Quand on laisse notre corps s’exprimer sans retenue
Puisque après tout, c’est mon rôle dans ce magazine, parlons sexe. Sans détour. Et comme le sexe sans orgasme, c’est un peu comme des frites sans ketchup (bien, mais pas top), parlons de l’orgasme. Et de ses détours
Par où commencer? Pourquoi pas par ce site formidable (www.beautifulagony.com) où l’on peut voir le visage de milliers de gens pendant qu’ils sont là-bas, très loin, à Orgasm-land? Le pays où les oreilles bourdonnent, on l’on doit fermer les yeux pour mieux goûter les choses. La destination qui nous fait chanter avec des voix nouvelles (c’est moi qui viens de faire ce son bizarre?) et qui fait s’agiter le corps sur un rythme inconnu. Un pays pour lequel certains attendent le visa bien trop longtemps
Si vous avez l’occasion de faire un petit tour sur ce site qui peut sembler un peu glauque au premier abord, je trouve que finalement, ça en vaut la peine. D’abord parce que c’est assez amusant, à défaut d’être toujours très fin. Ensuite parce que, je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas vu tant de gens que ça avoir un orgasme sous (ou au-dessus de) mon nez. Le visage d’un amant au nirvana, on a beau essayer de se l’imaginer à l’avance, c’est toujours différent. Au mieux, nous sommes excités, souvent attendris, parfois émus Mais toujours surpris! Du moins la première fois que l’autre nous fait la grimace du “J’ai l’air d’aller très mal et de souffrir beaucoup, mais surtout n’arrête pas ce que tu fais!”
Tout nu
L’extase, le pied, l’orgasme, la jouissance ultime Peu importe comment on nomme ces quelques secondes où plus rien ne compte, ce sont les instants de notre plus grande vulnérabilité. Tout nus, vraiment. Sans aucune des armes que nous avons patiemment fourbies toute notre vie durant: notre grande gueule, notre look, notre humour, nos beaux yeux (ils sont fermés), notre douceur, notre talent Rien d’autre que notre corps qui nous échappe. Qu’on laisse s’échapper. Et il faut quand même une sacré confiance pour se permettre une absence comme celle-là devant quelqu’un.
En plus, c’est souvent (et c’est bien plus sympa) devant quelqu’un qu’on aime. La dernière personne au monde devant qui l’on a envie d’être ridicule. La personne avec qui l’on ne veut pas en rajouter, ni réfréner son plaisir Et pourtant, on y pense, à notre bête tête extatique. On pense à ce qui pourrait se passer de terriblement humiliant (pour nous) et de décevant (pour lui) pendant notre trip à Orgasm-land. On a là un spectateur privilégié qui se régale se notre visage crispé et suant.
Surtout que les “voyages” simultanés, c’est quand même un mythe inventé pour économiser de la pellicule au cinéma, non? Si ça arrive, c’est plus par “accident” que par fusion et communion totale A moins que l’un des deux (l’une?) y mette un peu plus d’emphase que ce qu’elle est réellement en train de vivre. Mais ça, vous serez d’accord avec moi, ça ne remplace pas. Simuler pour “être synchro”, c’est comme une soirée dias de vacances où on se dit, “Ça avait l’air très sympa. Mais si j’avais pu y aller moi-même, j’aurais préféré.”
Jouisseurs anonymes
Pas de simulation, donc, de la confiance et de l’humilité. Regarder les hommes et les femmes de www.beautifulagony.com, c’est de l’auto-coaching pour jouir sans fard. Si on se sent ridicule, on se dit qu’on n’est pas la seule. Et, à bien y regarder, il y a toujours bien un moment où ces jouisseurs anonymes sont juste magni-fiques, émouvants. Resplendissants. Pourtant, on ne les connaît pas . Alors, le Monsieur qui s’est donné du mal pour vous faire grimacer, il y a fort à parier qu’il sera particulièrement bienveillant pour votre de tête de Garfield en pleine indigestion. Pourquoi se priver d’une petite cure de jouissance?
