
INDE: la vidéo de deux femmes nues agressées en public choque le pays

Une vidéo montrant deux femmes nues forcées de défiler dans les rues au Manipur et violentées par la foule a fait le tour des réseaux sociaux. L’un d’elles aurait ensuite été violée hors caméra. Le Premier ministre indien Narendra Modi a finalement pris la parole pour qualifié cet acte de « honte ».
La vidéo daterait de mai dernier, mais n’a été diffusée qu’il y a quelques jours en raison d’une coupure d’internet dans la zone lors de ces dernières semaines, provoquée par le gouvernement. En effet, cet événement survient dans l’Etat de Manipur au nord-est de l’Inde où des conflits ethniques font rage et ont déjà fait plus d’une centaine de morts. En mai dernier, le peuple Meiteis à majorité hindouiste a obtenu un statut plus favorable par la justice locale leur garantissant des quotas d’emplois publics et d’admissions dans les universités. L’autre communauté vivant dans la zone les Kukis, à majorité chrétienne craint désormais que des terres qui leur sont réservées soient aussi données aux Meiteis. C’est dans ce cadre que des violences contre des femmes Kukis ont été commises. Ces dernières affirment que la police était présente, mais ne les auraient pas aidées selon leurs déclarations auprès de « The Wire ».
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L’incident de Manipur est une honte pour n’importe quelle société civilisée. Cela fait honte à toute la nation.
a déclaré Narendra Modi, le Premier ministre indien.
Sur la vidéo devenue virale, on voit deux femmes forcées de défiler dans la rue complètement nues, moquées et violentées par la foule. Entourées d’hommes armés, elles sont malmenées, avant que l’une d’entre elles soit violée hors caméra selon « RFI ». La BBC a également rapporté qu’une troisième femme non-filmée aurait aussi été agressée au même moment.
Depuis une enquête a été ouverte par le gouvernement de l’Etat de Manipur et un homme a été arrêté jeudi 20 juillet pour viol en réunion. Malgré les déclarations du Premier ministre, la Cour suprême indienne reproche au gouvernement son silence avant la mise en circulation de la vidéo et affirme que les violences faites à ces deux femmes sont « tout simplement inacceptables ». Le juge en chef de la Cour suprême d’Inde, D. Y. Chandrachud a déclaré selon des propos rapportés par le site d’informations juridiques Bar and Bench. « Si le gouvernement n’agit pas, nous le ferons. »
La spirale des violences faites aux femmes en Inde
Un événement qui fait écho à une tragédie similaire survenue en 2022, où une jeune femme avait été lynchée publiquement par la foule pour avoir refusé les avances d’un jeune homme qui s’était suicidé par la suite. Elle avait ensuite été victime d’un viol en réunion et avait succombé à ses blessures. Des événements symptomatiques de la culture du viol encore très ancrée en Inde. Le pays comptabilisait 24 923 viols enregistrés en 2012 selon les données gouvernementales. En 2021, le nombre de viols enregistrés, avait considérablement augmenté puisqu’il était à 31 677.
Une culture du viol qui s’explique par le système de castes encore existant dans le pays qui permet aux hommes de castes supérieures de ne pas être puni s’ils s’attaquent à des femmes de castes inférieures. Sans oublier, les lacunes du système judiciaire qui, malgré les lois mises en place sur les criminels récidivistes en matière de viol, comme celle qui exige 20 ans de prison minimum dans ce cas, continue d’appliquer des remises de peine ou de ne pas condamner les agresseurs. Le taux de condamnation pour viols était inférieur à 30 % en 2012 selon l’AFP. Aujourd’hui, la situation est toujours extrêmement critique, peu de femmes osent aller porter plainte lorsqu’elles sont violées, car elles seront ensuite stigmatisées et accusées d’apporter le déshonneur dans leurs familles. En 2020, une femme était violée toutes les 40 secondes en moyenne en Inde. L’ONU a classé le viol comme problème national dans le pays.
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