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Témoignage: ““Mon homme est dépressif””

Justine Rossius
Marie, 30 ans, est en couple avec Sébastien depuis dix ans. Ils ont deux enfants. D'après le thérapeute, Sébastien traverse une crise du quart de vie. Il ne sait pas s'il veut poursuivre sa relation avec Marie.

 

"Ma vie est un ascenseur émotionnel. J'ignore si je serai toujours en couple le mois prochain. Je sais que j'aime Sébastien et notre famille. Mais j'ignore s'il veut rester avec moi. Il doute. Et même si je sais que c'est dû à sa dépression, le résultat est le même. Tout ce que je peux faire, c'est attendre.

 

Soudain, un enfant

Il y a quatre ans, après la naissance de notre petite fille, j'ai traversé une période très difficile. Ça faisait des années que Sébastien et moi profitions de la vie rien que tous les deux, et soudain, un enfant en constante demande d'attention a fait irruption dans notre vie. J'avais l'impression d'étouffer, d'être prisonnière. Je luttais contre mes sentiments, mais j'ai mis des mois avant de reprendre le contrôle de ma vie. Sébastien travaillait en horaires décalés, c'est principalement moi qui m'occupais de notre fille. Je ne lui reprochais pas, mais quand même: ça n'allait pas très fort entre nous. 

 

Des bons moments à nouveau

Pourtant, j'ai continué à me battre. Et tout doucement, on est parvenus à sortir de cette mauvaise passe. Je prenais confiance dans mon rôle de mère, une nouvelle énergie m'habitait et Sébastien et moi passions à nouveaux de bons moments ensemble. Je pensais qu'on avait réussi. On avait traversé une très mauvaise période, mais on en était sortis plus forts.


La dégringolade

C'est alors que quelque chose a déraillé pour Sébastien. Il est parti skier et s'est cassé le bras. Il n'allait pas pouvoir travailler pendant des mois. À son retour de voyage, il avait changé. Il était déprimé, cassant, irritable. Je pensais qu'il s'en voulait parce qu'à cause d'un stupide accident de ski, il allait être hors-service pendant des mois, mais au bout d'une semaine, tout est sorti. Sébastien ne savait pas s'il voulait rester avec moi. D'après lui, sa chute lui avait ouvert les yeux. Il avait commencé à réfléchir à sa vie, à son travail et à son couple. Et il s'était rendu compte qu'il n'était plus heureux. 

 

Sous le choc

Le sol se dérobait sous mes pieds, je n'avais rien vu venir. Je suis durement tombée du petit nuage sur lequel je me trouvais, après la crise qu'on avait traversée. J'ai essayé de lui parler, mais il ne le voulait pas. Il était apathique, n'avait plus aucune motivation. Je lui parlais de notre avenir, il restait muet devant la télé. "Je suis désolé", disait-il alors. "Je sais que c'est très difficile pour toi, mais je ne peux pas t'aider." J'étais sous le choc. Sébastien avait toujours été le pilier de notre relation. Il avait pris soin de moi, tout comme je l'ai fait pour lui. Et tout ça avait disparu.
 

Enfin le diagnostic

Il a finalement a accepté de suivre une thérapie de couple, même s'il ne trouvait pas ça nécessaire. Il estimait qu'il n'y avait plus rien à sauver. Il s'est avéré dès la première séance qu'il souffrait d'une forme de dépression appelée "crise du quart de vie". Lorsque j'ai entendu le diagnostic du thérapeute, j'ai été soulagée. Ce n'était pas notre couple qui était en cause, mais la dépression. J'étais persuadée qu'on pouvait la combattre. Sébastien et moi avons vécu en pilote automatique pendant des mois. Il refusait de me parler, me rejetait quand j'essayais de l'embrasser et répétait qu'il ignorait s'il avait envie de continuer sa vie avec nous. Durant des mois, je me suis sentie incroyablement seule, frustrée et angoissée.

Avoir une relation avec une personne dépressive est terriblement difficile. Sébastien refusait catégoriquement mon aide. Il ne voulait rien de moi.

Par contre, il allait chez ses parents. Il leur parlait, à eux. Et je restais sur la touche. Je devais me contenter d'être spectatrice, totalement impuissante. J'ignorais si moi et mes enfants avions encore un avenir. Le caractère imprévisible de Sébastien était très éprouvant. Un jour il semblait aller mieux et je reprenais espoir, mais quelques jours plus tard, il replongeait totalement et plus un mot ne sortait de sa bouche.

 

Envie de tout plaquer

J'ai souvent eu envie de tout plaquer. Autant partir que de rester avec un homme qui refuse que je le touche et lui parle, non? Durant des mois, ma vie a été chamboulée. En une seule journée, je passais au moins cinq fois de la combativité à l'espoir puis au chagrin et à la colère. Puis, je lisais un énième article sur la dépression et je culpabilisais, car Sébastien ne pouvait rien y faire. Je devais essayer d'être là pour lui, même si c'était très difficile.

Je devais continuer à le considérer comme un malade. Quand quelqu'un a un cancer, on ne se met pas en colère, si?

 

De l'espoir, sans être naïve

Je ne suis pas partie, et j'en suis fière. J'ai été confrontée à moi-même et j'ai beaucoup appris. J'ignorais que j'étais si forte, avant je me reposais toujours sur lui. Réaliser que le contraire était possible a boosté ma confiance en moi. Depuis peu de temps, la situation semble s'améliorer. Il me parle à nouveau, il me raconte sa journée. Il ne l'avait plus fait depuis des mois. Récemment, j'ai voulu l'embrasser et il n'a pas reculé. Pour moi, ce sont des signes qui montrent qu'il va mieux. J'essaie de m'y accrocher, même si je ne veux plus être aussi naïve qu'au début.

On a encore un long chemin à parcourir. Sébastien ne sait toujours pas s'il veut continuer sa vie avec moi, mais il est prêt à donner une nouvelle chance à notre couple.

J'ignore si notre relation y survivra. Mais finalement, je suis devenue plus forte. Et je suis convaincue que si on parvient à s'en sortir, si notre couple survit à cette histoire, il sera plus solide qu'il ne l'a jamais été."

 

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