriser son bonheur passent aussi par des aménagements peut-être moins conséquents mais qui peuvent avoir un impact colossal sur notre façon d’être. Après une rupture, Olivia a choisi de vivre en collocation plutôt que seule “pour adoucir légèrement l’atterrissage d’abord et économiquement ensuite”, nous dit-elle. Mais si elle n’y a vu que des avantages pendant plusieurs années, à l’aube de ses 30 ans, elle a décidé de déménagé après le confinement. “Force est de constater que mon besoin d’intimité s’est peu à peu renforcé”.

Avec le confinement, ce sentiment est carrément devenu une évidence indéniable. Je rêve d’un lieu à moi où je me sens bien, où je ne dois composer avec personne, que je peux décorer à mon image et où je peux me retrouver avec moi-même.

“Là où le célibat m’avait mené à la collocation, il m’emmène maintenant à la complète indépendance. Après tout, c’est le moment ou jamais de vivre seule” conclut-elle.

Et moi?

Ce confinement aura provoqué de nombreux déclics au quatre coins du monde, qu’ils soient collectifs ou individuels. Si, en temps normal, on ne les aurait pas forcément analysés, force est de constater qu’ils sont tous vecteurs d’une même envie; un retour à des valeurs profondes qu’on avait mises de côté. Et les causes de cet oubli sont très simples: le temps qui passe trop vite, nos vies à 2000 à l’heure, la peur, le manque d’oisiveté, la peur de se tromper, de l’échec le besoin de sécurité et bien d’autres.

Selon Vanessa Oltra, Maître de conférences en économie, et Gregory Michel, Professeur de Psychologie Clinique et de Psychopathologie, on pourrait raccrocher cette période de confinement au travail de l’anthropologue français Arnold Van Gennep. “Dans ses travaux pionniers sur les rites de passage, il identifie trois phases : la phase de séparation durant laquelle l’individu est disjoint de son environnement et de son flot d’activités quotidiennes ; la phase de liminarité, qui est la phase de transition durant laquelle l’individu se trouve entre deux états ou statuts ; et la phase d’incorporation qui marque la réintégration de l’individu dans son environnement avec un statut, une identité et un état modifiés. Le “pourquoi maintenant” trouverait donc une réponse “dans cette phase de liminarité durant laquelle se mettent en place les processus de déstructuration, de remise en question des normes, des repères, des valeurs et de l’identité (sociale, familiale, professionnelle…), mais aussi et surtout d’ouverture et de transformation de l’individu, ou d’un groupe d’individus, pour les conduire à un état modifié plus mature”.

Car si nos intervenants rêvent tous d’un demain différent et se donnent les moyens de le concrétiser seuls, ils visent aussi tous la même chose: être plus heureux et à l’écoute de leurs besoins. Un exemple à suivre? À l’instar de Marie, nous vous conseillons de profiter de ce temps de réflexion pour faire des plans et fixer vos objectifs de vie concrets. “Partir élever des chèvres dans les hauteurs” ne s’improvise pas, pas plus qu’un tour du monde ou l’achat d’une maison. Attendez un retour progressif à la vie active pour savoir si vos projets vous tiennent toujours autant à coeur. Et si c’est le cas, qu’attendez-vous pour vous lancer?

Personne ne peut être heureux à votre place.

 



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