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Lettre ouverte à mes parents, ceux à qui je dois tout

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

On ne compte plus le nombre de fois où l’on s’est plaint de nos parents, trop stricts, trop étouffants, pas assez présents... Et pourtant, c’est un fait, on ne serait pas là sans eux. Aujourd’hui c’est la Journée mondiale des parents, l’occasion d’adresser cette lettre à tous les parents du monde et en particulier aux miens.

” À tous ceux qui n’ont pas ou plus la chance d’avoir leurs deux parents à leurs côtés, à ceux qui comme moi oublient souvent la chance qu’ils ont de les avoir. À ces parents poules qui réclameront toujours leur bisou de bonne nuit, à ceux qui ont toujours peur qu’on n’ait pas assez mangé. À eux qui nous ont tout donné.

Chère Maman,

Contrairement à ce qu’on pourrait penser en nous regardant, la vie n’a pas toujours été facile…Fusionnelles, nous entretenons le genre de relation mère-fille que l’on peut voir dans L.OL. ou Mon bébé, les films de Lisa Azuelos. Mais derrière cette complicité si forte, se cachent de nombreux moments de doute, de peur, de colère même…Entre nous le problème n’a jamais été l’amour, car il est bel et bien présent, mais plutôt comment le montrer à l’autre au quotidien sans l’étouffer. Comment se soutenir même dans les moments les plus sombres, même en étant séparées et loin ? Comment apprendre à vivre chacune de notre côté ?

L’indépendance tant attendue, plus dure que prévue

Parce qu’on a tous voulu quitter le nid, faire notre vie, avoir notre espace à nous, notre petite vie loin des règles de la maison. Mais finalement une fois seul, loin de papa et maman, on se sent tout d’un coup un peu perdu. C’est ce que j’ai ressenti les premiers mois loin de toi Maman. Un vide constant autour de moi. Tu me manquais et tu me manques encore souvent. Ce que l’on dit moins c’est que pour les parents aussi c’est dur de voir leur enfant partir, s’en aller et vivre par lui-même. Ils ont l’impression de ne plus servir à rien et se sentent impuissants. J’étais étonnée au début de voir que mon absence était pour toi, un si grand poids.

Les reines de l’émotion

Toi et moi, on ne fait pas dans les petites marques de tendresse mais plutôt dans les grandes effusions. Nos appels journaliers sont souvent remplis d’éclats de rire, de cris, de « je t’aime » ou de « tu me saoules », un mélange qui trouve finalement son équilibre et qu’il ne serait pas envisageable de louper. Je me souviens encore de ce matin de septembre 2017, où il a fallu se dire au revoir pour de bon car je partais pour mes études à l’autre bout du pays, loin de notre petit bout de campagne et de notre famille. Tu étais dévastée. J’ai bien cru ne jamais pouvoir te lâcher, au point de ne plus savoir qu’elles étaient mes larmes et les tiennes. Pourtant aujourd’hui c’est devenu une habitude de ne se voir que tous les deux mois et notre relation n’en est que plus forte.

Un soutien incommensurable

Alors Maman merci. Merci pour tous ces encouragements, pour toutes ces engueulades qui m’ont mise hors de moi mais qui m’ont permis d’apprendre à reconnaître mes torts et à demander pardon. Merci pour ce soutien sans failles que tu me portes depuis si longtemps et qui me pousse à croire en mes rêves. Merci de m’avoir montré comment être forte, parce que oui, même si tu ne le réalises toujours pas aujourd’hui, tu es la personne la plus forte que je connaisse. Et surtout merci de m’aimer autant car grâce à toi je sais ce que c’est d’aimer les autres pour ce qu’ils sont et il n’y a rien de plus beau.”

Cher Papa,

Pour nous deux au contraire, se prendre dans les bras est quelque chose d’exceptionnel, qui n’arrive que lors des grandes occasions. Oui, on a du mal avec l’affection. Peut-être parce que nous sommes bien trop semblables avec nos deux caractères forts. Qu’est-ce qu’on peut être têtus! Je crois que les papas sont tous un peu comme toi : protecteurs. Alors même si c’est parfois dur de te voir si distant ou autoritaire, je me rappelle que tu agis de la sorte parce que tu veux me protéger, me préparer aux épreuves de la vie. Le silence s’est bien souvent installé entre nous, témoignage de tous ces mots qu’on n’arrive pas à se dire, de toutes ces fois où on ne se comprend pas. Parfois le silence est préférable à la dispute, parfois il remplace les grandes déclarations. Pourtant j’aimerais pouvoir te le dire, te dire que je t’admire, que tu es toujours mon super-héros. Parce que c’est le cas, Papa.

Les failles derrière l’armure

Tu t’es toujours efforcé d’être celui sur qui on peut compter. Jusqu’à t’en oublier parfois, au milieu du travail, des enfants, de ta femme, de tes amis. Toutes ces responsabilités t’ont souvent submergé, je le sais. Mais tu ne l’as jamais montré. C’est quelque chose que font les pères, ne jamais montrer qu’ils sont humains eux aussi. On a tous cette phrase « je n’avais jamais vu mon père pleurer avant… ». Et je crois que c’est le jour où tu as arrêté de prétendre que tu étais un dur à cuire qui n’avait jamais mal, le jour où je t’ai vu t’effondrer que je me suis dit que tu étais le père le plus courageux du monde.

Une fierté dissimulée

Alors Papa, même si tu ne me le diras peut-être jamais de vive voix, je sais maintenant que tu me soutiens, que tu es fier de moi. J’en ai douté si souvent tu sais…Mais désormais je le sais, parce que j’ai pris conscience que je suis comme toi. Que je ne te le dis pas mais que je suis si fière de toi. Que je parle de mon père à chaque personne que je rencontre sans jamais te dire une seule fois à quel point je suis heureuse que tu sois qui tu es. Je suis comme toi, à ne rien dire mais à t’aimer. Alors aujourd’hui je te le dis Papa, je t’aime.”

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