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© Getty Images

Adieu soutif! Gaëlle, 29 ans, a arrêté de porter des soutiens-gorge depuis 4 ans

La rédaction

De plus en plus de femmes choisissent de vivre sans soutien-gorge, par confort ou pour faire fi d’une tradition vieille de plusieurs siècles et qui pesait sur leur poitrine comme une injonction sociétale. C’est le cas de Gaëlle, 29 ans, professeure de français actuellement en tour du monde et qui est une adepte du No Bra depuis bientôt 4 ans.


“J’ai abandonné le soutien-gorge ­progressivement, mais tout a commencé en vacances. L’été était chaud et, à l’autre bout du monde, le regard des autres m’importait moins. J’aimais ce ­sentiment de liberté. Ce qui m’a décidée à ne plus en porter du tout c’est la réaction d’une amie, ­étonnée de la fermeté de mes seins.

On a un peu l’impression que si on n’en porte pas, on va se retrouver avec deux gants de toilette informes à partir d’un certain âge. Porter un soutien-gorge nous forcerait à ne plus utiliser nos ­muscles et ligaments puisque nos seins sont soutenus toute la journée.


Il faut un temps d’adaptation et de musculation, mais j’ai vraiment trouvé mes seins plus toniques, mes épaules et mes pectoraux se sont renforcés et ma ­posture me semble plus harmonieuse.

Liberté et féminisme


La grande différence ? Le confort et la ­liberté, je ne ressens plus de pression sur mon corps. Et puis c’est aussi ­économique : plus de soutien-gorge hors de prix, moins de lessive et quelques grammes en moins et d’espace en plus dans mon sac à dos quand je voyage. Un gain de temps aussi : je ne me casse plus jamais la tête pour savoir quel sous-vêtement conviendra avec mon top à fines bretelles. Il y aussi des raisons ­féministes derrière mon choix : le ­soutien-gorge a surtout été créé pour mettre en avant les formes, sculpter un peu plus le corps des femmes. Je ne dis pas qu’il n’est pas utile pour celles qui ont une forte poitrine, mais pourquoi, dès que notre poitrine se forme un peu, nous l’impose-t-on ?

Le décolleté en société


Exceptionnellement, il arrive que je mette un soutien-gorge si je pense que les personnes que je vais croiser pourraient être choquées. Pour une réunion de parents, par exemple, ou si je porte une chemise blanche assez classique. Mais je n’ai généralement plus ce genre de vêtements dans ma garde-robe, ­repensée en fonction. À l’école où je suis prof, certaines élèves m’ont ­demandé si je ne portais pas de soutien. Je n’en ai pas fait un mystère. Nous avons eu une discussion sur le choix d’en mettre ou pas. C’était un débat intéressant, avec des adolescentes si ­soumises aux regards des autres et à leur propre regard face à leur corps qui change. L’échange était ­vraiment positif et je n’ai jamais plus eu de questions.

Au ‘sein’ des cultures


Cela fait 6 mois que je voyage et je me rends compte que, dans le monde, ­porter un soutien-gorge n’est pas toujours la norme : les nomades ­mongoles utilisent des bandes, les Indiennes n’ont que leur sari, ­beaucoup d’Africaines sont seins nus ou avec un simple t-shirt…

Le soutien-gorge est  un diktat de notre culture. Depuis que je ne suis plus sous son emprise, je me sens libérée d’un poids.


Ne plus mettre de soutien-gorge m’a aidée à accepter ma poitrine et à me juger moins sévèrement.”

L’avis des spécialistes


Sophie Tsepelidis, gynécologue ­spécialiste en sénologie (étude des ­affections du sein), nous rassure tout de suite : “Le soutien-gorge n’a aucune ­incidence dans l’apparition du cancer du sein. Et ne pas en porter non plus”. ­Néanmoins, le manque d’études ­scientifiques à propos du port ou non de ce sous-vêtement est à déplorer. Il est en effet difficile d’étudier la question tant les facteurs de comparaison entre les ­poitrines sont nombreux.

De mauvais choix

“Le problème principal du soutien-gorge, c’est qu’il est souvent mal choisi. La majorité de mes patientes ne portent pas un soutien adapté, souvent trop serré au niveau des ­armatures et des bretelles et donc à ­l’origine de douleurs.” Le soutien est donc à associer au confort personnel. Il soulage le plus souvent réellement les poitrines volumineuses. Selon la gynécologue, ce qu’il faut savoir, c’est que notre déodorant est bien plus néfaste pour nos seins que notre soutien !

Pour Valérie L’Heureux, sexologue ­clinicienne, le port ou non du ­soutien-gorge est une affaire de culture, ­d’intention, de liberté et, surtout, de bien-être. “Notre société a mis la lingerie au cœur de la culture érotique, comme on le voit dans les publicités de grandes marques. Mais, comme je le ­précise à mes patientes, il faut se méfier de ce que les médias et la pub renvoient comme image de la femme, exigeant une perfection inatteignable.

Beaucoup ­utilisent la poitrine comme arme de ­séduction, et si le ‘No Bra’ est intentionnel, assumé et que ça renforce l’ego, cela a selon moi un effet positif.


A contrario, la sexologue nous explique que si une femme estime qu’un soutien-gorge lui donne une apparence plus ­dynamique et jeune, sans entraver ses mouvements, et qu’elle se sent mieux, c’est un choix judicieux d’en porter. “La fonction du sein est complexe, à la fois sexuelle – le téton qui durcit peut évoquer une forme ­d’érection – et maternelle, quand la femme nourrit son enfant. Dès lors, il est compliqué d’appréhender sa poitrine, qui est souvent différente après une grossesse et qu’il faut parfois apprendre à aimer, ­différemment. Avec ou sans soutien-gorge!”

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