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Témoignage: ““J’ai arrêté de travailler pour élever mes enfants””

Barbara Wesoly
Cléo, 30 ans, a décroché un Master mais a choisi de privilégier sa famille et de mettre sa carrière entre parenthèses pour s'occuper à temps plein de ses deux petits garçons.

Moi, mère au foyer? Jusqu'il y a quelques années, je n'aurais jamais imaginé que je puisse rester 24/24h, 7/7 jours avec mes enfants. Pendant longtemps, je n'avais même pas de désir d'être maman, mais tout a changé lorsque j'ai rencontré Jean. À 22 ans, il m'a demandé en mariage et très vite, nous avons rêvé de fonder une famille. Lucas est né début 2013. Durant ma grossesse, je travaillais comme prof d'Histoire dans une école secondaire. Un job temporaire – ce qui n'était pas mal – car je voulais rester plus de trois mois à la maison pour m'occuper de mon bébé. Même si j'aimais mon boulot, après mon accouchement, j'ai été moins motivée à me lancer à nouveau dans ma carrière. Je voulais même m'occuper à plein de temps de Lucas et de mes futures enfants.

 

Propriétaires avec un seul salaire

Jean et moi avons envisagé toutes les options. Nous en sortirions-nous avec un seul salaire? Trouvions-nous important d'être propriétaires de notre propre bien? Nous étions encore locataires, mais à cette époque, nous avions décidé de ne jamais acheter une maison dont le remboursement nécessite deux salaires. Depuis que je suis maman, je n'ai presté aucun jour de travail rémunéré. D'un point de vue financier, ce n'était pas l'idéal que ce soit moi le parent qui reste à la maison. Je gagnerais plus que Jean car j'ai un Master, mais... c'est aussi moi qui allaiterai notre bébé (rires). Quand je suis tombée enceinte de John, l'envie de devenir propriétaires a commencé à nous démanger. Par hasard et plus rapidement que nous le pensions, nous avons trouvé une nouvelle habitation dans un quartier résidentiel social. Abordable avec un seul salaire, et assez grande pour notre famille.

 

Regards de travers

Mon mari et moi aimerions avoir quatre enfants. Plus, ce ne serait pas possible dans notre maison actuelle (rires). John a dix mois aujourd'hui. Pour l'instant, nous vivons surtout à son rythme. Il fait encore trois siestes par jour. Lucas ne va pas à l'école maternelle. Nous en avons visité plusieurs l'an dernier, mais il préfère rester à la maison et c'est très bien. Je rêve depuis des années de l'enseignement à domicile pour ma propre famille. Cela s'inscrit dans la continuité de mes idéaux en tant que mère et en tant que professeur. Je trouve bien qu'il existe plusieurs options. À son âge, les enfants ne sont pas encore tenus par l'obligation scolaire. Mais au moins tous les deux jours, nous faisons une sortie ensemble. On va au musée, à la bibliothèque, on se balade en forêt, on rend visite à d'autres familles qui sont aussi à la maison, on va admirer des reptiles exotiques dans un magasin spécialisé...

Régulièrement, j'ai droit à des regards de travers quand je sors avec Lucas un jour de semaine. Parfois, les gens me demandent même s'il est malade... En 2016, les parents au foyer semblent encore une exception à la règle.

 

Parfois difficile mentalement

Je suis heureuse de mon choix, même si c'est parfois pesant, psychologiquement. En journée, vous êtes isolée des adultes et faites tout en fonction des enfants. Il n'y a pas de vrais moments de pause, car vous devez tout le temps être disponible. Il faut se motiver soi-même et avoir de l'autodiscipline. Le contact avec les élèves et les collègues me manque parfois, mais je préfère rester avec mes enfants. Le rôle de parent au foyer est encore souvent sous-estimé. Beaucoup de gens considèrent que s'occuper d'enfants n'est pas une 'vraie' activité. Mais les enfants ne sont pas des poupées à qui vous donnez à manger de temps en temps avant de les remettre au lit. Vous êtes constamment en interaction avec eux.

 

Créativité requise

Dans ma famille, je suis pour l'instant la seule mère au foyer. J'entends parfois qu'un job rémunéré est important et même nécessaire à l'épanouissement personnel, mais élever ses enfants à temps plein l'est aussi pour moi.

Pour que notre vie quotidienne soit agréable, structurée mais aussi passionnante, il faut faire preuve de créativité. Quand je dis à des parents qui travaillent que je suis pour le moment mère au foyer, ils réagissent parfois avec incompréhension. J'ai régulièrement le sentiment de devoir me justifier. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que ça les force à se confronter à leurs propres choix. Je ne critique pas les mamans et les papas qui travaillent. Je ne prétends pas non plus que notre mode de vie est le meilleur choix pour tout le monde, mais Jean et moi, on est satisfaits à 100 % de notre mode de vie. Nous n'avons pas gagné au Lotto, Jean ne gagne pas de l'or en barre et je ne perçois aucune allocation. Nous avons un revenu limité, mais on s'en sort.

 

Je nettoie, il repasse

Sans le soutien inconditionnel de mon mari, je n'aurais jamais pu être mère au foyer. Il a conscience que moi aussi, j'ai de grosses 'journées de boulot'. Avant, il lui arrivait de se plaindre de son besoin de prendre une pause après une dure journée de travail, comme si je passais la mienne affalée devant la télé à manger des pralines (rires). J'entends aussi parfois des histoires de parents dont l'un refuse que l'autre reste à la maison. Ici, heureusement, on est sur la même longueur d'ondes. Je nettoie, Jean repasse. Je cuisine, il fait la vaisselle, ou inversement. Ce n'est pas parce que c'est Jean qui fait bouillir la marmite qu'il ne donne plus un coup de main pour les tâches ménagères. S'occuper d'enfants en bas-âge est aussi une activité intense et à temps plein!"

 

Cléo

 

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