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TÉMOIGNAGE: ““J’avais 10 ans, je jouais dehors et il m’a touchée””

La rédaction

Marie n’était qu’une enfant, l’incarnation même de l’innocence, quand elle a subi les attouchements d’un voisin, dehors, en plein jour. Aujourd’hui, elle nous livre son récit.


Alors que Polanski est sur toutes les lèvres et que la Journée Internationale pour les Droits des Femmes approche à grands pas, Marie a tenu à partager son témoignage. “Pas parce que je suis traumatisée. Pas non plus parce que j’en ai besoin mais parce que j’en ai envie. Et je sais que cela mettrait mon interlocuteur mal à l’aise de lire ces mots” nous confie-t-elle.

“C’est un événement de ma vie qui est très tabou”


Selon ses mots, Marie a échappé de peu au viol, elle avait 10 ans. “Je jouais dehors avec une amie quand un homme s’est approché de moi pour demander l’heure. Je lui ai répondu et ai voulu reculer, mal à l’aise, mais il m’a retenue avec une main en m’expliquant qu’il était médecin pour les enfants de mon âge”.

L’enfant ne comprend pas ce qu’il est en train de se passer. Elle se retrouve avec son pantalon et sa culotte baissés. “Il m’a touchée. Il m’a demandé de m’allonger, je l’ai fait. Mais quand je l’ai vu s’agenouiller devant moi, je ne me suis pas laissé faire et j’ai tenté de me redresser”. L’homme panique et se retire. “A-t-il eu peur que je crie? Je ne sais pas. Toujours est-il qu’il est parti et que je suis rentrée chez moi”.

La famille de Marie a porté plainte à la police, plusieurs fois même. Mais celles-ci n’ont jamais abouti. Pire, deux semaines après les faits, elle recroise son agresseur dans la rue. “Je me suis rendu compte qu’il habitait un peu plus bas que chez moi. J’ai paniqué mais je n’ai rien dit”. “L’endroit où il m’a touchée, je le voyais depuis la fenêtre de ma chambre chaque jour. Lui, je le voyais chaque semaine”.

Aujourd’hui, la jeune femme réalise qu’elle n’a jamais mentionné le handicap léger visible sur le visage de cet homme. “L’ironie est que je suis maintenant éducatrice avec des adultes en situation de handicap. Un hasard total ou un choix inconscient? Je ne sais pas. Toujours est-il que je croise encore cet homme, mais il ne me fait plus peur. Je ne sais pas s’il se souvient de moi mais il baisse les yeux plus vite que moi”. L’agression sexuelle dont a été victime Marie enfant l’a longtemps poursuivie. “J’ai longtemps eu peur des gens. Aujourd’hui encore, je n’aime pas que des personnes que je ne connais pas m’abordent de trop près. Mais mon métier m’a aidée à m’ouvrir et mon compagnon, très compréhensif, m’a aidée à prendre confiance en moi”.

Pour Marie, et pour toutes les autres, nous partagerons durant le mois de mars des témoignages de viol qui sont restés secrets jusqu’à présent. 

Parce que si ça vous arrive à vous, ça nous arrive à toutes.

Parce que chaque femme a le droit de disposer de son propre corps.


 

Ça ne sera jamais de votre faute. 


 

 

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