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PSYCHO: quel est l’impact de la perte d’un parent?

Justine Rossius

Comment vit-on la perte d’un parent ? Une question difficile, que l’on craint tous de se poser, espérant avoir à l’affronter le plus tard possible. Tine Depoorter, coordinatrice de l’association flamande Missing You, qui travaille sur la question du deuil, nous confie les conséquences de la perte d’un parent.

«Dans notre société, nous préférons rester aussi éloignés que possible de la mort», déclare Tine Depoorter, qui travaille pour une asbl dont la mission est d’accompagner les enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à l’âge de trente ans, face à la douleur du deuil. «Des recherches montrent que ceux qui ne reçoivent pas l’attention et le soutien appropriés sont plus susceptibles de souffrir plus tard de problèmes psychologiques, comme du stress post-traumatique, une dépression ou encore un burn out. L’impact de la perte d’un parent est énorme, aussi bien pour les enfants que pour les jeunes adultes.

Il est donc essentiel de prévoir suffisamment d’espace et de temps pour vivre des évènements comme ceux-ci, qui ne doivent pas être sous-estimés. Le deuil est un processus personnel. Il n’y a pas de solution unique, fonctionnant pour tous, même si cela dépend en partie du stade de développement de celui ou celle qui le vit. Un tout petit vit et voit le deuil et la perte de façon tout autre qu’un enfant de huit ans, qu’un adolescent ou un jeune adulte. Chaque groupe d’âge à des besoins différents et il est donc important d’adapter le soutien en fonction. Les bambins et enfants perdent non seulement un parent aimant, mais aussi quelqu’un qui prenait soin d’eux, qui préparait leurs sandwichs tous les matins, les conduisait à l’école et aux loisirs, les aidait à faire leurs devoirs. En bref, une personne qui occupait une place centrale dans leur vie.

La perte d’un parent à ce stade de l’existence a un impact sur chaque facette de celle-ci et rend généralement l’enfant instantanément moins insouciant et plus mature que ses pairs.

Et dans ces cas-là, on est qui plus est, souvent le seul de son coin à avoir vécu ce type de situation, ce qui peut conduire à l’isolement et à la solitude, car personne ne comprend véritablement ce que vous traversez et ressentez.

Quand on regarde les adolescents, on s’aperçoit qu’ils sont très en recherche d’eux-mêmes et se protègent davantage. Ils sont dans une phase de leur vie ou tant de changements ont déjà lieu et ceux-ci deviennent d’autant plus compliqués, s’il leur faut également faire face à une perte parentale. On constate aussi que cette question est encore taboue pour de nombreux adolescents. Surtout à un âge où l’on souhaite absolument se fondre dans la masse, ne pas être différent. Or c’est exactement ce qui se produit lorsqu’un de vos parents meurt.

Les ados sont dès lors plus susceptibles de repousser le deuil à plus tard, jusqu’à une période où ils auront suffisamment d’espace pour lui faire de la place.

La façon dont les jeunes adultes gèrent une telle situation est plus proche de celle dont les adultes le vivent, mais, le déroulement des évènements – s’il s’agit d’une mort soudaine ou d’un départ après une longue maladie – joue aussi un rôle. Lorsque le décès est inattendu, il n’y a alors pas de temps où créer des souvenirs ensemble, où exprimer tout ce qu’on souhaitait dire, ce qui peut entraîner un traumatisme supplémentaire.

L’importance de partager

Il adviendra un jour où nous mourrons tous. C’est une des rares certitudes que nous possédons et pourtant nous ne nous y préparons absolument pas. Nous repoussons la mort, au point de ne pas saisir les petits moments de l’existence. Chaque jour, nous voyons sur les réseaux sociaux, un appel lancé par un parent dont l’enfant a perdu son doudou et demandant si quelqu’un aurait par hasard le même. C’est pourtant un moment idéal pour apprendre aux enfants à doucement se familiariser et gérer ce sujet. Si l’un de ses grands-parents décèdent, vous ne pourrez pas le remplacer par un modèle similaire. Nous entendons encore aujourd’hui de nombreuses histoires de personnes qui – même si c’était fait avec les meilleurs intentions – ont été ‘protégées‘ de la mort d’un parent, en n’ayant par exemple pas été autorisé à lui dire au revoir où à jouer un rôle actif dans les hommages lui étant rendus. Les empêcher de le faire, les prive de la possibilité de faire leur deuil, les immobilise dans leur chagrin et rend d’autant plus dur de passer à autre chose. Même si j’ai remarqué ces dernières années, une ouverture de notre société au rapport au deuil et à la perte. Une tendance que nous ne pouvons qu’applaudir, tant le partage, dans de telles situations, est essentiel.»

Texte: Marijke Clabots et Barbara Wesoly

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