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© Encrer mon histoire - Getty

ENCRER MON HISTOIRE: ““Chacun de mes tatouages est un hommage à mon papa décédé””

La rédaction


Un tatouage, c’est pour la vie. On peut le choisir pour marquer à jamais un moment important sur notre peau, pour se souvenir de quelqu’un ou d’un lieu, pour rire, pour s’évader… Aujourd’hui, Caroline nous livre la signification derrière les dessins qui ornent son corps.


“J’ai quelques tatouages sur le bras gauche, le bras du cœur, et l’arrière du mollet droit, guidant mes pas. Je les ai réalisés en hommage à mon papa qui nous a quittés en 2014 des suites d’une longue maladie. Il était mon complice, mon pilier et nous partagions tout ensemble: nos combats pour un monde plus juste, la photographie, la littérature, notre amour pour la nature, ... Bien présent dans mon cœur, j’ai aussi voulu le graver sur ma peau.

Les sujets que j’ai choisis de tatouer sur mon bras gauche étaient une évidence. Je ne me suis penchée sur aucun « catalogue », aucune tendance. J’ai juste demandé à mes tatoueurs de me faire des propositions en lien avec les envies et les explications que je leur avais données.

Une libellule

Une libellule

Une libellule

Le premier tattoo est au poignet gauche. Une libellule, mon surnom quand j’étais petite. Elle symbolise la guérison, l’espoir. C’est le premier tatouage que j’ai souhaité me faire. Elle semble agitée, comme mes pensées à l’époque, mes émotions quelques mois avant la mort de mon papa. Muzah, un ami tatoueur bruxellois l’avait très bien senti et l’a retranscrit à merveille.

Sacajawa

Sacajawa

Sacajawa

Le second est une interprétation de Sacajawa, une Indienne ayant permis la découverte du Grand Nord aux explorateurs Lewis et Clark. Mon père a toujours voulu que je connaisse l’histoire de cette femme remarquable, qui a été un guide pour les autres. J’enseigne aujourd’hui la photographie. Il y a peut être de cela... Elle est généralement représentée avec un couffin portant son bébé sur le dos, j’ai pour ma part renoncé à la maternité et mon tatoueur bien au fait de mon histoire a représenté un couffin qui s’envole donc en poussière dans son dos... Tout un symbole.

Ce tattoo fait il y a 5 ans me rappelle son courage et sa persévérance: héroïne précieuse aux yeux de mon père, qui fait aujourd’hui partie des femmes de l’histoire que j’admire le plus. Elle est apparue comme une évidence et c’est mon second tatouage, mais peut être le plus important à mes yeux. C’est mon ami Muzah, tatoueur bruxellois, qui a réalisé ce dessin. Ainsi que celui de la libellule. Muzah a tout de suite compris ce que j’attendais, ce que cela représentait pour moi. Il a fait quelques ébauches, j’étais déjà sous le charme de ses traits, de son style, voir les sujets qui me tiennent à cœur dessinés de sa main sur le calque, j’ai de suite adhéré.

Un aigle

Un aigle

Un aigle

Le troisième est un aigle, tatoué à l’arrière de mon mollet et guidant chacun de mes pas dans la bonne direction. Mon papa a toujours été admiratif de cet oiseau. Il a toujours dit qu’il rêvait de se réincarner en aigle le jour où il nous quittait. Il est stylisé: une simple silhouette... pour ne pas m’imposer une représentation précise de ce que pourrait être cet aigle de la vie après la vie.

Un paon

Un paon

Un paon

Le paon, réalisé il y a bientôt deux ans, est le symbole de mon acceptation, de la renaissance après mon deuil difficile. C’est vers un autre tatoueur que je me suis tournée pour lui, un ami de longue date: Piwi qui œuvre chez Perle Noir à Ixelles. Il adore les paons et en avait dessiné un sublime. Toujours une histoire d’amitié, de confiance entre lui et moi. À mon sens la confiance est primordiale quand on veut passer sous les aiguilles de quelqu’un. Je pense que j’en resterai à Muzah et Piwi pour l’ensemble de mes tatouages à venir ... Et il n’en restera pas beaucoup à faire, je n’ai qu’un bras gauche et ne souhaite pas de tatouages ailleurs.

La fleur préférée de mon père

La fleur préférée de mon père

La fleur préférée de mon père

Le dernier qui encadre Sacajawa et le paon sont des fleurs d’azalées. Elles permettent d’apporter un « cadre » à l’ensemble de mes symboles. L’azalée était la fleur préférée de mon père, son jardin en est encore rempli. Cette fleur est tellement raffinée. C’est encore Piwi qui les a dessinées.



Mon papa était un papa protecteur sans être dans l’exagération, mais plus dans la bienveillance. Loin du cliché fille à son papa, nous étions très proches. J’ai découvert son métier dont il était passionné quand j’étais toute petite et je suis tombée dedans moi aussi. Il était photograveur, je suis devenue photographe.

Nous partagions notre amour de la nature, de la photographie et de l’image en général. Il était patient, à l’écoute, attentif à mon évolution tout en me laissant libre.


Il m’a inculqué le courage face à l’adversité et sa devise: il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions, je l’ai fait mienne. Il me manque tous les jours. Il nous a quittés à 69 ans, il y a 7 ans, je ne m’en remettrai sans doute jamais vraiment. Je l’ai toujours aimé et je l’aime encore infiniment.

Aujourd’hui, mes tatouages font partie de moi. Tout comme je ne regarde plus mon nombril depuis longtemps, eux aussi je finis par « les oublier ». Et quand je les regarde attentivement, je les redécouvre à chaque fois. Ils me racontent une belle histoire. Celle de mon papa.

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