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©  Tjorven Boucher

TÉMOIGNAGE: Rosie, 24 ans, assume sans complexe la tache de vin sur son visage

La rédaction

Rosie, 24 ans, est née avec une tache de vin sur le visage. Une particularité physique qu’il a fallu apprendre à apprivoiser. Mais aujourd’hui, elle se sent bien dans ses baskets et voit enfin cette différence comme un atout plutôt que comme un défaut.

“Ma grand-mère a une tache de vin sur le ­mollet et mon frère ­aîné est né avec une très petite tache sur la tête. Mes parents sont partis du principe que les taches de vin étaient dans leurs gènes. Mais ce fut un choc pour eux lorsque je suis née avec une grosse tache de vin sur le visage. Heureusement, ils ont toujours été très positifs à ce sujet et ce depuis le début.

Je me souviens que ma mère a toujours dit que ça ne la dérangeait pas et qu’elle ­trouvait même que c’était une jolie tache et qu’elle m’allait bien.

Quand j’étais bébé, je ­souriais beaucoup et j’avais, ­paraît-il un côté très attachant. Et bien sûr, mes parents étaient ravis de savoir que j’étais en bonne santé, c’était finalement le plus important. Peu de temps après la naissance, un médecin leur a proposé de traiter ma tache de vin au laser, ce qu’ils ont ­accepté. Mais en 1995, la thérapie au ­laser n’était pas encore aussi avancée qu’aujourd’hui et le traitement n’a pas produit les résultats escomptés. En tant que bébé, je devais être sous anesthésie générale à chaque fois donc ils ont fini par arrêter le traitement.

Jamais victime d’intimidation

Quand mes parents sortaient en balade avec moi quand j’étais bébé et que les gens me regardaient dans la poussette, ils ne disaient jamais ‘Quel beau bébé !’ J’ai eu droit à tous les compliments de la terre, mais ­jamais à propos de mon physique. On me disait que j’avais de beaux cheveux, que j’étais marrante ou souriante… Personne ne commentait jamais ma tache de vin. C’est vers l’âge de 4 ans que j’ai commencé à recevoir les premières remarques ou questions. Il arrivait parfois que des enfants dans la cour de récréation, me demandent pourquoi j’avais une tache sur le visage. Mes parents ont toujours été très calmes à ce sujet et m’ont appris à répondre à ce genre de commentaire. Petite fille, j’étais plutôt timide, alors il m’arrivait de dire que j’étais simplement née comme ça. Cette réponse simple leur convenait amplement. D’ailleurs je trouve très surprenant de ne pas avoir été ­victime d’intimidation ou de ­harcèlement à cause de cette tache.

Les enfants auraient pu se moquer de moi, mais pour autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais eu ­d’expérience négative à ce sujet.

Je pense que cela est dû en grande ­partie à l’approche positive et à ­l’éducation que j’ai reçues de mes parents. J’ai grandi dans un ­environnement très chaleureux et je suis allée dans une très chouette école. Cela a probablement aussi joué un rôle. Peut-être que dans un autre quartier et avec un autre tempérament, tout aurait été différent.

Timide sans ma tache

Pendant ma puberté, je suis devenue une adolescente un peu rebelle. Je faisait partie d’une petite bande et j’adorais passer du temps avec mes amis. Tout le monde me connaissait comme Rosie, la fille avec la tache de vin, sans jamais que cela soit considéré comme une insulte. L’intimidation ne semblait tout simplement pas faire partie de notre quartier. Si quelqu’un devait m’embêter, mes amis m’auraient tout de suite ­défendue. Quand j’y repense maintenant, je me rends compte à quel point j’ai eu de la chance. D’un autre côté, comme n’importe quel ado, je voulais être la plus belle possible. Et c’est comme ça que j’ai commencé à chercher des manières de cacher ma tache. Je suis entrée en contact avec une maquilleuse qui m’a fait découvrir un maquillage de théâtre très couvrant avec lequel je pouvais camoufler tout à fait ma tache de vin.

Pour la première fois de ma vie, je me suis vue sans cette tache. Mais au lieu d’être très heureuse, je suis devenue timide et j’ai perdu confiance en moi.

J’ai commencé à être complexée par mon apparence, alors que je n’avais jamais eu ce sentiment auparavant. Et j’en suis arrivée à la conclusion que j’étais moins bien dans ma peau lorsque ma tache était camouflée. Quand elle est visible, je suis plus sûre de moi et les gens m’abordent plus facilement. J’ai donclaissé tomber l’idée de la cacher.

Un côté unique

Que les gens me regardent plus que quelqu’un d’autre est un aspect qui fait partie de ma vie depuis toujours et j’ai appris à vivre avec. Mais quand il fait très froid, ma tache de vin a tendance à changer de couleur et peut aller jusqu’au violet foncé. Et alors encore plus de gens me regardent. Quand il fait plus chaud, elle s’estompe légèrement. Pour éviter ces ­changements de couleur, j’ai subi un traitement au laser à l’âge de 18 ans. À ce moment-là, la thérapie était bien meilleure que lorsque j’étais enfant et mon médecin m’a même proposé ­d’éliminer complètement ma tache de vin. Mais pour cela, je devais porter une lentille en acier dans l’œil, pour le ­protéger de l’irradiation. Et j’ai détesté ça. Je préfère encore avoir une tache que porter cette lentille.

Après tout, cette tache fait partie de moi depuis ma naissance et me donne un aspect unique que j’ai fini par apprécier au fil des années.

Si je tombe amoureuse, mais que ma tache est un obstacle pour l’homme que j’aimerai, c’est que ce ne sera pas le bon. Quand je ­regarde vers l’avenir, je me vois mère de famille. Est-ce que mes enfants ­pourraient avoir des taches ? Je ne m’en ­préoccupe pas trop pour le moment. Ce qui compte là tout de suite, c’est que je réussisse mes études d’infirmière.”

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