J’ai paniqué puis j’ai ouvert quelque chose dans mon lit... Haaarg, c’est vivant!
Un rai de lumière brûlant me barre le visage. J’ouvre un il et réalise que le soleil est en train de me taper en plein sur la tête. Je veux me lever pour aller tirer le rideau, mais au moindre mouvement, mon pauvre crâne menace d’exploser.
J’ai l’impression que ma tête est un uf à la coque dans lequel un bourreau invisible trempe des mouillettes. Et là, je constate que j’ai mal partout, en parti-culier dans la nuque, les jambes et – le summum – au ventre J’intègre le fait que, selon toute vraisemblance, je suis au lendemain d’une cuite carabinée. Mais qu’est-ce que j’ai fait hier? Ah oui, souper avec ma sur Et puis? Je me souviens d’un trajet titubant en chantant (“Il en faut peu pour être heureux shabada ”). J’ai le vague souvenir d’une entrée de boîte et de ma sur qui me pince l’avant-bras pour que j’aie l’air sobre en passant devant les sorteurs. Et puis? Ben Après Voyons, j’ai dû boire pas mal
Réveil difficile
Je porte la main à ma tête en espérant qu’un léger massage de tempes apaisera le maréchal-ferrant qui fait des heures sup’ dans ma tiesse. Et je sursaute: mon bras a touché quelque chose. Quelque chose de tiède, de mou et de poilu Haaaarg, c’est vivant! Un type dort à poil dans mon lit! Je me redresse d’un coup, ce que le maréchal-ferrant me fait payer dans la seconde à gros coups sur son enclume. Je constate avec effroi que, moi-même, je ne suis guère vêtue que de ma chemise ouverte sur un soutien-gorge dégrafé. Un rapide coup d’il alentour me tétanise: je vois un emballage de capote ouvert Bon, voyons le bon côté, au moins, on s’est protégés. Mais qui est ce type? Je le regarde plus attentivement: pas très grand, un peu de bide, avec un drôle de cercle de poils autour du nombril. Il n’a pas beaucoup de cheveux, mais il a un nez sympa (un bon point!) et ne ronfle pas (deuxième bon point).
Douche froide
Bon, ben, je vais prendre une douche, histoire de m’éclaircir l’esprit et puis j’aviserai. Cela me fait du bien, d’autant que je me sens un peu sale, après tout, je ne sais pas ce que j’ai fait avec ce type Ce n’est pas la plus agréable des sensations. Je sors la tête pour recon-naître le terrain. L’inconnu est en train d’enfiler un costume, avec une bonne mine de lendemain de veille Je l’observe de loin, j’attends qu’il s’en aille sans deman-der son reste. Je ne sais pas quoi lui dire. Si ça se trouve, lui, il se souvient très bien de la soirée et va me harceler jusqu’à l’âge de la retraite. Ou alors, c’est un habitué de la chose qui fait semblant de dormir pendant que sa conquête de la veille va prendre sa douche et s’en va discrètement. Si ça se trouve, il va prendre le double des clés sur la table basse à côté de la porte d’entrée et pénétrer la nuit dans mon appart’
Bien élevé
Les films tournent dans ma tête quand je le vois griffonner sur un bout de papier qu’il pose sur la table de la cuisine. Il sort sans faire de bruit. J’écoute ses pas dans l’escalier avant de me précipiter vers la feuille de papier.
“Bonjour, Je m’appelle Peter, je me suis permis de regarder les photos sur vos murs. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici, mais si je viens de passer la nuit avec la jeune femme au type espagnol, je regrette bien de ne pas m’en souvenir. Peut-être n’avez-vous pas envie de me rencontrer et je le comprendrais très bien. C’est pour-quoi je vous fais la proposition suivante: dans 20 minutes, je reviens avec des croissants. Vous déciderez alors si vous m’ouvrez ou pas pour un petit-déjeuner en tout bien tout honneur. Une sorte de premier rendez-vous, histoire de faire connaissance. Si nous ne nous revoyons pas tout à l’heure, je vous souhaite une excellente journée. Bien à vous, Peter.”
